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Des étudiants témoignent sur l’incidence de la crise sécuritaire sur le fonctionnement des universités à Port-au-Prince

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À côté de la restriction des déplacements en raison de la détérioration du climat sécuritaire, plusieurs universités de la capitale sont obligées de faire des ajustements  comme la mise en place des cours en ligne dans un contexte où le pays fait face à une grave crise de courant électrique.  Des étudiants de certaines universités témoignent des péripéties rencontrées dans leur apprentissage.    

Haïti traverse depuis plus deux ans l’une des pires crises de son histoire. L’insécurité grandissante affecte grandement le fonctionnement du pays, particulièrement les universités qui font souvent face, entre autres,  à un problème de professeurs qualifiés pour dispenser certains cours. La question sécuritaire touche également les apprenants.

Marie France Lazare, étudiante finissante en Lettres Modernes à l’École Normale Supérieure (ENS) affirme qu’elle se retrouve souvent dans l’impossibilité de se rendre à l’ENS en raison du climat d’insécurité qui règne à Port-au-Prince. « On est souvent obligé de passer les examens dans d’autres circonstances à cause de ces inconvénients », dit-elle.

À en croire Debora Torchon, le système universitaire et éducatif a toujours été l’une des plus grandes victimes de l’insécurité. Au moindre problème, souligne-t-elle, on ressent presqu’instantanément les incidences sur le fonctionnement des universités. « À l’Université Notre-Dame d’Haïti (UNDH), nous sommes contraints de suivre nos cours à distance. Il arrive également que nous perdions une semaine de cours et, quand bien même les cours sont programmés en présentiel, nombreux sont les professeurs qui décident de rester chez eux »,  explique celle qui est en 1ère année de licence.

Les sessions se voient raccourcies, explique l’étudiante en communication sociale. « Nous sommes obligés d’assimiler beaucoup plus de connaissances avec, à notre disposition, moins d’heures de cours », explique cette étudiante de 23 ans. « La conséquence est que nous sommes assez en retard sur  le programme et donc plus susceptibles d’accumuler des lacunes ».

Selon Marie France Lazare, la crise de l’insécurité affecte également les sessions à l’ENS. « […] Les professeurs sont souvent obligés de ne pas voir tout leur programme en raison de l’insécurité et les examens sont parfois reculés la plupart du temps »,  indique-t-elle.

Étudier en ayant la tête ailleurs : la réalité de nombreux étudiants du pays

Le pays se trouve dans une impasse. L’espoir d’un lendemain meilleur est toujours incertain. Ce qui donne du sens à la vie de plus d’un, dorénavant, c’est de savoir qu’ils finiront par laisser le pays un jour. Nombreux sont les jeunes étudiants qui manifestent la volonté de laisser ce pays où personne n’est épargné par les balles perdues. «[…] J’encourage les étudiants qui peuvent quitter le pays à le faire parce que cette situation a déjà frappé plusieurs de mes camarades proches. Je ne vois aucune raison possible de risquer sa vie si l’on a une possibilité d’aller ailleurs», souligne l’étudiante en 4ème année à l’ENS.

« Cette session, j’ai pu remarquer l’absence d’approximativement un tiers des étudiants. La majorité des deux tiers restants, elle, attend son tour pour partir », a fait remarquer Debora Torchon en soulignant qu’il y a quelques absences dans le corps professoral.

D’après la jeune étudiante, la quantité d’heures de cours au sein de son université est limitée. « La quantité d’heures de cours disponibles est insuffisante par rapport au volume d’informations à partager et, surtout, par rapport au temps qu’il faut pour en débattre et les assimiler », explique-t-elle.

L’université, lieu où nous sommes supposés développer notre pensée critique, notre capacité à questionner et poser des problèmes devient juste un lieu de partage d’informations sans aucune réflexion, tout cela faute de temps, a constaté l’étudiante.

L’envie de vouloir se battre

À l’UNDH il y a une grande volonté de continuer, de persévérer en dépit de la situation critique dans laquelle se trouve le pays, selon l’étudiante en communication sociale, Debora Torchon. « Sans cette volonté, les portes de l’Université seraient déjà fermées […]. Même dans les pires moments, les cours sont rarement annulés », précise-t-elle, «  Comme alternative, nous avons la plate-forme en ligne de l’Université. En ces temps difficiles, elle est d’une grande aide », a-t-elle poursuivi dans un contexte où le pays fait face à un rationnement drastique de courant électrique fourni par l’électricité d’Haïti (ED’H).

Jackson Junior RINVIL

rjacksonjunior@yahoo.fr

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