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Expulsion d’une cinquantaine d’Haïtiens par l’Administration Biden en Haïti,  des Parlementaires américains réagissent

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En dépit du fait que le pays s’enlise dans une crise sécuritaire sans précédent, l’Administration du Président américain Joe Biden décide de son côté de reprendre les vols d’expulsion vers Haïti. En effet, une cinquantaine d’Haïtiens en situation irrégulière aux États-Unis ont été expulsés par les autorités américaines vers Haïti ce jeudi 18 avril 2024. Une décision non appréciée par plusieurs parlementaires américains dans le contexte actuel d’Haïti.

Une cinquantaine d’Haïtiens expulsés des États-Unis sont entrés en Haïti jeudi par le premier vol d’expulsion du Département de la Sécurité intérieure. Au total 52 personnes sont arrivées à bord de l’avion, qui a quitté Alexandria, en Louisiane, et qui a fait escale à Miami avant d’atterrir à l’aéroport international de Cap-Haïtien dans le département du nord d’Haïti, rapporte le Miami Herald. Parmi les personnes qui ont atterri en Haïti en provenance de ce vol d’expulsion, il y a 40 hommes et 12 femmes.

Le contexte de ce vol d’expulsion

Haïti est en train de vivre une situation chaotique qui s’est aggravée depuis le 29 février 2024. La capitale du pays à plus de 80% est sous l’emprise des individus armés qui pillent, tuent et chassent les paisibles citoyens de leurs maisons. Et de plus, les bandes armées s’en prennent à des sous-commissariats. Elles tuent des policiers. La riposte de la Police Nationale d’Haïti ( PNH) pour freiner l’offensive des gangs armés peine à être fructueuse. Entre janvier et mars 2024, au moins 2 505 personnes ont été tuées ou blessées à la suite de violences liées aux gangs, a indiqué le Bureau Intégré des Nations Unies (BINUH) dans un rapport paru le vendredi 19 avril 2024. « Les hommes représentent 79% des victimes, les femmes 18% et les enfants 3%. Cela représente une augmentation de plus de 53% par rapport à la période précédente (octobre-décembre 2023)», indique le document.

Les témoignages de certaines personnes expulsées

Betty Noel, originaire de La Gonâve, a déclaré qu’elle avait fui Haïti il y a sept mois après avoir été victime de gangs. Elle affirme avoir passé quelque temps au Mexique et par la suite elle a traversé illégalement la frontière américaine. « Je suis partie à cause de l’insécurité et aujourd’hui je reviens les larmes aux yeux », a-t-elle déclaré à l’aéroport international de Cap-Haïtien, la deuxième ville du pays. « C’est le cœur lourd que je reviens car mon pays n’a aucune sécurité », a-t-elle constaté.

Philip Issa, avocat de Gerson Joseph qui est aussi une personne expulsée vers Haïti par les États-Unis, a déclaré qu’il est choqué par l’attitude des autorités américaines à l’égard de son client. «Je veux dire que je suis choqué mais ce n’est pas le cas. Je suis plus bouleversé que tout », a déclaré Issa au journal américain. « D’après ce que je lisais sur Haïti, je ne pouvais pas imaginer qu’ils pourraient réaliser ce vol. Je n’y croyais pas jusqu’à ce que cela se produise réellement. Cette administration ne nous a donné aucune raison de penser qu’elle traite avec compassion les immigrants et je suis donc contrariée. Je suis déçue parce qu’ils le font dans une zone de guerre. C’est catastrophique ».

La position de la députée américaine Sheila Cherfilus-McCormick sur la reprise des vols d’expulsion vers Haïti

Dans un communiqué de presse paru le jeudi 18 avril 2024, la députée américaine Sheila Cherfilus-McCormick a fait savoir qu’elle est indignée suite aux informations récentes selon lesquelles le Département de la Sécurité intérieure a repris les expulsions vers Haïti. Mme Cherfilus-McCormick rappelle que ce pays de la Caraïbe est confronté à une crise politique où les droits humains fondamentaux ne peuvent plus être protégés, où les femmes et les filles sont quotidiennement victimes d’abus sexuels, de jeunes garçons sont recrutés pour devenir des enfants soldats, plus de 5 millions d’entre eux se dirigent vers la famine et 80% de la capitale est contrôlé par des gangs. 

« La réalité est que la vie en Haïti est actuellement insupportable », affirme-t-elle en précisant que la déportation, dans ces circonstances, est un acte d’une atroce cruauté. « Soit nous sommes le leader du monde libre qui accueille tous les réfugiés en quête de sécurité, soit nous ne le sommes pas. J’exhorte l’administration Biden-Harris à revenir sur cette décision erronée et à arrêter immédiatement les expulsions », exhorte la députée américaine Sheila Cherfilus-McCormick.

La sénatrice démocrate Elizabeth  Warren a demandé jeudi au Gouvernement Biden de suspendre les déportations des immigrants haïtiens. Selon Mme Warren qui expose la gravité de la situation en Haïti, les Américains ne peuvent en bonne conscience expulser les Haïtiens dans ces conditions

Un vol d’expulsion qui choque

À en croire Tom Cartwrigha, l’analyste bénévole indépendant qui suit les vols d’expulsion de l’ICE et qui a été le premier à repérer l’affrètement du gouvernement américain à destination d’Haïti, la reprise des vols d’expulsion vers Haïti dépasse l’entendement. «  Au moins des croyances qui englobent la compassion et l’humanité », a-t-il fait savoir au Miami Herald.  C’est à peu près le même son de cloche auprès de Randolph McGrorty, directeur exécutif des services juridiques catholiques de Miami, qui a également été surpris. « Il est tout simplement cruel d’expulser des individus vers Haïti en ce moment », a-t-il déclaré. « Je suis très préoccupé par le fait que nous ne respectons pas la loi et nos obligations internationales en évaluant de manière adéquate les problèmes d’asile et les principes humanitaires fondamentaux », a-t-il indiqué au journal américain.

Jackson Junior RINVIL

rjacksonjunior@yahoo.fr

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