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Haïti demeure sous la menace d’autres séismes dévastateurs, estime le géologue Éric Calais

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« Catastrophe », « chaos », « désastre », « dommages sévères »: tels les mots utilisés pour décrire le tremblement de terre de magnitude 7. 2  sur l’échelle de Richter qui s’est produit le 14 août 2021, dans la péninsule Sud d’Haïti, aux environs de 8h 30 du matin, ressenti également à Port-au-Prince. L’épicentre de ce  séisme  a été localisé sur le système des failles Enriquillo Plaintain Garden, à 18,49 degrés de latitude au nord et -73,59 degrés de longitude ouest et 10 km de profondeur, selon les spécialistes.

Le professeur Éric Calais, dans un bilan technique  sur la situation post-catastrophe, a indiqué que des données sismologiques  ont été recueillies  grâce à des sismomètres installés un peu partout dans le grand Sud. « Cela a permis de mesurer le mouvement du sol », a-t-il déclaré.

« L’épicentre se trouve sur la  faille d’Enriquillo, couramment appelée faille de la presqu’île du Sud  dans la région de l’Asile.  La cassure s’est propagée depuis l’Asile jusqu’au Pic Macaya », précise le spécialiste.

Il y a 220 kilomètres de failles qui n’ont pas été rompues  depuis le XVIIIème siècle (soit sur le segment Gressier et Malpasse) sur cette zone de faille d’environ 300 kilomètres.

Il y a un potentiel sismique assez intense dans la péninsule Sud, a laissé entendre le professeur, comme pour rappeler  que le pays n’est pas à l’abri du danger dans ce domaine.

Des images satellitaires permettent de comprendre l’ampleur du cataclysme. Il y a eu d’importants glissements de terrain sur les pentes des montagnes, ce qui prouve que ce séisme est plus dévastateur que celui de 2010, selon les dires du spécialiste.

Il poursuit en disant que : »Contrairement au tremblement de terre de 2010, la cassure s’est répandue directement à la surface. Beaucoup d’énergie a été libérée ; ceci a eu pour conséquences : la liquéfaction du sol, l’arrachement de la végétation à Mayaca et dans plusieurs communes, dont Camp-Perrin « .

Il faut trouver le moyen d’adapter les types de construction aux risques qu’encoure le pays. « On doit construire de manière parasismique », a insisté le professeur, qui reconnaît que beaucoup d’efforts doivent être déployés en ce sens. 

L’application du plan PDNA (Post Desaster Needs assessment) doit prendre en compte la sismicité du sol, inscrire une évaluation des bâtiments prioritaires : écoles , églises , hôpitaux, etc.

Intervenant à la matinale de Magik 9, le géologue n’a pas raté l’occasion d’attirer l’attention des Haïtiens sur l’imminence du danger qui plane sur la côte Nord également, celle-ci étant traversé par la faille septentrionale qui s’étend jusqu’en République Dominicaine.

Eric Calais pense qu’on a  perdu du temps après 2010. Les Haïtiens devaient être plus résilients face au séisme, à l’instar de quelques pays d’Amérique latine, comme le Mexique ou le Chili qui ont fini par construire  leur résilience au cours des ans.

Un total de 595 séismes a été enregistré durant le mois d’août, selon le Bureau des mines et de l’énergie (BME). Le directeur du BME, l’ingénieur-géologue, Claude Prépetit, a précisé que l’épicentre du séisme meurtrier du 14 août, a été localisé  à 18,49 degrés de latitude au nord et -73,59 degrés de longitude ouest et 10 km de profondeur.

Les répliques qui en ont résulté sont au nombre de 578 du 14 au 31 août 2021. Elles risquent encore de se poursuivre, mais à des magnitudes plus faibles, selon les spécialistes.

Notons que, selon le dernier bilan établi par la Direction de la protection civile, le séisme du 14 août a provoqué dans le Grand Sud 2248 morts, 12 763 blessés, 329 disparus, 136 000 maisons détruites ou endommagées.

Mario Sylvain

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