Environ 200 000 personnes déplacées en raison de l’insécurité, selon la « Pwoteksyon sivil »
3 min readLa terreur règne au quotidien en Haïti. Les forces de sécurité nationale font preuve d’impuissance face aux agissements des bandes armées. Entre 175 000 et 200 000 personnes sont contraintes d’abandonner leur domicile pour échapper à la terreur que répandent des individus armés depuis plusieurs années en Haïti, déclare le Directeur Général de la « Pwoteksyon sivil », Dr Jerry Chandler à la radio.
Depuis que cette situation de violence règne dans la région métropolitaine de Port-au-Prince où des quartiers entiers sont pris en otage par des individus armés, nous avons enregistré environ 175 000 à 200 000 personnes qui sont contraintes de fuir leurs maisons pouréchapperà la violence des gangs armés, selon les estimations du Dr Jerry Chandler.
Le cas du département du Centre
Lors de la récente attaque des bandits armés dans le département du Centre, particulièrement dans les communes de Saut-D’eau et de Mirebalais, Dr Chandler a fait savoir que « 30 personnes de la population civile ont été tuées, 15 autres sont blessées et 5000 personnes ont dû se déplacer pour se réfugier dans des familles d’accueil ».
La situation des personnes déplacées
Selon un rapport élaboré par le Réseau National de Défense des Droits humains ( RNDDH), le collectif des avocat.es spécialisé.es en litige stratégique des droits humains (CALSDH) et Avocats Sans frontières Canada (ASFC), dans le cadre du projet « Accès à la justice et lutte contre l’impunité en Haïti», lorsque survient dans un espace donné une crise qui donne lieu à une atteinte au droit de la population d’être protégée contre le déplacement forcé, celle-ci doit recevoir protection et assistance de la part de l’État en vertu du droit international des droits humains. « Actuellement, plusieurs milliers de personnes déplacées par les affrontements armés dans leur communauté sont contraintes à des conditions de vie déplorables dans leur nouveau lieu de résidence et se retrouvent dans une situation de grande vulnérabilité indique ce rapport précisant que les conditions de vie des personnes déplacées et leur hébergement continuent de se détériorer et demeurent en deçà de la dignité humaine.
« Le BINUH indique que plus de 38% des personnes déplacées dans la région de Port-au-Prince, qui est la plus affectée par la violence armée, vivent dans des abris de fortune, dont la plupart sont dépourvus d’accès aux services de base. Livrées à elles-mêmes, loin de toute prise en charge effective par l’État haïtien, elles n’ont pas accès aux services de base […] et sont privées de tout moyen de subsistance pour répondre à leurs besoins fondamentaux », peut-on lire dans le rapport. « Les enfants sous-scolarisés dans les milieux défavorisés d’où est issuela majorité des victimes ont plus de mal que les autres à reprendre le chemin de l’école », indique le document.
À en croire ce rapport, la situation est critique actuellement parce que l’État n’a pas pris les mesures nécessaires visant à garantir le respect minimum des droits fondamentaux des personnes déplacées, en particulier le droit à un niveau de vie suffisant, le droit à un logement digne, le droit à l’alimentation, l’accès à l’eau potable et à la sécurité.
Quelles sont les recommandations pour redresser cette situation ?
Le rapport exige le renforcement des capacités des forces de l’ordre et de la sécurité des victimes. « Lutte contre la corruption, amélioration de l’accès à la justice des victimes », souligne-t-on tout en exigeant du Ministère des Affaires Sociales et du Travail (MAST) qu’il agisse pour « accompagner les victimes, promouvoir le dialogue et la réconciliation ». « Le Ministère de l’Éducation Nationale et de la Formation Professionnelle (MENFP) doit mettre sur pied des programmes d’éducation et de sensibilisation à la paix, et le Ministère de l’Intérieur et des Collectivités Territoriales (MICT) doit mettre sur pied un programme de désarmement et de réinsertion », affirment ces organisations.
Jackson Junior RINVIL