En Ukraine la vie des Noirs ne compte pas
4 min readPar Max Dorismond
La spécification géographique dans le titre ci-dessusest nulle et non avenue, si on veut se situer dans la psyché du blanc. Il faut voir l’entièreté et non une entité telle l’Ukraine.Dans la poésie émanant de l’environnement, dans le romantisme jouissif de la tendresse des corps, le racisme est muet, mort et enterré,l’espace d’un instant.Mais quand la vie est réellement en jeu, l’instinct grégaire, ou l’instinct animal de l’homme,surgit des bas-fonds de l’inconscient pour exposer sa vraie couleur, sa vraie nature, que le temps avait artificiellement anoblie pour meubler les impressions dans le vivre ensemble.
Ce qu’on vient de constater en Ukraine, à la frontière de la Pologne,se révèle un enseignement magistral de l’agir de la race blanche, face à l’autre. Imaginons-nous au temps des dinosaures… la nature dans sa mutation sauvage se déchaîne et c’est le sauve-qui-peut. La sainte paix du monde de la préhistoire est chamboulée dans son essence, les éléments se fracturent, les tonnerres, les volcans incandescents enflamment tout, c’est le branle-bas de combat. Les mastodontes, dans leur fuite, écrasent tout pour sauver leur carcasse. C’est la furie sauvage. Dans leur décampement désordonné, ils sont aveugles, et les plus petits éléments sont écrabouillés.Ils ne font pas de quartier. C’est le chacun pour soi. Une race doit survivre, celle du plus fort. Et, à la fin des fins, aucun n’a survécu. L’histoire ne retient que leurs noms, leurs empreintes et leurs squelettes, objets d’études des archéologues.
Il n’y a aucune différence avec la présente panique en Ukraine, au moment où j’écris ces lignes. Pas de place pour les Nègres, les Indiens et les Arabes ! Les bus, les trains, c’est pour les caucasiens aux yeux bleus. Idem à la frontière polonaise. Ne me demandez pas de m’émouvoir pour ces égoïstes ! Comme les dinosaures, rien ne garantit qu’ils seront vivants demain ; l’instinct animal, seul, leur dicte leur comportement.
Cet effrayant constat doit demeurer une leçon pour tous les Nègres du monde. Cette façon d’ouvrir nos bras au premier caucasien venu mérite d’être revisitée. D’ailleurs, notre gentillesse etnotre naïveté légendairesnous ont déjà coûté des siècles d’exploitation sous les formes les plus abjectes. En conséquence, le colon a morcelé notre continent-mère en petites tranches de gâteau à distribuer aux « civilisés » (hic). Le temps est venu pour l’Africain de comprendre qu’il n’a été que le dindon de la farce à être bouffé à satiété. Réveillons-nous, frères et sœurs !
Aujourd’hui, la terre s’étrangle dans ses émotions quand elle constate cette automutilation entre les frères de race de l’Europe de l’Est. Avons-nous déjà entendu une telle clameur au dépeçage de l’Afrique ? Jamais, au grand jamais ! Avons-nous déjà entendu l’un des leurs dire un jour à la France : « basta, c’est assez, libérez une fois pour toutes les 14 pays africains que vous dépecez sans vergogne pour vous assurer un semblant de bien-être ? ». Regardez la Libye !« Elle ne paie pas de mine aujourd’hui ». Avez-vous décelé même une complainte des membres de l’Union européenne (UE) ou de n’importe quel autre forum politiqueà propos de cette destruction ciblée ? Jamais !Les exemples sont légion. On pourrait remplir une encyclopédie noire avec les dénonciations de ces sévices vécus par les races« dites inférieures ».
Ne devons-nous pas faire nôtre cette leçon de choses, cette notion existentielle,que l’Européen ne vit que pour sa propre race ?Pour lui, que vous soyez Noirs, jaunes ou beiges, vous êtes desNègres, point barre ! Cessons notre gentillesse proverbiale. Nous venons de le découvrir dans son naturel. Cessons de lui ouvrir nos bras, de lui montrer nos dents au premier salut.
Toutefois, pour rééditer J. de La Fontaine,« ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés1 ».Néanmoins, nous devons nous souvenir de ces soldats polonais, de l’armée de Napoléon Bonaparte, en 1803, qui avaientviré casaque pour embrasser la cause des esclaves noirs de Saint-Domingue. Leurs descendances demeurent jusqu’à nos jours, d’authentiques Haïtiens.
Tout n’est pas donc perdu !
Max Dorismond
NOTE
1 — « Les animaux malades de la peste » de Jean de La Fontaine