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Haïti : les violences sexuelles à l’encontre des femmes et des filles utilisées  par les gangs « pour  installer la peur »

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Depuis quelques années, le sang coule tous les jours en Haïti. Les conflits des groupes armés s’étendent sur tout le territoire. Dans cette situation de violence, le viol est utilisé comme un moyen pour répandre la peur et renforcer le contrôle territorial, par les gangs. Les victimes de violences sexuelles dans les quartiers populaires lors des attaques des gangs ne se comptent plus. Plusieurs instances humanitaires dénoncent ces actes commis contre les femmes et les filles.

La société haïtienne est en proie à une crise sécuritaire sans précédent. Les cas de meurtre, de massacre, de kidnapping et de viols sont le lot quotidien. Le nombre de femmes victimes de violences sexuelles, ces derniers mois,  est incalculable. Les rapports publiés récemment révèlent des chiffres accablants. Plusieurs organisations de défense des droits humains se voient obligées de s’exprimer à ce sujet. Ainsi, Kri Fanm Ayiti (KRIFA), une organisation travaillant pour la défense et la promotion des droits des femmes et des filles, dans un communiqué de presse publié le 10 octobre, dit dénoncer les multiples cas d’abus physique et sexuel dont sont victimes les Haïtiennes résidant pour la plupart dans la zone métropolitaine.

Les quartiers populaires sont souvent contrôlés par les gangs. Ces derniers  livrent souvent des combats pour la conquête de territoires. Lors des attaques de ces groupes armés, hommes, femmes et enfants ne sont pas à l’abri et sont victimes de toutes sortes d’atrocités. Des femmes et des filles, en particulier, sont  massacrées et violées par ces groupes armés. Les cas de viols collectifs sur les femmes mûres et parfois sur les mineures sont de plus en plus fréquents. « Plus d’une cinquantaine de femmes et mineures sont victimes de viols collectifs et de maltraitance par les bandits armés à Cité-Soleil, à la Saline, à la Croix-des-Bouquets, précisément dans la banlieue de Canaan », rapporte KRIFA à travers cette note de presse.

« Ces crimes odieux devraient soulever l’indignation et la colère de tous, car ils sont les conséquences du non-respect des obligations de l’État haïtien en matière de sécurité et de protection de tous ces citoyens et de toutes ces citoyennes », soutient fermement l’association de défense des droits des femmes et des filles. Parallèlement, KRIFA rappelle que ces crimes vont laisser des séquelles psychologiques chez les victimes et invite ces dernières à toujours porter plainte afin d’engager la responsabilité de l’État.

D’autre part, dans un rapport publié conjointement par le Bureau Intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH) et le Haut-Commissariat des Nations-Unies aux droits de l’homme (HCDH), l’ONU dénonce l’utilisation de la violence sexuelle par les gangs pour semer la peur. Ce rapport intitulé: « Violences sexuelles à Port-au-Prince: une arme utilisée par les gangs pour installer la peur », a été publié le 14 octobre. « Le nombre de cas augmente de jour en jour à mesure que la crise humanitaire et des droits humains en Haïti s’aggrave », a fait savoir Nada Al-Nashif, cheffe par intérim du HCHD.

Les faits révélés dans ce rapport sont alarmants. Dans les quartiers populaires, les femmes, les hommes, les enfants et les personnes appartenant à la communauté LGBT+ sont indistinctement victimes de violences sexuelles. Environ 90 entretiens avec des victimes de crimes sexuels ont été menés. Et le fait est que les groupes armés utilisent de plus en plus le viol collectif pour consolider et étendre leurs territoires. En dehors de tout ça, beaucoup de cas de viols ont été recensés dans les cas d’enlèvement et certains ravisseurs ont même filmé les scènes pour mettre la pression sur les familles des victimes.

Entre janvier et juillet, selon le rapport de l’ONU, plus de cinquante enfants des deux sexes âgés de 10 ans et  de femmes âgées ont été victimes de violences sexuelles, y compris de viols collectifs, devant leurs proches dans les quartiers populaires. La violence est devenue irrépressible à Port-au-Prince. D’après le BINUH et l’HCDH, aujourd’hui, environ 60% de la capitale est sous l’influence des bandes armées. Ces instances rappellent aux autorités nationales l’urgence de s’attaquer aux violences sexuelles qui deviennent de plus en plus incontrôlables dans la société haïtienne.

La plupart des victimes de violences sexuelles liées aux gangs n’ont pas facilement accès à des soins médicaux. D’ailleurs, la majorité des centres de santé qui existaient aux environs des quartiers contrôlés par les bandes armées sont dysfonctionnels, en raison de l’insécurité. Outre l’accès aux soins médicaux, l’accès aux soins de santé mentale et aux accompagnements  psychologiques est également très difficile. Pourtant, les traumatismes  qui résultent de ces épreuves sont extrêmement importants et ont des conséquences lourdes sur la vie des survivants.

Tous les jours en Haïti, des vies sont détruites. Les massacres, les enlèvements, les balles perdues, les agressions physiques et sexuelles et les viols collectifs sont différentes façons de mourir dans le pays. Les gangs encerclent la population de toutes parts. Tous les jours, les instances humanitaires déplorent et dénoncent. Pendant que la population se plaint et meurt et que le mal marche à grand pas. Il est donc essentiel d’apporter une solution urgente à ce fléau qui menace de détruire complètement la société haïtienne. Aujourd’hui, la question que se posent plus d’un est, au lieu de déplorer, de condamner et de dénoncer : n’est-il pas temps de poser des actions concrètes et de libérer le pays?

Leyla Bath-Schéba Pierre Louis

pleyla78@gmail.com

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