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Le système sanitaire haïtien face à une situation alarmante

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Le climat de terreur prolongé qui règne dans le pays entrave gravement le fonctionnement des services de santé. En effet, certains centres hospitaliers ont dû suspendre leurs activités à cause des attaques armées, ceux qui résistent encore font face à des défis accrus. Les personnels sanitaires contactés par Le Quotidien News, affirment avoir rencontré d’énormes difficultés en raison du manque de matériel adéquat pour maintenir les soins de santé. De plus, ils sont confrontés au quotidien à des violences extrêmes.

« La situation est très difficile en ce moment. L’Hôpital Sainte Thérèse de Miragoâne est confronté à des défis considérables en raison de la crise qui sévit dans le pays. Étant donné que nous étions déjà exposés à des limitations avant la crise actuelle, les défis se sont intensifiés. Avec les troubles à Port-au-Prince, qui est la principale source d’approvisionnement, la situation est encore plus précaire », déclare Danove Jose Karly Dieufort, médecin à l’Hôpital Sainte Thérèse de Miragoâne, soulignant qu’en dépit de tout, le centre s’efforce de faire de son mieux pour remplir ses missions et fournir des soins de santé à ceux qui en ont besoin.

Selon Dr. Dieufort, la violence des gangs exacerbe les défis déjà présents dans le système de santé, en rendant l’accès aux soins encore plus difficile pour les citoyens. En effet, près de 18 structures sanitaires sont devenues dysfonctionnelles en raison de l’insécurité, y compris le plus grand centre hospitalier du pays, l’Hôpital de l’Université d’État d’Haïti, plus connu sous le nom (Lopital jeneral), qui est pris en otage par les gangs armés. « Cette situation entrave la livraison des fournitures médicales essentielles, perturbe les services hospitaliers et décourage les professionnels de la santé, compromettant ainsi la capacité du système de santé à répondre efficacement aux besoins de la population », ajoute-t-il.

 « Cette crise sanitaire me touche profondément tant sur le plan émotionnel que professionnel. Sur le plan émotionnel, voir mes patients souffrir davantage en raison de l’instabilité et du manque d’accès aux soins de santé me pèse énormément. La frustration de ne pas pouvoir fournir les soins nécessaires en raison des ressources limitées et des risques pour ma propre sécurité est également très présente. Sur le plan professionnel, la crise complique la gestion des cas médicaux, le suivi des traitements et la coordination des soins, ce qui rend notre travail encore plus exigeant », confie Dr. Dieufort, précisant que, malgré ces défis, il continue à aider ses patients du mieux qu’il peut, en dépit des circonstances difficiles.

Outre les contraintes susmentionnées, les hôpitaux font face également à une rareté de sang. Bon nombre de patients meurent parce qu’on n’a pas pu trouver à temps une possibilité de transfusion sanguine. Selon le médecin Dieufort, ce problème est dû à plusieurs raisons.

Tout d’abord, il y a un manque d’infrastructures et de ressources pour collecter, stocker et distribuer le sang de manière efficace. Ensuite, il y a une faible sensibilisation et participation du public aux dons de sang en raison de diverses raisons, notamment les croyances culturelles, la méfiance envers les établissements de santé et le manque de compréhension sur l’importance du don de sang. L’instabilité politique et les crises économiques ont également un impact sur la capacité des institutions de santé à fournir des services de transfusion sanguine de manière régulière et fiable. En conséquence, l’accès au sang pour les patients en besoin reste un défi majeur en Haïti.

Le docteur Herode Varin, affecté au Centre Médical Rhevamedic, situé sur la route nationale #1, explique qu’en raison de la montée de l’insécurité, ce centre est fermé depuis plus d’un mois. « Le système de santé est mis à genoux face à la gangstérisation du pays, ce qui a favorisé le départ massif de nos professionnels de santé vers l’étranger. Ce qui a comme conséquence également la fermeture de certaines structures sanitaires ou voire même la disparition de certaines spécialités pour lesquelles il y avait déjà peu de médecins pratiquants ».

« En tant que médecin, parfois, je suis dévasté par cette situation alarmante et qui fragilise le présent tout comme le futur de chacun. On est parfois impuissant face à certaines situations auxquelles sont confrontées nos patients et qui nous affecte également, car cela peut impacter la prise en charge des patients », regrette Dr. Varin.

Une réponse urgente est nécessaire pour éviter l’effondrement total du système de santé

Dans ce contexte d’insécurité généralisée, paralysant tous les secteurs d’activité dans le pays, une réponse urgente est nécessaire pour éviter le pire. Dr. Varin se dit peiné d’assister aux actes de vandalisme qui mettent à la dérive le système de santé et particulièrement les centres hospitaliers. « Si de tels actes continuent à se reproduire, nous risquons de perdre davantage nos structures sanitaires. Ce qui rendra encore plus difficile l’accès aux soins de santé », poursuit-il, précisant que la problématique de l’insécurité est généralisée et ne se réduit pas uniquement au secteur de la santé. Pour améliorer cette situation, il faudrait un plan de sécurité globale qui pourrait évidemment inclure la sécurisation des espaces fournissant des soins de santé.

Pour Dr. Dieufort, l’État doit aborder l’insécurité dans les structures de santé en tenant compte de cette complexité et en prenant des mesures qui vont au-delà de la simple protection des établissements médicaux. Cela nécessite une approche holistique qui vise à résoudre les causes profondes de l’insécurité dans le pays, telles que la pauvreté, le chômage, l’inefficacité des institutions et la faiblesse de l’État de droit.

Toutefois, prenant en compte cette complexité, l’État doit mettre en œuvre des mesures efficaces pour protéger les centres hospitaliers et garantir un accès sûr aux soins de santé pour tous les citoyens. Cela inclut le renforcement des capacités de sécurité, la lutte contre l’impunité, le développement des communautés et la promotion de la coopération entre les autorités locales, les forces de l’ordre et les établissements de santé, soutient-il.

Marie-Alla Clerville

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