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Haïti : RSF appelle à la protection des journalistes et des médias

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L’organisation internationale Reporters Sans Frontières (RSF) et plus de 90 journalistes haïtiens lancent un appel à la communauté internationale et au nouveau Conseil Présidentiel de Transition pour la protection de la liberté de la presse en Haïti. Cet appel lancé le 12 avril dernier, vise à mettre le droit à l’information au premier plan dans les discussions de sortie de crise du pays.

En Haïti, en raison de la recrudescence de la violence des gangs, les journalistes sont confrontés au quotidien à des défis majeurs et sont contraints d’exercer leur métier en toute insécurité. En effet, faire du journalisme  devient un risque, car les professionnels de l’information sont souvent la principale cible des bandits. « Nous vivons dans une peur quotidienne d’être agressés, d’être kidnappés, d’être assassinés. Depuis 2022, au moins six de nos collègues ont été tués en raison de leur activité professionnelle. D’autres sont attaqués et blessés, pris en otage, lorsqu’ils couvrent des manifestations dans un contexte de conflits armés réguliers entre les différents gangs et les forces de l’ordre. Nous subissons des exactions dans une impunité absolue, en l’absence d’un État de droit », déplorent les journalistes haïtiens.

« Les reporters sont également régulièrement victimes de menaces, d’attaques et d’enlèvements. Ces violences accrues sont commises en toute impunité, en l’absence d’un État de droit dans le pays. Et à mesure que le contrôle des gangs s’étend sur la capitale, Port-au-Prince, les journalistes se retrouvent confinés à quelques quartiers où ils peuvent encore exercer leur activité, non sans risque. Nombre d’entre eux ont dû se résigner à l’exil », a déclaré RSF.

« Il est difficile d’imaginer un contexte plus complexe pour l’exercice du journalisme que celui que nous connaissons aujourd’hui en Haïti. Aux défis historiques auxquels la presse est confrontée, s’ajoute l’impact d’une insécurité qui a atteint un niveau sans précédent ces derniers mois, avec des journalistes attaqués, kidnappés, empêchés de se déplacer en raison des actions des gangs, et se trouvant dans une situation de précarité économique généralisée. L’écosystème de l’information en Haïti est en danger dans son ensemble, alors même que l’information est une ressource plus essentielle que jamais pour rendre compte au monde de ce qui se passe dans le pays. Le journalisme doit occuper une place centrale dans les discussions sur la sortie de crise et figurer sur l’agenda de la coopération internationale », soutient Artur Romeu, directeur du bureau Amérique latine de RSF.

« Nous alertons sur les conséquences structurelles de ce contexte d’insécurité généralisée : la dégradation des infrastructures, l’inaccessibilité à la formation, l’instabilité financière des rédactions, la précarisation des conditions matérielles nécessaires au travail des journalistes. Les conditions de sécurité de notre travail se sont tellement détériorées que poursuivre notre mission devient un acte d’héroïsme quotidien. Face à ces risques d’ampleur, l’autocensure, l’abandon de la profession et l’exil sont des alternatives qui se présentent de plus en plus comme nos seules stratégies de survie », indiquent les journalistes, rappelant que le droit à l’information est une ressource vitale.

En ce sens, RSF et les journalistes haïtiens condamnent fermement les actes d’injustice perpétrés à l’encontre des professionnels de l’information et lancent un appel à la communauté internationale, aux agences de coopération, aux organisations internationales et au Conseil Présidentiel de Transition, pour que le soutien aux journalistes et à l’écosystème médiatique occupe une place centrale dans les discussions de sortie de crise.

Le seul espoir des dirigeants politiques pour apaiser les maux de la population, c’est l’installation du Conseil Présidentiel de Transition (CPT) qui aura pour mission de nommer un nouveau Premier ministre. Cependant, ce processus tarde encore et plonge encore dans l’incertitude. La nomination du CPT continue d’animer la scène de théâtre, incitant la colère de la coalition “ViV ansanm”. Deux jours après la publication des noms des 9 membres du CPT dans le journal officiel Le Moniteur, l’entrepôt des presses Nationales d’Haïti, situé à la rue du Centre, où se trouve ledit journal a été vandalisé par des bandits. Selon ce qu’a rapporté le directeur général de l’institution, les individus armés l’ont pris en otage pendant quinze minutes et l’ont forcé à remettre tout l’argent liquide qu’il avait à disposition.

Marie-Alla Clerville

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