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Guerre des gangs à Martissant : Que sont devenues les personnes qui se sont réfugiées au Centre Sportif de Carrefour ?

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Le 1er juin 2021, une guerre entre gangs rivaux a éclatée à l’entrée Sud de Port-au-Prince au niveau de Martissant. Des personnes ont été tuées et des maisons ont été pillées et incendiées. Impuissantes face aux bandes armées, de nombreuses personnes ont fui leurs maisons, en vue de sauver leur vie. Nombre d’entre elles ont décidé de s’installer dans certaines villes de province ; d’autres ont pris la direction de la place publique de Fontamara 43 et d’autres, la direction du Centre Sportif de Carrefour. Un an après, que sont    devenues ces personnes ? Le journal le Quotidien News est allé les rencontrer.

Jeudi 2 juin, il est 3h PM. On se trouve au Centre Sportif de Carrefour. La barrière appelée « baryè ki nan do sant lan» est ouverte. À l’intérieur d’une salle de classe, des jeunes filles discutent en faisant de la manucure. Deux personnes s’adonnent au jeu de dominos. [Et un autre les regarde]. Le premier terrain de football du Centre Sportif de Carrefour, en termes de superficie, est en terre battue en grande partie. De jeunes sportifs, garçons et filles, débutent à peine leur entraînement sur l’autre terrain, celui ayant, et ce de loin, une pelouse de meilleure qualité.

À côté de la grille du terrain, il y a un tuyau en hauteur où l’eau coule. Sous ce tuyau, des gens  se douchent. Et ce, en plein air. Parfois, des personnes  se trouvant dans le Centre viennent remplir leurs gallons non loin du terrain de tennis. C’est le cas de Venise, mère de quatre enfants qui, autrefois, vivait à Martissant 23. « J’habitais à Martissant 23. Ma maison a été incendiée. Je suis ici depuis le 6 juin 2021 et je n’ai aucun autre endroit où me rendre», explique cette mère célibataire au Journal. « Avant ce conflit à Martissant, j’avais mes activités économiques. Je faisais de la nourriture pour la vente », poursuit-t-elle en soulignant qu’on ne leur donne plus à manger au Centre Sportif de Carrefour depuis décembre 2021. « La seule chose qu’on continue à nous donner ici, c’est de l’eau traitée presque chaque semaine», précise-t-elle.

Trois autres terrains de tennis sont situés l’un après l’autre sur la même ligne. Durant le passage de la pandémie du coronavirus en Haïti, ils servaient d’espace d’hospitalisation pour les personnes contaminées. « Il y avait des abris provisoires sur ces terrains pour les personnes venant de Martissant. Hier, le dernier abris provisoire a été démoli», explique Venante Hilaire. Âgée de 36 ans, elle est mère de deux enfants : un garçon et une fille. « Je me retrouve ici depuis 6 juin 2021. Je vivais à la ruelle la Joie, à proximité de Martissant 23. Aujourd’hui, je n’ai absolument rien pour survivre. Ici, on est sous la responsabilité du maire de la commune et de l’OIM. Moi, je vais laisser le Centre au plus tard demain pour me rendre dans le département des Nippes», déclare-t-elle.

Pour atteindre cet espace (le Gymnasium) où dorment les déplacés de guerre de Martissant, il faut gravir un escalier. Non loin de la porte d’entrée, une [vieille] dame est assise. Elle cuisine. À côté d’elle, sous un arbre, deux citoyens sont assis. Ils discutent en écoutant de la musique. À l’intérieur du gymnasium, des morceaux de draps sont arrangés par terre en rectangle. «Les gens partiront bientôt d’ici. Des gens, il y en avait sur les terrains de tennis, maintenant il n’y en a plus. Ils sont partis. L’OIM leur a donné de l’argent pour  qu’ils aillent s’installer ailleurs», affirme Madame Hilaire.

 « Je vais retourner en province dans le département des Nippes parce que l’argent qu’on compte me donner ne sera pas suffisant pour que je puisse louer une maison et mettre sur pied une petite entreprise. En revanche, si je me rends en province avec cet argent je pourrais mieux m’en sortir et ce sera plus bénéfique pour les enfants», ajoute-t-elle en pointant du doigt les autorités étatiques qui n’ont rien fait pour résoudre le problème de l’insécurité qui existe depuis un an au niveau de la troisième circonscription de Port-au-Prince.

Jackson Junior Rinvil

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