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Frankétienne, l’art haïtien dans tous ses langages !

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Ambassadeur de l’art haïtien, reflet même de ce dernier dans sa plus complexe expression, Frankétienne est bien un phare en matière d’art en Haïti. Ayant touché à tout, l’artiste polyvalent a su communiquer des émotions inouïes à tous les amants de l’art d’ici et d’ailleurs !

En effet, Frankétienne porte divers chapeaux ;  l’artiste a été enseignant, chanteur, musicien, écrivain, poète, romancier, dramaturge et peintre. L’univers artistique haïtien lui doit bien des réalisations. Il est, avec René Philoctète et Jean-Claude Fignolé, l’initiateur du spiralisme sur les terres nationales, une théorie sur l’art qui s’inspire de la théorie scientifique de la spirale. Frankétienne nous a laissé un grand héritage dans la littérature : Dezafi en 1975 qui est le premier roman écrit en créole haïtien.

Né le 12 avril 1936, à Ravine-Sèche, dans le département de l’Artibonite, suite au viol de sa mère âgée de 13 ans par un Américain ; l’enfant grandit sans connaître son géniteur. Élevé par sa mère dans un milieu rural, Jean-Pierre Basilic Dantor Frank Etienne, dit Frankétienne, s’est amouraché de l’art dès son plus jeune âge. Son art dans sa pluri dimensionnalité et sa complexité est le reflet même d’une enfance mouvementée et pleine de couleurs.

Sa carrière débuta véritablement vers les années 60, lorsqu’il commença à fréquenter activement le groupe Haïti Littéraire en compagnie de René Philoctète et bon nombre d’écrivains de sa génération. Et c’est en 1964 qu’il a commencé à publier de la poésie. Le talentueux artiste s’est inspiré de sa vie et des tumultes de son temps pour la réalisation de ses œuvres. Ainsi, H’Eros Chimère, un sublime roman où se mélangent peinture et poésie est l’expression multidimensionnelle de l’art de Frankétienne.

Son bilinguisme lui a valu le mérite d’être le premier romancier créolophone haïtien ; son roman Dezafi, œuvre purement poétique, avec un aspect politique très fort. Publié sous le règne duvaliériste en 1975, l’histoire de ce roman évoque clairement la réalité de l’époque et dénonce la dictature sanglante des Duvalier. En 1979, Frankétienne a adapté ce roman en français « Les Affres d’un défi », qui a obtenu un succès pareil à celui de Dezafi. À travers Dezafi, un roman poignant, Frankétienne a prouvé qu’il est bien possible de faire du créole une langue d’écriture, que l’on peut rêver, vibrer, peindre et créer en créole, car c’est une langue totale.

L’écriture complexe, rationnelle et tellement poétique de Frankétienne a traversé les frontières de notre pays, si bien que plusieurs de ses textes ont été traduits et adaptés dans d’autres langues comme l’anglais et l’espagnol. Son roman Dezafi a été réédité notamment en France. Ses œuvres sont le reflet de la réalité haïtienne et sa poésie vertigineuse provoque des frissons. En plus de l’écriture, Frankétienne a laissé ses plus fines empreintes dans le domaine de la peinture, des œuvres comme Difficile émergence vers la lumière et Désastre (12 janvier 2010) ; du théâtre dont sa pièce la plus populaire est Pèlen tèt.

Frankétienne a reçu de somptueux prix et nominations comme Commandeur des Arts et des lettres en juin 2010, Prix Carbet de la Caraïbe et du Tout monde (2002), Prix du Prince Claus (2006), Grand prix de la francophonie par l’Académie française, cette année même. Durant toute sa carrière qui s’étend sur une cinquantaine d’années, Frankétienne nous a laissé un énorme héritage artistique !

Avec plus de quarante œuvres artistiques, Frankétienne nous conte l’histoire d’Haïti, son histoire mais aussi la nôtre. Il a touché à tout, du premier au sixième art et a donné vie à la littérature créole ! Son spiralisme et sa personnalité font de lui la représentation la plus complète de l’art haïtien !

Leyla Bath-Schéba Pierre Louis

Pleyla78@gmail.com

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