Germinie Saintelve, une jeune femme leader qui inspire
4 min readGerminie Saintelve, fondatrice de Libere kè w, partage un discours libérateur avec les jeunes femmes souffrant de la dépendance affective. Avec son entreprise sociale, elle entend encourager ces jeunes femmes à aller de l’avant, à déterminer leurs priorités dans la vie. La PDG de Germie’s agency partage ses expériences dans cette page de Être femme Haïtienne.
Benjamine d’une famille de trois filles, Germinie Saintelve, PDG de Germie’s Agency, voit le jour en février 1989 dans la ville métropolitaine. Bien encadrée par sa famille, Germinie ne se plaint pas de son enfance. Au collège Saint François d’Assises, elle achève toutes ses classes primaires, puis fait une bonne partie de ses études secondaires au Collège Classique d’Haïti, jusqu’au bacc I.
Toute jeune, Germinie fait montre d’une grande débrouillardise. En effet, pour des motifs d’ordre financier, au lieu de s’inscrire à l’Université, elle emprunte le chemin du travail. « En 2010, à la fin de mes études au Collège La Providence située à Delmas, j’ai dû me trouver un emploi afin de répondre à des impondérables financiers », justifie Germinie qui, neuf ans plus tard, s’est inscrite à l’Institut des Hautes Études Commerciales et Économiques, où elle suit un cursus en sciences économiques. Si la laborieuse Germinie ne détenait aucun diplôme à l’époque, dans ses boulots, en revanche, son sens du travail et du professionnalisme lui ont toujours permis de se distinguer.
Libere Kè w
En août 2020, Germinie Saintelve met sur pied Libere Kè w, une entreprise sociale qui accompagne les femmes souffrant d’une dépendance affective. « J’ai constaté que la majorité des jeunes femmes évoluent sans avoir de grands objectifs, à part se trouver quelqu’un avec qui se marier, de qui elles vont dépendre affectivement. Donc, il fallait que je mette une structure sur pied afin de les aider à se libérer de ce mode de vie infernal », explique la fondatrice de Libere Kè w qui, grâce à ses nombreuses séances, permet à plusieurs jeunes filles de reprendre le contrôle de leur vie. « Il est important qu’elles sachent que cette valeur qu’elles cherchent, ne dépendent que d’elles en réalité », ajoute la PDG de Germie’s Agency.
Avec cette entreprise, elle a réalisé de nombreuses activités dans sa communauté, parmi lesquelles la troisième édition de Konbit Soup Joumou qui a attiré du monde à Pèlerin. Une expérience inédite qu’elle n’est pas prête d’oublier. « La réalisation de cette édition est l’une de mes plus belles expériences dans le domaine social. J’ai pris plaisir à admirer l’enthousiasme des jeunes qui y ont pris part. Ce qui m’a permis de comprendre que la soupe de giraumon, outre sa valeur historique, est aussi un moyen de se fraterniser et de se socialiser sans aucune discrimination », témoigne Germinie, fière du fait que la soupe nationale fait partie du patrimoine culturel et immatériel mondial de l’UNESCO.
Sa vision de la nouvelle Haïti
En outre, Germinie ne cache pas sa joie d’avoir pu distribuer dans un esprit fraternel la soupe à plus d’une centaine de gens à Pétion-Ville, qui l’ont dégustée en toute quiétude. Un moment particulier qui la fait rêver d’un pays où les gens n’ auraient pas peur de se confier à leurs semblables. « C’est ce pays dont on a besoin, affirme-t-elle, où l’on n’est pas obligé d’avoir un lien avec l’autre pour partager un plat avec lui, où l’on peut circuler sans se soucier de l’insécurité », poursuit-elle.
Pour arriver à ce modèle paradisiaque, selon elle, il va falloir que l’État comme garant de la sécurité et de la paix, prenne ses responsabilités envers la population, dans un premier temps. Elle avance que l’un des principaux facteurs ayant occasionné le banditisme en Haïti, est le fait qu’au niveau de l’État on n’a jamais priorisé l’éducation. « C’est justement ce problème éducatif qui rend vulnérables les jeunes des quartiers défavorisés, qui plus tard vont accepter d’être utilisés pour de mauvaises causes», regrette la jeune leader. Par conséquent, il est important que l’État garantisse un climat sécuritaire aux jeunes pour assurer leur avenir.
D’autre part, les jeunes ont aussi leur partition à jouer dans le changement du pays. « Changer le pays est une responsabilité partagée, en sorte que chacun a son rôle à jouer. L’État ne va pas tout faire. Ce n’est pas l’État qui va nous apprendre à respecter et à protéger notre environnement. Donc, les jeunes doivent apprendre à se responsabiliser en prenant leur engagement civique », tance la responsable des relations publiques du Centre haïtien du Leadership et de l’Excellence, Germinie Saintelve.
Rigoureuse dans la gestion de son emploi du temps, Germinie Saintelve orchestre sa vie autour de la discipline. Par ailleurs, à ses heures libres, elle aime faire de la lecture, écouter passionnément de la musique. Elle adore aussi voyager, partir à la découverte du pays. Finaliste du programme Fanm Angaje, Germinie souhaite continuer à être utile à sa communauté.
Statler LUCZAMA
Luczstadler96@gmail.com