Élections : Ariel Henry veut-il mettre la charrue avant les bœufs ?
4 min readAlors que les conditions de vie de la population ne cessent de se détériorer sans oublier l’insécurité qui bat son plein, le Premier Ministre Ariel Henry, lui, réitère une fois de plus sa volonté de tout mettre en œuvre pour la réalisation des prochaines joutes électorales en Haïti.
« […] Nous faisons ce qu’il faut en concertation avec le Haut Conseil de Transition, pour parvenir dans les meilleurs délais à un retour au fonctionnement normal de nos institutions démocratiques et à la passation du pouvoir à des élus librement choisis par le peuple haïtien », a fait savoir le locataire de la Primature lors de son allocution au 13ème Sommet International de la Finance le 19 avril 2023.
Si la réalisation des élections demeure l’une des priorités de M. Henry, cependant, selon l’Organisation des Nations Unies, 80% de la zone urbaine de la région métropolitaine de Port-au-Prince serait sous l’influence des groupes armés. Les individus armés ne cessent d’enlever des vies. Les cas de kidnappings se font à répétition à Port-au-Prince. Les bandes armées contrôlent la circulation des biens et des personnes dans certains quartiers. Face à cet état de fait, comment prétendre mettre sur pied un processus électoral?
Joint au téléphone à ce sujet, le Directeur Exécutif de la Vision Haïtienne des Droits de l’Homme (VHDH), Romulus Jules, croit que les conditions ne sont pas réunies pour l’organisation d’élections libres, honnêtes et démocratiques présentement en Haïti. Selon le défenseur des droits humains, les autorités ne font rien concrètement pour pacifier le pays. « Les candidats et les électeurs ne pourront pas participer à ces élections en toute quiétude », affirme-t-il.
À en croire M. Jules, le neurochirurgien profite de la situation chaotique du pays pour passer plus de temps au pouvoir. « Il trouve explicitement le soutien de certains étrangers mais la situation d’Haïti va de mal en pire », souligne-t-il. Toutefois, le Directeur Exécutif précise : « la VHDH croit que, malgré tant de douleurs, l’organisation des élections reste la seule alternative pour débarrasser le pays du Gouvernement d’Ariel Henry ».
Les sanctions de la communauté internationale se poursuivent
Les élites politiques et économiques d’Haïti sont dans le collimateur de la République Dominicaine. Suite à un décret présidentiel promulgué le 14 avril 2023, le Chef de l’État dominicain Luis Abinader a passé des instructions au directeur de la migration Venancio Alçantara Valdez pour interdire l’entrée en République Dominicaine de 39 Haïtiens. Selon le décret présidentiel, cette mesure vise « des étrangers qui ont un casier judiciaire ou qui, de l’avis des autorités compétentes, constituent une menace pour la sécurité nationale et les intérêts de la République Dominicaine ».
Parmi les personnalités qui sont interdites de séjour en République Dominicaine, figurent entre autres les noms du Ministre de l’Agriculture Bredy Charlot, de l’ancien Président de la chambre des Députés Gary Bodeau, et des présumés chefs de gang comme Johnson André dit Izo, Albert Stevenson allias Djouma. Il faut souligner que certaines personnes mentionnées sur la liste ont été sanctionnées par les États-Unis et le Canada. Dans cette catégorie, on retrouve entre autres les anciens Sénateurs Youri Latortue et Richard Lenine Hervé Fourcand.
« Vous êtes informés que, en application de l’article 15 de la Loi générale sur les migrations, no 285-04, et son Règlement d’application no 631-11, l’interdiction d’entrée sur le territoire vise les personnes suivantes: Youri Latortue; Gracia Delva; Liszt Quitel; Rodolphe Jaar; Bredy Charlot; Kesner Normil; Evans Paul; Assad Volcy; Jean Tholbert Alexis; Victor Prophane; Laurent Salvador Lamothe; Richard Lenine Hervé Fourcand; Rony Célestin; Gary Bodeau; Espérance Pierre; Charles Kiko Saint-Rémy; Sherif Abdallah; Arnel Bélizaire; Salim Succar; Reynold Deeb; Nénel Cassy; Berto Dorcé; Antonio Cheramy, dit Don Kato; Steve Khawly; Frantz Cole; Jean Mardoché Vil; Fritz Désiré; Dieuné Day; Romel Bell; Wakin Pierre; Jhonson André dit Izo; Manuel Saloman, dit Manno; Joselito Petit-Homme; Carlo Petit-Homme, dit Ti Makak; Elan Luckson; Jermaine Stephenson, dit Gaspiyay; Albert Stevenson, dit Djouma; Julmé Ernst, dit Ti Greg; Woodley Ethéart, dit Sonson La Familia », peut-on lire dans le document.
Pour rappel, en septembre 2022, le Chef de l’État dominicain avait interdit d’entrer en République Dominicaine l’ancien Premier Ministre Claude Joseph, les présumés chefs de gang, entre autres, Jimmy Chérizier, alias « Barbecue » ; Innocent Vitel’Homme, alias « Vitelom» ; Destina Renel, alias « Ti Lapli »; Wilson Joseph alias « Lanmo San Jou » ; Claudy Célestin alias « Chen Mechan »; Alexandre Ezechiel, alias « Ze » ; Kempes Sanon; Chéry Christ-Roi, alias « Chris-La » ; Félix Monel, alias « Mikano » .
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