Disparition du dossier de Toto Constant: Pierre Espérance parle d’un complot
3 min readAlors que le Chef du parquet des Gonaïves souligne l’impossibilité d’envoyer Emmanuel Constant en détention en raison du fait que son dossier est introuvable au niveau de la greffe du tribunal de première instance des Gonaïves . Pour le militant des droits humains, Pierre Espérance , plusieurs institutions de l’appareil judiciaire sont en possession dudit dossier. « il peut s’agir d’un complot visant à libérer M.Constant », avance t-il .
Face aux informations faisant état d’une éventuelle disparition du dossier d’Emmanuel Constant dit « Toto Constant », le directeur exécutif du Réseau national de défense des droits humains (RNDDH), Pierre Espérance évoque la possibilité d’un complot visant à libérer l’ancien chef du Front Révolution Armé pour le Progrès d’Haïti (FRAPH) . « Si le commissaire dit ne pas avoir le dossier, c’est qu’on est en face d’un vaste complot pour libérer Emmanuel Constant au détriment des victimes afin de perpétuer l’impunité dans le pays », estime le défenseur des droits humains. « Certains cherchent des alibis pour préparer l’opinion à un coup machiavélique, la libération de Toto Constant», ajoute-t-il.
D’après le directeur exécutif du RNDDH, le dossier de Toto Constant est disponible au niveau de plusieurs institutions du pays. « Nous l’avons, la Cour de cassation l’a. C’est la Cour de Cassation qui a acheminé les documents y relatifs aux autorités du pouvoir afin de garder M. Constant suite au retour de celui-ci en Haïti », a confié Pierre Espérance. Une partie du dossier a été transmise au chef du parquet des Gonaïves, a aussi fait savoir le militant ,soutenant que l’appareil judiciaire est un tout.
De son côté, Me Serrard Gasius, le commissaire du gouvernement près le tribunal de première instance des Gonaïves, qui avait déclaré ne pas être en possession d’Emmanuel Mario Constant nie toute volonté de mettre en liberté l’ex-membre influent du (FRAPH). » Si j’avais une velleite de libérer Emmanuel, je l’aurais déjà fait. Il est déjà depuis presque un mois à ma disposition », a déclaré le magistrat. Il insiste sur la nécessité d’en disposer pour détenir Toto Constant. Mais, regrette Me Serrad Gasius, les recherches commandées par le parquet des Gonaïves auprès de la Cour de Cassation et du Ministère de la Justice et de la Sécurité Publique (MJSP) sous l’administration de Me Lucmane Delille n’ont, jusqu’à date, abouti à rien de concret.
Rappelons que selon Amnesty International, du 18 au 22 avril 1994, une vingtaine de personnes avaient été tuées à Raboteau par des membres des Forces Armées d’Haïti (FADH) et des paramilitaires qui avaient encerclé ce quartier. Des maisons avaient été pillées et incendiées, des hommes, des femmes et des enfants frappés lors de cette attaque.
Emmanuel Mario Constant dit « Toto Constant » a été condamné par contumace en 2000 à cause de sa participation présumée au massacre de Raboteau aux Gonaïves. On l’associe aussi aux différents actes d’assassinat, de torture, de viol perpétrés contre les habitants des milieux populaires qui soutenaient l’ex-président Aristide contraint à l’exil après le coup d’Etat 1991.
Si au lendemain de sa déportation en Haïti, le débat tournait davantage autour de l’imprescriptibilité ou non des actes reprochés à Emmanuel Mario Constant, aujourd’hui c’est la disparition de manière mystérieuse de ce dossier qui compromet la tenue d’un procès tant attendu par les victimes du massacre de Raboteau.
Marc Andris Saint-Louis