Fin de mission de la délégation Kenyane en Haïti, la balle aux pieds du Conseil de Sécurité de l’ONU ?
4 min readPrudent, en retrait, le Gouvernement d’Ariel Henry est en passe d’obtenir sa « force d’accompagnement robuste » tant souhaitée depuis octobre 2022, menée par le Kenya. Du 20 au 23 août 2023, une délégation kényane est venue en Haïti pour des consultations avec les autorités haïtiennes et le corps diplomatique. En attendant une résolution du Conseil de Sécurité de l’ONU, pour définir les contours de la mission de cette force. Les réactions ne cessent de multiplier pendant que l’insécurité s’accroît.
La prolifération des gangs armés et leurs activités criminelles ne cessent de s’étendre en Haïti. Du 1er janvier au 15 août 2023, ce ne sont pas moins de 2 400 personnes qui ont été tuées, 950 enlevées et 902 blessées lors des attentats criminels, selon le porte-parole du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’Homme, Ravina Shamdasani. Ces chiffres, loin d’être exacts, correspondent aux cas dont le signalement a été donné. Depuis juillet dernier, alors que le Conseil de Sécurité vient de prolonger d’une année supplémentaire le mandat du Bureau Intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH), la brutalité des activités criminelles s’est beaucoup accrue, plongeant ainsi le pays plus profondément dans la crise humanitaire.
« Quatre-vingt-trois (83) cas de kidnapping ont été recensés pour le mois de juillet 2023 par la Cellule d’Observation de la Criminalité (COC) du CARDH, dont 23 dans le Bas-Artibonite (au moins deux rapts collectifs). Au moins 51 ressortissants étrangers de quatre pays ont été enlevés de janvier à date. La violence instaurée par le gang de Vitelhomme Innocent à Tabarre a provoqué le déplacement de 400 familles, totalisant 2000 déplacés internes, dont 229 enfants (de 0 à 17 ans) », a fait savoir le Centre d’Analyse et de Recherche en Droit de l’Homme (CARDH) dans son rapport du 3 août 2023. Une situation qui, selon l’organisation de défense des droits humains, « laisse présager une augmentation de la violence et des autres modes opératoires des gangs pour le troisième trimestre ».
Le Kenya à la tête d’une opération de maintien de la paix en Haïti
Après le renoncement des États-Unis et du Canada concernant le leadership de cette mission en Haïti, le Kenya, pays de l’Afrique de l’Est, s’est finalement proposé. Prenant la tête du Conseil de Sécurité des Nations Unies pour ce mois d’août 2023, les États-Unis d’Amérique ont tout de suite soutenu la proposition du Président William Samoei Ruto, et disent se diriger vers une résolution du Conseil de Sécurité de l’ONU autorisant le Kenya à diriger une force de police multinationale.
Pour le Ministre kényan de la Défense, Adam Duali Barre, le Kenya s’est engagé à soutenir la paix et la stabilité non seulement dans la région est-africaine, mais également en Haïti. Il estime que son pays est à la hauteur de la tâche, malgré une baisse de la contribution du pays aux OMP. « Nous étions autrefois le quatrième contributeur mondial aux opérations de maintien de la paix et de rétablissement de la sécurité, et maintenant nous sommes au 43e rang. Entre-temps, quelque chose s’est produit, c’est pourquoi moi et mes collègues du quartier général de la défense, nous venons d’adopter les réglementations sur la paix et le fonds », a déclaré Mr Adam Duali Barre, lors d’une entrevue à Citizen TV le 16 août.
Le 20 août, une délégation kenyane, présidée par l’ambassadeur Georges Orina, était présente en Haïti pour une évaluation de la situation sur le terrain. Selon un communiqué du Ministère haïtien de la Communication datant du 21 août, cette délégation a rencontré lundi le Gouvernement, le Haut Conseil de Transition, le Haut état-major de la PNH, mais aussi le Corps diplomatique. « La délégation kenyane qui a rencontré à New York, avant son séjour en Haïti, des pays et groupes en train de travailler à une solution à la crise sécuritaire haïtienne, a assuré le Gouvernement que les uns et les autres avaient compris les demandes haïtiennes et l’urgence qu’il y avait à mettre fin à une situation qui paralyse le fonctionnement du pays et qui met l’avenir de ses citoyens en danger », a également précisé le communiqué.
Ainsi, dans un autre avis officiel datant du 23 août, il est indiqué que « le Premier Ministre Ariel Henry a rencontré, mercredi, « à la Direction générale de la Police nationale, le Haut commandement de l’institution qui, la veille, avait eu une journée de travail avec la délégation kenyane autour du support qui va lui être apportée pour le renforcement de la PNH et son adaptation aux nouvelles formes de criminalité qui prévalent dans le pays ».
D’après le Ministère de la Communication, « cette journée de travail a permis au haut commandement de la Police nationale de préciser ce qu’il voulait et attendait de l’aide qui va être fournie pour le renforcement de la Police et pour lui permettre de gagner en efficacité ». Il précise également que cette force « ne sera pas là pour remplacer la Police nationale ni pour effectuer son travail, elle viendra l’aider à devenir plus performante, plus adaptée, plus en mesure de remplir sa mission de protéger et servir ».
Rappelons que la délégation kenyane qui a quitté Haïti le 23 août 2023 était composée de 10 membres.
Clovesky André-Gérald PIERRE