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Et la jeunesse dans tout ça !

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En fait, nous sommes en passe d’hypothéquer l’avenir de la nation. Cette crise que les élites entretiennent jalousement va finir par compromettre le rêve de plusieurs générations. Un calcul omis par les parties prenantes qui ne jurent que par la politique de la corde raide, la déstabilisation, la prise du pouvoir et le sauve qui peut pour arriver à leur fin.

Nous avons tort de considérer la crise comme spécifiquement politique. Le plus dangereux ce ne sont pas les tergiversations des acteurs politiques ni les actes de grand banditisme. C’est plutôt ce que cela engendre: ses impacts concrets sur la vie de la population.

Prenant comme point focal la politique, nous ne remarquons pas que l’éducation est en train de s’effacer dans le pays. Que la vie s’amenuise peu à peu. Selon le dernier rapport présenté par le Bureau Intégré des Nations Unies (BINUH), le nombre de personnes tuées ou blessées entre janvier et mars 2024 est de 2505. Un total de 89 enfants ont également été signalés assassinés ou blessés. Ce sont des chiffres qui ne préoccupent pas trop puisque nous côtoyons la mort au quotidien et que l’acceptons comme normale.

En octobre 2022, l’OIM avait recensé 96000 déplacés internes à Port-au-Prince. En janvier 2024, le chiffre est passé à 314 000, dont 170 000 enfants. Si nous nous référons à d’autres rapports, nous finirons par constater que plus de 5 millions d’Haïtiens sont dans l’insécurité alimentaire. Nous avons opéré une cassure entre une génération prédatrice qui s’en va et d’autres comprenant les jeunes actifs et les enfants dont les rêves sont tués dans l’œuf.

En ce qui a trait à l’éducation, en juillet 2022, l’UNICEF avait signalé qu’une école sur trois ne fonctionnait pas à Port-au-Prince à la suite des événements d’avril de la même année.  Que 55 000 enfants n’étaient pas retournés à l’école à cause de la violence des gangs. À la fin de 2023 et au début de 2024, la situation est devenue plus compliquée. Les activités scolaires sont au point mort à Port-au-Prince. Les universités, les centres professionnels, les écoles publiques et privées sont pris pour cibles par les gangs armés.  À Mariani, les élèves sont toujours séparés de leurs salles de classe depuis novembre 2023. Ce qui représente un manque à gagner énorme pour les apprenants. Un risque dont nous minimisons l’ampleur jusqu’ici.

Logiquement, l’avenir de plusieurs générations est définitivement mis en péril.Qui aura pitié de ces jeunes qui vont devoir être admis en classe supérieure malgré des années d’études non achevées ? Que cherche le Ministère de l’Éducation Nationale et de la Formation Professionnelle (MENFP) qui prend plaisir, depuis près d’une décennie,  à adopter  des mesures cosmétiques pour tenter d’équilibrer des années académiques émiettées? Qu’espérer des générations qui vont arriver sans les formations de base nécessaires dans un pays qui fonctionne comme une jungle?

Cette crise que nous sommes en train de vivre n’a pas de nom. Nous risquons d’y rester encore longtemps puisque plusieurs générations de jeunes sont déjà tombés dans le piège. Le pain de l’instruction leur a été volé. On les a aussi privés de tous les services de base. Si c’est vrai que l’éducation élève une nation, les élites ont sciemment choisi pour nous l’obscurantisme. Continuons de miser sur des stratagèmes ponctuels. La solution doit être macro, n’en déplaise à vous.

Daniel SÉVÈRE 

danielsevere1984@gmail.com

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