Godson Lubrun dépeint la réalité actuelle du secteur touristique haïtien
5 min readDans une interview accordée au journal Le Quotidien News, le vendredi 21 mai 2021, le professionnel en tourisme, Godson Lubrun a décrit la situation actuelle du secteur touristique haïtien. « Les crises socio-politiques à répétition ces trois (3) dernières années et l’insécurité multiforme grandissante ne laissent aucune chance à ce que le tourisme puisse se développer dans le pays », a souligné M. Lubrun, Coordonnateur Général du GARTH.
Le Quotidien News : Comment décrivez-vous la situation actuelle du secteur touristique haïtien ?
Godson Lubrun : Le tourisme haïtien, comme de nombreux autres secteurs de la vie nationale, est confronté à d’énormes problèmes empêchant son essor. Les crises sociopolitiques à répétition ces trois (3) dernières années et l’insécurité multiforme grandissante ne laissent aucune chance à ce que le tourisme puisse se développer dans le pays. De plus, il n’est pas superflu de rappeler que la pandémie du nouveau coronavirus même si elle a causé peu de dégâts chez nous, demeure cependant le plus grand frein au tourisme tant au niveau mondial qu’au niveau national.
Haïti vit entre 2018 et 2021 une situation qui décourage les entrepreneurs du secteur haïtien du tourisme. Les épisodes récurrents de pays ‘’lock’’ ajoutés aux grands foyers de gangs qui s’installent dans la périphérie des routes nationales empêchent les gens désireux de faire du tourisme local de se perdre dans notre exubérante nature. Ainsi, les recettes et investissements dans le tourisme ont considérablement diminué.
Au niveau de la situation actuelle du secteur touristique haïtien, il est à noter aussi la passivité des autorités gouvernementales qui s’enlisent dans la crise. Les divers acteurs engagés dans la promotion et la dynamisation du tourisme haïtien ne sentent pas l’État désireux de rechercher des solutions viables pour le redressement du secteur après la crise. Il n’existe à notre connaissance aucun plan, ni aucune stratégie ou action pouvant sortir le pays du marasme en ce qui concerne son tourisme meurtri par les aléas du moment.
LQN : Quelles sont vos recommandations pour pallier à cette situation ?
GL-Produire des recommandations sur une situation aussi complexe quant aux maux d’Haïti et aux influences de ces derniers sur le tourisme dans le pays, n’est pas si facile. Les éléments devant servir de recommandations en vue d’un renouveau du tourisme haïtien dans ce contexte sont à prendre sous deux (2) angles : structurel et conjoncturel.
Au niveau structurel, les lendemains meilleurs rêvés pour le tourisme dans le pays dépend d’un vade-mecum pour ce secteur. Malgré les diverses tentatives pour doter le pays d’un plan directeur du tourisme, ces efforts n’ont pas abouti à grand chose. Une vision unique ne s’est à ce jour pas dégagée dans le secteur. Ceci rend non opérationnel le partenariat entre les acteurs du secteur privé touristique et le secteur public, indispensable pour faire bouger l’industrie. Planifier le tourisme haïtien, c’est réaliser durablement les vœux de tous ceux qui sont activement impliqués dans le développement du secteur.
Au plan structurel, il faut faire de cette crise socio-politique inopportune, provoquée aussi par la Covid19 et la prolifération des gangs une opportunité. L’heure sonne pour que le virage sur le tourisme interne, une fois pour toutes, voit le jour. Par une stratégie de revalorisation des sites et de nos monuments. Que les efforts consentis par les uns et les autres convergent vers le terroir.
LQN : À travers le GARTH comment comptez-vous aider le tourisme à se relever ?
GL : Créé en 2020, le Groupe d’Appui et de Réflexion sur le Tourisme Haïtien (GARTH) se veut être un outil utile pour faire avancer la pensée touristique dans le pays. Il s’agit d’un regroupement de professionnels de divers horizons intéressés par cette cause, qui documentent, analysent et proposent ce qui pourrait être la solution aux problèmes du tourisme haïtien.
À date, le GARHT ne peut qu’être en accord avec les différentes thématiques mises en exergue par l’Organisation Mondiale du Tourisme (OMT) lors des différentes journées organisées pour ce secteur. Ainsi, nos publications au sein du GARTH, concernent les journées mondiales du tourisme, des monuments et des sites, etc.
Dans le moyen-terme, le GARTH cherche les moyens techniques et financiers nécessaires afin d’organiser des moments d’échanges sur le tourisme haïtien. Ces grands débats vont avoir lieu dans les grandes villes touristiques du pays. Cap-Haïtien, Les Cayes, Port-au-Prince, etc.
LQN : Dans sa dernière note de presse le GARTH appelle à la sauvegarde et à la valorisation du patrimoine haïtien. En tant que président de ladite structure, comment comptez-vous travailler pour arriver à une telle chose ?
R- En tant que Coordonnateur Général du GARTH, moi Godson Lubrun, je pense qu’il faut concevoir et organiser toute une campagne en vue de la sauvegarde et la valorisation du patrimoine haïtien. Pour que les plus jeunes puissent s’approprier de ce que le pays contient comme richesses naturelles et culturelles. Des chutes d’eau extraordinaires, des cascades naturelles de toute beauté et des monuments gigantesques sont notre patrimoine. Il faut en prendre soin parce que notre patrimoine, c’est nous-mêmes.
Par ma voix, le GARTH entend réitérer cet appel aux décideurs à mettre tout en œuvre afin que notre patrimoine puisse être préservé. Il serait utile que les écoliers et les plus petits en général soient sensibilisés aux questions de patrimoine également.
LQN : Votre plus grand rêve pour ce secteur ?
GL : Haïti est un pays rempli d’opportunités. Le tourisme est bel et bien l’un des atouts de notre très chère Haïti. Par une mise en commun des connaissances et compétences de tous, je pense pouvoir aider à l’essor de cette industrie dans le pays. Aujourd’hui, la République voisine vit quasiment de son tourisme. En tant qu’acteur impliqué dans le tourisme depuis environ dix (10) années, j’ai le rêve de voir une autre Haïti qui passerait par l’émergence de ce secteur. C’est là mon rêve.
Propos recueillis par Cluford Dubois, journaliste économique