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Fête de l’Agriculture et du Travail : La production agricole à grande échelle est recommandée

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Quel régime agraire adopter ? Une interrogation qui a semé d’immenses troubles et provoqué nombre de renversements de chefs d’État dans l’histoire d’Haïti. Dans un contexte où près de la moitié de la population fait face à une insécurité alimentaire, Schneider L. Ricard ANTOINE, certifié en agro-écologie, et coordonnateur de la Nouvelle Orientation pour l’Émergence Agricole et Environnementale (NOEAE), pense que le pays, en organisant de manière efficace les circuits de production et de distribution des produits agricoles, et en s’ouvrant à une production à grande échelle, pourrait résoudre cette problématique.

Ce dimanche 1er mai, sur fond de foires agricoles, de festivités et d’activités socio-culturelles, le pays tout entier se prépare, tant bien que mal, à célébrer l’agriculture et le travail. Malgré les faiblesses structurelles qui affectent ces deux secteurs, chaque année, plusieurs organisations de jeunes, de travailleurs, d’agriculteurs, sans oublier les autorités gouvernementales,  organisent nombre d’activités afin de marquer le moment, et penser aux perspectives pour les temps à venir. Pour Schneider L. Ricard Antoine, certifié en agro-écologie, en changement climatique et aires protégées, mais aussi étudiant finissant en Sciences agronomiques, ce fait est normal si l’on considère l’importance de l’agriculture pour le pays. 

« Lorsqu’on est en Haïti, l’agriculture nous parle. Parlant d’Haïti, nous Haïtiens avons toujours à l’esprit que c’est un pays essentiellement agricole. Lorsqu’on parle d’agriculture dans ce pays, on voit l’une des activités les plus importantes, les plus rentables de la production nationale », dit-il. « Cette journée du 1er mai que nous choisissons pour célébrer notre agriculture revêt un caractère spécial non seulement pour tous les agriculteurs, mais également pour tous les étudiants en agronomie, les agronomes, ainsi que pour le prolétariat haïtien en général parce que c’est également la journée du travail ».

Une gestion optimale de la production nationale, premier pas vers la sécurité alimentaire

Pour le Coordonnateur de l’organisation étudiante « Nouvelle Orientation pour l’Émergence Agricole et Environnementale » la façon dont on organise l’agriculture dans le pays est catastrophique. Toutefois,  il reconnaît que la production nationale contribue largement à nourrir la population haïtienne. Pour celui qui veut bien admettre que le pays dépend en grande partie des produits d’importation, il faut voir que, par-delà les données de la Coordination Nationale de la Sécurité Alimentaire (CNSA) qui révèlent la catastrophe, il y a certains facteurs qui contribuent largement à faire grimper les chiffres et qui n’ont rien à voir avec la production nationale. 

Selon lui, les chiffres relatifs à l’insécurité alimentaire qui sont revus constamment à la hausse le sont parce que les aliments produits n’arrivent pas jusqu’aux consommateurs. « La région du haut-sud-est avec les communes de l’Arrondissement de Belle-Anse, mais aussi la région de la Forêt des Pins et la commune de Fonds-Verrettes se trouvant dans l’Arrondissement de la Croix-des-Bouquets produisent beaucoup, que ce soit les racines et tubercules comestibles, ou encore les cultures maraîchères. Cependant, la présence des gangs armés qui détroussent les agriculteurs et commerçants sur la Route Nationale # 4 empêche ceux-ci de venir approvisionner la capitale, premier centre de  consommation dans le pays. C’est la même situation qui prévaut pour la Péninsule du Sud du pays avec l’entrée sud de la capitale qui est bloquée par les gangs armés ».

Le transport des marchandises représente un véritable casse-tête,  selon M. Antoine. La métropole de Port-au-Prince et la zone métropolitaine sont désormais enclavées, alors qu’elles sont les principales destinations des produits agricoles. « Avec ce phénomène de l’insécurité sur les routes nationales, le problème de l’insécurité alimentaire cesse d’être avant tout un problème d’agriculture, de producteurs, d’entrepreneurs locaux, d’agronomes ou encore d’universités, d’agronomie, mais devient un problème d’État, d’administration. L’État est le seul garant de la sécurité sur les routes », fustige le Coordonnateur de la NOEAE. 

Le latifundium pour une meilleure agriculture

« L’un des défis majeurs de la production agricole reste le morcellement des terres. La majorité de nos exploitants agricoles travaillent avec moins de 0,5 hectare de terre. Avec ce système, les paysans sont très largement exposés aux pertes, la superficie est trop petite, les dépenses sont trop élevées et tendent à excéder les recettes. En outre, avec les évènements météorologiques extrêmes, le risque de pertes devient plus grand. C’est dans ce contexte que beaucoup de travailleurs agricoles se reconvertissent dans d’autres secteurs, par exemple la conduite de motocyclettes », explique-t-il.

Pour la NOEAE, certains facteurs empêchent le pays d’assurer une meilleure production. Pour permettre une relève de l’agriculture haïtienne, la jeune organisation propose une série de points qui doivent être améliorés. L’encadrement de l’agriculture en passant à la production sur les grandes surfaces, l’allocation de crédits agricoles, la multiplication des coopératives agricoles et la création d’un environnement sûr sont des conditions sine qua non pour remonter la pente. L’organisation appelle l’État haïtien à se réconcilier avec la paysannerie haïtienne et les producteurs agricoles en œuvrant en faveur de la grande production, mais aussi en renforçant les structures.

Pour affronter les événements météorologiques extrêmes et autres phénomènes qui conduisent les agriculteurs à la ruine, l’organisation recommande aux gouvernements quelques mesures qui contribueront à renforcer les structures, telles que la promotion des associations de planteurs, des coopératives agricoles, et des assistances techniques et financières. 

Clovesky André-Gérald Pierre

cloveskypierre1@gmail.com

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