Dominique Dupuy tire la sonnette d’alarme pour Haïti, à l’UNESCO
3 min readÀ l’occasion de la 219e session du conseil exécutif de l’UNESCO, Dominique Dupuy, Représentante d’Haïti, a peint un tableau sombre de la situation actuelle du peuple haïtien. Dans son discours déchirant, elle a évoqué « une capitale qui se transforme en un tombeau béant » et elle a souligné l’extrême urgence de venir en aide à Haïti qui plonge davantage dans le gouffre infernal.
L’Ambassadrice a exprimé sa profonde douleur, son angoisse et son incapacité à fournir une vie décente à son peuple, alors que la terreur règne en maître. Elle a refusé de participer à une compétition morbide pour attirer l’aide internationale, soulignant que derrière chaque statistique se cachent des vies détruites, des rêves brisés, des espoirs éteints.
« Haïti, pays confronté à une crise sans précédent, voit ses piliers fondamentaux – éducation, science, culture – être démantelés sous les assauts répétés de la violence. Tous les remparts sautent sous les tensions de la prise en otage d’un pays entier, où 12 millions de personnes espèrent encore se réveiller d’un cauchemar ensanglanté », a souligné Mme Dupuy, rappelant que cette crise haïtienne n’est pas seulement une affaire locale, mais un enjeu mondial aux implications humanitaires, climatiques et sociopolitiques majeures.
« Nous perdons tous, minute après minute, dans cette descente vertigineuse vers un inconnu effrayant. Nous perdons tous, mais certains perdent davantage, certains perdent tout : leurs maisons, leurs repères, leurs vies. Certains n’avaient déjà rien et se retrouvent anéantis, morts-vivants, face à cette nouvelle secousse psychique, face à la réplique de trop. Depuis le temps que la terre tremble chez moi », a-t-elle déploré.
Face à cette situation alarmante, l’Ambassadrice refuse de rester silencieuse et fait appel à l’action en rappelant l’engagement de l’UNESCO envers la paix et la dignité humaine. « Se taire aujourd’hui serait capituler. Se faire complice du sort abject des enfants de mon pays, privés de leur droit à l’éducation, privés de leur seul repas par jour, privés de leur droit à la dignité, interdits de jouer, interdits de rêver, interdits de vivre ». Profitant de l’occasion pour remercier les États membres, notamment le Chili, pour leur soutien continu envers son pays, et pour appeler à ne pas abandonner l’espoir.
En dépit de l’obscurité actuelle, elle croit en une Haïti qui renaîtra de ses cendres, une terre de lumière et de résilience. « Je fais donc le pari de ne pas me taire, ni aujourd’hui, ni demain. Parce qu’il faut, quelque part, que l’on prenne acte, et que l’on se souvienne qu’il existe encore un pays, habité d’êtres humains assoiffés de paix et d’avenir […]. Dans cette longue nuit, je vous raconterai une Haïti pleine de lumière. Car, dans le clair-obscur de notre parcours de peuple, nous avons su transformer les spectres de l’oppression en oiseaux de la liberté », a-t-elle conclu.
Marie-Alla Clerville