Deux ans après, les gangs armés continuent d’être les seuls maîtres à Martissant, la commune de Carrefour menacée !
4 min readCe 1er juin 2023, cela fait exactement deux ans qu’un affrontement sanglant entre gangs rivaux à l’entrée Sud de Port-au-Prince a été déclenché. Aujourd’hui, ils continuent d’être les seuls maîtres à bord au niveau de Martissant et de Fontamara. Et à présent, des individus armés ont semé la terreur à Carrefour en début de semaine (30 mai 2023) et s’en sont pris à des policiers.
Le 1er juin 2021 est la date du début de l’affrontement sanglant qui s’est déroulé à Martissant entre les gangs rivaux de cette zone. Ces affrontements ont complètement paralysé Martissant. Des gens sont obligés d’abandonner leurs maisons. Certains s’étaient rendus sur la place de Fontamara. D’autres au Centre Sportif de Carrefour ou dans certaines villes de province. Les portes des écoles sont restées fermées.
Le Centre d’Analyse et de Recherches en Droits de l’Homme (CARDH), dans un rapport publié ce 1er juin, est revenu sur ces affrontements et estime que la situation est toujours la même : les individus armés ont le contrôle exclusif de la route nationale numéro 2 au niveau de Martissant et de Fontamara.
« Deux ans après, Martissant reste une zone contrôlée exclusivement par des gangs. Des hôpitaux desservaient la 3ème circonscription, mais Médecins Sans Frontières et Saint-Germain ont fermé leurs portes. Beaucoup d’écoles publiques et privées sont fermées, certaines servent de bases au bandit», indiquece rapport en soulignant que les départements des Nippes, du Sud, du Sud-Est, de la Grande-Anse et une partie de l’Ouest comme par exemple : Carrefour, Leôgane, Petit- Gôave, Grand- Gôave sont presque coupés du reste du pays.
Deux ans après : L’État brille par son absence à Martissant
Le sous-commissariat de Martissant est abandonné par la Police Nationale d’Haïti. Les bandes criminelles règnent en maîtres des lieux. Ces dernières installent des postes de péage. Elles exigent un frais de passage aux chauffeurs qui empruntent ce tronçon de route. À en croire le rapport du CARDH, les récentes opérations policières débutées durant la période « Bwa Kale » au Bicentenaire n’ont pas donné de résultats satisfaisants, à preuve, une excavatrice de la PNH a été incendiée par le gang 5 second.
« Deux ans après ces tueries, l’État est absent et les bandits règnent en maîtres et seigneurs », précise le rapport tout en soulignant par ailleurs qu’entre 1er et le 3 juin 2021, les affrontements entre les gangs rivaux à Martissant ont causé la mort de plus de 30 personnes et d’une vingtaine dans la soirée du 17 juin. « Des hommes ouvrent le feu sur des véhicules, des motards […]. D’autres personnes ont, par la suite, été exécutées », précise le CARDH dans ce rapport.
Carrefour : une commune hospitalière qui fait face déjà à la violence
Située au Sud de Port-au-Prince, la commune de Carrefour fait face à une escalade de violence et ce, depuis le mardi 30 mai 2023 à la mi-journée. Les affrontements entre des civils armés et la PNH ont fait plusieurs victimes, dont un agent de la Brigade d’Intervention Motorisée (BIM). Le porte-parole de la Police Nationale d’Haïti, Gary Desrosier, a confirmé la disparition de l’agent Frantz Occil dont le cadavre aurait été emporté par les bandits.
« Des tirs nourris font désormais le quotidien de la population, provoquant la fermeture de toutes les institutions de services, des transports en commun et créant une grande panique », explique Nadine Tina Anilus, la Coordinatrice Générale de l’organisation Rezo Fanm Kapab DAyiti (REFKAD) dans un entretien accordé au journal. « Certains quartiers comme : Diquini, Bizoton, Thor, Rivière-Froide, Mon Repos, la route des rails et ses environs se sont vidés de certains de leurs occupants qui ont peur d’être attaqués par ces hommes armés », a-t-elle ajouté.
L’inquiétude !
À en croire Mme Anilus, les mères de famille accompagnées de leurs nourrissons cherchent refuge dans d’autres régions et quartiers. Elle précise que la majorité des zones de l’aire urbaineappliquent leur propre protocole de sécurité, des vigiles et barricades sont observées un peu partout à l’entrée de plusieurs rues, notamment autour du commissariat ‘’Oméga’’.
Les usagers de l’entrée Sud de la capitale sont bloqués sur leurs routes et sont dans le désarroi. Ces jours de terreur ont plongé la population dans une grande inquiétude. La peur du lendemain, la rareté des produits de première nécessité et l’augmentation des prix créent la panique, constate Mme Anilus, coordinatrice de REFKAD. « Les familles les plus vulnérables ne savent plus quoi faire pour nourrir leur progéniture», poursuit-elle.
Le REFKAD dit déplorer cette remontée de la violence à Carrefour en appelant les autorités de l’État à trouver des solutions pérennes pour contribuer au rétablissement de la paix durable et du bien-être des milliers de carrefourois ainsi que des usagers de l’entrée Sud de la capitale haïtienne et du pays.
Si la situation était moins tendue dans la journée du 2 juin, pour celle du 3 juin, les pluies diluviennes qui s’abattent un peu partout dans le pays font déjà craindre des inondations dans un contexte où la commune de Carrefour et le pays en général sont en manque de tout.
La Rédaction