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En République Dominicaine, une « chasse » de plus en plus malsaine qui vise les migrants haïtiens

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En l’espace d’une semaine, plus d’un millier d’Haïtiens ont été rapatriés par les autorités dominicaines. Fuyant la vie chère et l’insécurité en Haïti, c’est une toute autre misère qui les attendait de l’autre côté de la frontière, l’inhumanité et le déshonneur. Joseph Mike Lysias, responsable de communication et de plaidoyer au niveau du Groupe d’Appui aux rapatriés et aux Réfugiés (GARR), fait le point dans une interview accordée au journal Le Quotidien News.

Le rapatriement massif d’Haïtiens se poursuit sur la frontière haïtien-dominicaine. Plus d’un millier de rapatriés entre les 16 et 23 mai 2022. Pour le responsable de communication et de plaidoyer au niveau du Groupe d’Appui aux rapatriés et aux Réfugiés (GARR), il s’agit d’une « chasse aux migrants haïtiens » ouverte en République Dominicaine.  En effet, lors d’une opération des agents migratoires dominicains à « Ciudad Juan Bosch » à la mi-mai, les autorités avaient affirmé avoir appréhendé 385 Haïtiens en situation irrégulière. Pour le GARR, les Haïtiens font l’objet d’une campagne de persécution en République voisine.

« Les travailleurs migrants haïtiens font actuellement l’objet d’une campagne de persécution à travers plusieurs provinces de la République Dominicaine. Ils sont pris en chasse dans les rues, dans leurs quartiers, sur leurs lieux de travail et même dans des hôpitaux. En moins de deux semaines, le Groupe d’Appui aux Rapatriés et Réfugiés (GARR) a accueilli plus de mille sept cents (1700) migrants haïtiens à la frontière, dont 76 enfants. Ils ont été arrêtés, placés en détention puis rapatriés par les autorités dominicaines », a affirmé la « section communication et plaidoyer » du GARR dans un communiqué daté du 27 mai 2022. 

Des femmes enceintes persécutées

« Nous dénonçons une fois de plus le comportement du service de la migration dominicaine qui pourchassent les femmes enceintes jusque dans les hôpitaux. Dans la journée du 23 mai 2022, ce sont huit femmes enceintes qui ont été rapatriées au niveau du point frontalier de Belladère. D’après le témoignage de ces femmes, elles ont été attrapées à l’intérieur d’un hôpital dans la ville d’Elias Pinas de force par des agents migratoires avant d’être expulsées vers Haïti. Il ne s’agit pas là de personnes à la recherche de services de santé gratuits, car elles payaient les soins de leur poche. Ces expulsions sont faites en violation des lois migratoires qui interdisent le rapatriement de catégories de personnes comme les femmes enceintes, celles qui allaitent, les enfants seuls, les personnes âgées ou à mobilité réduite », souligne Joseph Mike Lysias. 

« Plusieurs véhicules de la migration étaient venus dans mon quartier. Les agents m’ont intimé l’ordre de sortir et m’ont frappée plusieurs fois parce que je refusais qu’on me prenne en photo. Ils ont aussi maltraité mon mari qui s’en est sorti avec plusieurs fractures et blessures, se lamente-elle. Avant de partir, poursuit-elle, ils ont pillé et détruit complètement notre maison. Ensuite, nous avons été emprisonnés pendant trois (3) jours ». Tel a été le témoignage d’une mère de famille, enceinte de huit mois, rapporté par le GARR dans son communiqué.

Le rapatriement des femmes enceintes n’est pas une nouveauté selon le communiqué du Groupe d’Appui aux Rapatriés et aux Réfugiés. « En novembre 2021, le GARR a accompagné plus de 125 femmes enceintes qui ont été appréhendées dans des centres hospitaliers et conduites de force à la frontière. Une situation qui n’a pas cessé depuis lors ».  « Le GARR est donc très préoccupé par cette situation qui se développe actuellement en République Dominicaine. Il dénonce les traitements inhumains et les nombreuses violations de Droits Humains perpétrées sur des migrants haïtiens au moment d’être rapatriés. Des images choquantes circulant sur les réseaux sociaux et l’état critique dans lequel certains migrants arrivent en Haïti montrent clairement qu’ils ont été victimes de violences physiques », a indiqué l’organisation de défense des droits humains.

D’une façon générale, le nombre d’Haïtiens rapatriés depuis la République Dominicaine risque fort d’augmenter pour ce mois de mai 2022, en comparaison avec les mois précédents, toujours selon le GARR. « Rien qu’entre les 16 et 23 mai, au niveau du GARR, nous avons enregistré pas moins de 1 113 migrants haïtiens qui ont été rapatriés par les autorités dominicaines dans les zones frontalières. Parmi eux, 654 ont été rapatriés à partir de la frontière au niveau de Belladère, 40 au niveau de Malpasse et 419 à Ouanaminthe. Il s’agit de 903 hommes, 165 femmes, 16 filles et 29 garçons dont nous parlons », confie Joseph Mike Lysias à la rédaction du journal.

Face à cette situation, le GARR encourage les autorités haïtiennes à « engager un dialogue franc avec leurs homologues dominicains sur les questions migratoires afin de trouver ensemble une formule permettant de préserver les droits et intérêts des migrants ».

Clovesky André-Gérald PIERRE 

cloveskypierre1@gmail.com

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