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Haïti-Insécurité : quand la frontière à Martissant menace les réunions de familles pour la Noël

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Alors que le mois de décembre défile sous les yeux, beaucoup de jeunes restent coincés à Port-au-Prince. Ils ne savent toujours pas s’ils pourront traverser Martissant et visiter leurs familles se trouvant à Carrefour ainsi que dans le grand Sud du payspour les fêtes de fin d’année.

Les vacances de décembre de cette année sont remplies d’incertitudes pour plusieurs jeunes venant de la côte Sud, étudiant ou travaillant à Port-au-Prince. En effet, c’est avec beaucoup de dépits que plusieurs jeunes regardent les jours passés sans que les bandes armées opérant à Martissant n’observent une trêve. Cette dernière, souvent accordée pour la Noël leur permettait de regagner sûrement leur maison pour  un début d’année en famille.

Cette année pourtant, la situation prend des airs d’horreur qui fait craindre le pire. La prise du sous-commissariat de Martissant le 6 décembre 2021, témoigne de la tension régnant dans la zone. Déserté depuis près de 6 mois par la Police Nationale d’Haïti (PNH), ce bâtiment a été mis à feu en partie pendant que les bandits interdisaient l’accès au tronçon reliant la capitale haïtienne, une partie du département de l’Ouest et quatre départements (Sud-Est, Nippes, Sud, Grand’Anse).

Saraï habitant à Carrefour ne cache pas ses craintes de ne pas pouvoir passer les vacances de Noël avec sa famille. « Chaque année, lorsque l’université accorde le congé de décembre, je me précipite chez moi pour revoir mes proches. C’est ainsi que cela devrait se passer pour le congé à venir », témoigne la jeune fille. Pourtant, elle affirme sa crainte de traverser la zone si un tel climat persiste surtout après qu’un proche de sa famille ait perdu la vie en essayant de franchir la nouvelle frontière.

Cette situation est celle de plusieurs autres jeunes craignant de se retrouver emprisonnés à Port-au-Prince pendant que l’insécurité (le kidnapping…) bat son plein.

Pour Lyndie, ces moments loin de la capitale servent à se ressourcer, à oublier la tension tout en espérant « regagner la capitale avec un peu d’argent de poche ». Elle l’affirme avec un sourire, faisant allusion au sentiment de partage propre à la Noël et à la générosité habituelle des aînés lorsqu’arrive la nouvelle année. Pourtant, la réalité est tout autre dans les rues de la capitale.

Passer les moments de fêtes loin des siens augmente le sentiment de solitude. Pourtant, il ne serait pas étonnant qu’un tel scénario se produise cette année. Cette situation est d’autant plus grave que la paralysie est un peu partout. Si beaucoup de jeunes ne peuventenvisager encore de regagner leurs maisons de famille en province, beaucoup de parents ne peuvent rentrer aussi à Port-au-Prince pour passer du temps et s’occuper de leurs progénitures. « Je n’ai pas vu mes parents depuis environ quatre mois. Ça ne peut pas continuer », a déploré Lyndie.

Et la peur s’installe…

Lyndie n’est pas la seule que cela dérange. Sa famille aussi en souffre. Elle vit avec la peur que la jeune étudiante soit kidnappée ou qu’elle soit un jour victime de l’insécurité. « Ils m’appellent à chaque fois pour prendre de mes nouvelles tout en me disant de faire attention et de rentrer si la situation s’améliore », affirme-t-elle.

Certaines familles quant à elles, ne sont pas aussi optimistes et dissuadent les leurs de toute tentative. C’est le cas de Willy qui affirme que ses parents préfèrent le savoir à Port-au-Prince. « Pour eux, il n’y a pas d’urgence, je ne suis pas obligé de mettre le cap sur le Sud-est », explique le jeune homme.

Pourtant, Willy a besoin de rentrer au bercail pour réaliser un projet communautaire. Mais avec le contexte actuel, il doit attendre avant de concrétiser son idée. Pendant ce temps, sa famille s’inquiète et tremble à chaque mauvaise nouvelle entendue à la radio.

Il est à noter, la situation sécuritaire s’aggrave presque quotidiennement sous le silence éloquent des autorités étatiques qui ont la charge de garantir le respect du droit à la vie. Signalons, dans le budget rectificatif, le montant alloué au Ministère de la Justice et de la Sécurité Publique (MJSP) a subi une baisse considérable par rapport aux précédents.

Ketsia Sara Despeignes

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