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En Haïti, des médecins sont kidnappés ou tués alors que le choléra continue de faire des ravages 

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L’insécurité qui bat son plein en Haïti a des répercussions sur presque tous les secteurs de la vie nationale. Après la pandémie du coronavirus, le pays est de nouveau plongé dans une autre crise sanitaire, la résurgence du choléra qui a déjà causé des centaines de morts, tandis que l’insécurité contribue à accentuer le phénomène.

Avec seulement 5,9 médecins ou infirmières et 6.5 professionnels de la santé pour 10 000 habitants, le pays est largement en dessous du seuil recommandé par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Parmi les différentes crises auxquelles fait face le pays, celle de la santé publique s’aggrave de jour en jour. Travaillant  dans les pires conditions matérielles, les rares hôpitaux universitaires que compte le pays essayent de desservir la population, à côté des hôpitaux privés ou de ceux des organisations non-gouvernementales, des centres de santé et dispensaires en nombre, hélas,  insuffisant.

Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, en 2017, le système sanitaire en Haïti offrait des soins formels à 47% de la population, au moyen de ses 908 institutions de santé, parmi lesquelles 31% sont publiques, 46% sont privées et 23% sont mixtes.

Les médecins à l’épreuve de la menace armée

L’insécurité n’épargne aucunement les professionnels de la santé déjà en nombre insuffisant. Entre février 2021 et juillet 2022, l’Association Médicale Haïtienne (AMH) avait compté 14 cas d’enlèvement ou d’assassinat de médecins à Port-au-Prince.  En ce début 2023, les victimes sont déjà très nombreuses parmi les professionnels de la santé. Depuis le 2 février dernier, la Docteure Geneviève Arty, membre fondateur de la Fondation Saint-Luc et qui y œuvre depuis plus de 30 ans, a été enlevée et elle est toujours séquestrée, jusqu’à la rédaction de cet article.

Le lundi 6 février, un médecin a lui aussi été enlevé à Fertmathe. Le 14 février, ce fut au tour du Dr Carl Frederick Duchatelier et de l’agente de santé communautaire Kettia Juste, libérés ce jeudi 23 février 2023. Le Dr Claude Sam, enlevé quelques jours plus tôt, a lui aussi été libéré le vendredi 17 février. L’ex-Sénateur Louis Gérald Gilles, médecin, a été enlevé le 16 février dernier à Delmas, puis libéré contre rançon ce 22 février. Ce même 22 février, le Dr Jeanty Fils Exalus, directeur de l’Unité de coordination et des relations publiques (UCRP) du Ministère de la Santé Publique et de la Population (MSPP), a été enlevé.

Les personnels de la santé ne sont pas les seules victimes de la violence des gangs armés. La population, déjà faiblement desservie, voit ses accès aux soins diminuer alors que le moment est des plus difficiles. En juin 2021, Médecins Sans Frontière (MSF) avait fermé son centre d’urgence à Martissant, avant de fermer provisoirement son hôpital à Drouillard en avril 2022. En janvier 2023, MSF a suspendu son soutien à l’hôpital Raoul Pierre Louis en raison de l’irruption d’individus armés dans une salle d’urgence pour faire sortir un patient blessé par balle, avant de l’exécuter d’une balle dans la tête. Le 7 février 2023, une ambulance du MSF a été arrêtée et fouillée par les bandits. Le 22 février, le centre d’urgence de MSF à Turgeau a été fouillé par la Police et le lendemain, des hommes armés cagoulés ont fait irruption dans l’hôpital du MSF à Tabarre.

Le choléra multiplie les victimes

La résurgence de l’épidémie de choléra fait de plus en plus de victimes. Dans le dernier rapport de la Direction d’Épidémiologie, des Laboratoires et de la Recherche (DELR) du Ministère de la Santé Publique et de la Population (MSPP) au 18 février 2023, il a été dénombré un total de 32 314 cas suspects, pour 2 365 cas confirmés, 28 525 cas hospitalisés, dont 40 nouveaux cas pour la journée du 18 février, 389 décès institutionnels, et 205 décès communautaires. Pour les 6 369 tests réalisés en laboratoire, le taux de positivité est de 37,13%. Toutefois, la DELR précise que « les informations contenues dans ce rapport sont actualisées de manière quotidienne et peuvent être modifiées après la classification finale des cas ».

À Hinche, dans le département du Centre, l’épidémie de choléra se développe à grande vitesse, selon une source à l’Hôpital Sainte Thérèse de Hinche. « On compte en moyenne cinq à six morts par jour dans cet hôpital ces derniers jours », précise-t-elle. Selon elle, certaines conditions matérielles chez les ménages faciliteraient la propagation de l’épidémie. « Des zones sont beaucoup plus touchées que d’autres. Dans certains quartiers de Hinche, les latrines sont creusées bien trop près des puits qui desservent en eau les ménages ».

À l’hôpital Sainte Thérèse de Hinche, les conditions ne sont pas non plus idéales. « Le personnel est peu nombreux, et le centre où l’on reçoit les cas de choléras présente des défauts structurels. Il est installé sur la cour, sous une tente, sous le soleil. Les malades, en plus de la diarrhée, risquent encore la déshydratation à cause de la chaleur ». Le chef-lieu du département de Centre est loin d’être au bout de ses peines. « Il n’y a pas que le choléra qui fait des ravages à Hinche. On rencontre beaucoup de cas de typhoïde également, surtout chez les enfants », confie à la rédaction du journal Le Quotidien News une source qui requiert l’anonymat.

Clovesky André-Gérald PIERRE

cloveskypierre1@gmail.com

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