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Haïti-séisme: Des dons qui appauvrissent ?

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Les mouvements de solidarité des pays « amis » envers Haïti est facteur d’opinions controversées entre ceux qui pensent que c’est l’occasion rêvée pour le pays d’améliorer son statut économique, et ceux qui ne s’attendent à aucun changement. Dans une entrevue exclusive accordée au journal Le Quotidien News, l’économiste Jean Poincy  estime que l’aide externe est une fausse solidarité.

Environ deux semaines après le séisme du 14 août 2021 qui a ravagé la côte Sud du territoire haïtien, plusieurs pays et organisations continuent à faire des « dons » au pays, sous forme notamment de devises. Jean Poincy a un point de vue partagé par plusieurs sur la nature de cette vague de solidarité : « Tant à l’interne qu’à l’externe, c’est une fausse solidarité. C’est une solidarité hypocrite… ».

Il continue son intervention en expliquant son point de vue. Pour lui, à l’interne, ce phénomène n’est que campagne politique et sert les intérêts d’une minorité agissante … En effet, des faits montrent que plusieurs profitent de la situation pour mener campagne pour les prochaines élections. « À l’externe, c’est l’approche qui suppose l’existence d’un misérable pour apitoyer les riches philanthropes », déclare l’économiste.

Aussi, il est d’avis que ce n’est par ce chemin que le pays s’extirpera de la crise économique. « Cette configuration n’est pas une porte de sortie pour un développement économique. Donc, il n’y a rien à espérer comme changement structurel capable de corriger le mal-être économique du pays. Ce n’est même pas une question d’affaiblir l’État », affirme-t-il.

L’économiste estime toutefois que  si ces dons étaient pris en charge par un État organisateur qui centraliserait toute réception en espèces ou en nature venant de quiconque, ces dons seraient la bienvenue. « Via une planification rationnelle distributive, cet État organisateur s’assurerait que tout le monde en bénéficierait en toute équité », explique-t-il. Il estime aussi que cela demanderait « une organisation de l’espace, l’identification systématique des  gens et la mise sur pied d’une structure d’accueil pouvant répondre aux besoins basiques de tous les affectés ».

Pour Jean Poincy, il n’y a pas  de stratégie économique propre à la situation de crise générée par le séisme. Il est d’avis que le pays  a besoin d’une stratégie économique générale, permettant de créer le plus d’emplois possible. Si cela devrait être fait dans un temps record, il devrait pouvoir durer longtemps.

Par ailleurs, l’économiste n’hésite pas à pointer du doigt le fait que certains voient l’avenir du pays reposer uniquement sur l’agriculture. « Le pays ne peut pas reposer sur l’agriculture parce qu’il est dans une zone fragile  confrontée régulièrement à des catastrophes naturelles », déclare-t-il. Selon lui, il n’y a pas d’autres issues que l’industrialisation ou la « manufacturation » des différentes régions du pays puisque cette condition ralentit toujours la marche de l’économie. « Tant que nous y resterons, l’inflation et le taux resteront les virus de l’économie du pays », prédit-il.

Ketsia Sara Despeignes

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