mar. Avr 23rd, 2024

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Au-delà de la violence armée !

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Depuis maintenant deux ans, on ne parle que de la détérioration des conditions sécuritaires d’Haïti. La montée en puissance des gangs n’a jamais quitté l’actualité. Des nouvelles concernant des meurtres, des incendies, des kidnappings, des massacres, des viols, font systématiquement la une des médias haïtiens. Les bandits écœurent tout le monde, tous les secteurs et, commettent des crimes les uns plus horribles que les autres.

Le cas d’Haïti est préoccupant. Au niveau national c’est le désarroi. Même le Gouvernement se dit dépassé et appelle à l’aide. Il a fait la demande formellement à l’ONU en octobre 2022. Si à l’ONU, les membres tergiversent sur la nécessité d’envoyer une assistance militaire en Haïti pour appuyer la Police Nationale, le Secrétaire Général de cet organisme international, António Guterres, n’arrête pas de faire le plaidoyer en ce sens.  Le 17 janvier 2023, il a appelé au déploiement d’une force spécialisée internationale en Haïti. Le 15 mai dernier, il a réitéré la même demande, précisant qu’il y a urgence en la demeure et qu’une solidarité effective avec Haïti n’est pas seulement une question de générosité mais aussi une affaire d’intérêt personnel éclairé en considérant que la situation délétère qui sévit dans le pays constitue une menace pour la sécurité de toute la région.

Néanmoins, beaucoup d’acteurs dont les Haïtiens regardent la crise, en particulier, cette ère de violence généralisée, comme une simple affaire de criminalité. Ils ne voient que les gangs, le système de justice haïtien, les crimes orchestrés, la Police, les bras financiers de ces groupes armés et le Gouvernement. Cependant, l’insécurité vue sous l’angle de la brutalité n’est que la face visible de l’iceberg. Les conséquences qui en découlent sont aussi mortelles que le phénomène lui-même.

Soulignons à titre d’exemple l’insécurité alimentaire qui est, en quelque sorte, un tueur lent et qui continue de prendre le large sans que personne ne s’en aperçoive ou ne s’en préoccupe. Ceux qui ont fait le constat minimisent son impact. Depuis le début de la crise, le nombre de personnes se trouvant en situation d’insécurité alimentaire en Haïti ne cesse de s’accroître. Les alertes à cet effet se multiplient  et les chiffres sont très inquiétants. En mars dernier, la Coordination Nationale de la Sécurité Alimentaire a fait état de 4 900 000  personnes qui nécessitent une assistance alimentaire d’urgence.

D’autres données, dont celles de l’UNICEF, prévoient que 115 600 enfants courent le risque de souffrir de malnutrition aiguë sévère. 7.5% des enfants du département de l’Ouest souffrent de malnutrition aiguë. L’UNICEF mentionne également que près d’un enfant sur quatre souffre de malnutrition chronique et prévoit une détérioration de la situation d’ici octobre 2023 si rien n’est fait.

Derrière cette situation de terreur se dissimule aussi la disparition du pouvoir d’achat de la population et la décapitalisation d’une bonne partie de cette dernière, en particulier, de la classe moyenne. Beaucoup de familles sont devenues indigentes. Des enfants autrefois à l’école et sous le contrôle de leurs parents sont obligés de faire la rue pour subvenir à leurs besoins. La société, à cause de ce phénomène, part en éclats. Au-delà de l’insécurité, il y a beaucoup d’autres violences aussi meurtrières mais dont on  parle peu. L’addition est salée. Le combat contre le gangstérisme doit être une réalité. Arrêtons de porter un regard simpliste sur ce phénomène.

Daniel SÉVÈRE

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