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L’augmentation des prix du carburant par le gouvernement fait des remous

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Le gouvernement remanié d’Ariel Henry n’a pas mis du temps à augmenter les prix du carburant dans les différentes stations à essence. Même après avoir essayé par tous les moyens  de convaincre l’opinion publique sur la nécessité d’une telle mesure, l’accroissement des prix continue encore de susciter des réactions diverses.

À la suite d’une nouvelle dispositionadoptée par le gouvernement fraîchement remanié d’Ariel Henry, le diesel passe de 169 gourdes à 353 gourdes, le kérosène passe de 163 gourdes à 352 gourdes tandis que la gazoline qui se vendait à 201 gourdes se vend actuellement à 250 gourdes.

Le gouvernement tente d’apporter des justificatifs

Comme à chaque fois,les autorités déclarent que l’Etat ne peut pas continuer à subventionner les produits pétroliers. Cette augmentation va permettre à l’Etat d’investir dans des secteurs d’activités importantes, a fait savoir le ministre de la planification et de la coopération externe, Ricard Pierre. « Ce n’est pas de gaieté de cœur que le gouvernement a pris cette décision. À cause de l’insécurité, l’Etat a collecté de moins en moins d’argent. Les obligations de l’Etat en termes de construction d’écoles, d’hôpitaux, achat d’équipements pour la Police… les moyens ne sont pas là. Aujourd’hui, avec la suppression de ces subventions, l’Etat sera plus ou moins en mesure d’investir dans ces domaines…»,a laissé entendre l’ancien opposant de l’ex-président Jovenel Moïse.

Des économistes jugent la décision inopportune

De l’avis de l’économiste Riphard Sérent, un ajustement des prix du carburant est une nécessité pour les finances publiques.Toutefois, l’économiste qui questionne le  mécanisme à travers lequel le  gouvernement va réaffecter les recettes reçus sur le prix des produits pétroliers estime que le moment est mal choisi. « Le secteur du transport en commun subira sans nul doute les conséquences du cette mesure », a-t-il fait remarquer.

Camille Chalmers abonde presque dans le même sens. Selon l’économiste, c’est une décision hâtive qui aura de lourdes conséquences sur les conditions de vie de la population. « Cette mesure, soutient le professeur Chalmers,  aurait dû reposer sur une étude qui permettrait de comprendre comment le carburant est utilisé au sein de l’économie haïtienne.Ajouté à cela,tout gouvernement responsable mettrait en place un système de subvention garantissant un accès favorable à toutes les filières créatrice d’emplois dans le pays ».

Des syndicalistes  en grogne suite à cette décision

Avant de revoir à la hausse les prix des produits pétroliers, le premier ministre Ariel Henry, s’est entretenu avec des syndicalistes autour de sa décision. Néanmoins,les membres du gouvernement n’ont fait aucun cas des propositions des syndicalistes, a expliqué le coordonnateur du mouvement des transporteurs unifiés haïtien (MUTH), Duclos Benissoit. « L’annonce de la hausse des prix du carburant dans les stations devrait suivre de mesures d’accompagnement en faveur des chauffeurs du transport en commun »,a tancé le syndicaliste.

« Ils ont mis la charrue avant les bœufs et ils doivent faire face aux conséquences », a indiqué le responsable du MUTH exprimant ses mécontentements par rapport à cette décision.

Même avant l’augmentation des prix, plusieurs syndicats dont la Confédération des travailleurs et travailleuses des secteurs privé et public (CTSP), la Confédération des travailleurs haïtiens (CTH), Entè sendikal Premye  Me et Batay ouvriye (ESPM/BO) et la Centrale nationale des ouvriers haïtiens (CNOHA), dans un communiqué,  se sont insurgés contre cette démarche la jugeant très inopportune.

Faut-il rappeler, il ya environ 3 ans,soit en juillet 2018, l’ajustement des prix des produits pétroliers a mis la capitale haïtienne à feu et à sang. L’administration Moïse/Lafontant, à l’époque,  n’avait d’autre choix que de retourner sur sa décision. Aujourd’hui,on se questionne sur l’opportunité d’une telle mesure, considérant que le pays est davantage enfoncé dans la crise et un marasme économique sans précédent.

Mario Sylvain

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