« Haïti se trouve à l’épicentre d’une menace régionale inédite. Des réseaux criminels puissants et lourdement armés cherchent à déstabiliser le pays et à dominer les économies de tout notre espace commun », a affirmé, le 25 septembre 2025, le coordonnateur du Conseil Présidentiel de Transition (CPT), Laurent Saint‑Cyr, à la tribune de l’ONU à New York. Il a souligné que la nouvelle ligne de front de ce combat se trouve en Haïti, à seulement quatre heures de vol des États-Unis.
Lors de son discours à l’Assemblée générale de l’ONU, Laurent Saint‑Cyr a déclaré que « si nous échouons à les affronter [les gangs armés] sur notre sol, il sera illusoire de les contenir ailleurs dans la région ». C’est pourquoi, dit‑il, « nous devons afficher la même détermination, la même fermeté et la même unité que celles dont nous avons fait preuve dans la lutte contre le terrorisme ».
Un appel pressant à la communauté internationale
À en croire M. Saint‑Cyr, Haïti ne peut, et ne pourra pas, relever seul un tel défi. « Aujourd’hui, il est impératif de mobiliser une force robuste, disposant d’un mandat clair et de moyens matériels, logistiques et financiers adéquats en la matière. Les leçons de l’expérience de la MMAS et les recommandations des experts haïtiens doivent être mises à profit », a‑t‑il demandé à la communauté internationale lors de son discours à la 80ᵉ session de l’Assemblée générale des Nations Unies aux États‑Unis.
De plus, il a déclaré que le pays a également besoin d’une coopération internationale renforcée, fondée sur le partage de renseignements et des contrôles douaniers rigoureux, afin de stopper le flux d’armes, de munitions, de drogues et de financements vers les gangs. « La paix ne pourra être restaurée que si nos partenaires de la région veillent, par des mesures concrètes, à ce que leurs territoires ne servent plus de point de départ ou de transit à ces trafics », déclare le coordonnateur du CPT.
Laurent Saint‑Cyr veut écouter la voix du peuple haïtien, tout en optant pour de nouvelles approches adaptées sur le terrain. « Les approches qui n’ont pas porté fruit hier ne sauveront pas Haïti aujourd’hui. Il est impératif d’écouter la voix du peuple haïtien, d’oser des solutions nouvelles, fortes et adaptées aux réalités du terrain », a‑t‑il fait savoir. « En ce sens, nous souscrivons pleinement aux efforts engagés pour transformer la mission multinationale d’appui à la sécurité.Nous appelons également à la solidarité de toute la communauté internationale, et plus particulièrement à l’engagement des membres du Conseil de sécurité, pour un vote favorable à la résolution établissant une Force de suppression des gangs », a exigé M. Saint‑Cyr.
Haïti est un pays en guerre
« En Haïti, c’est une guerre qui se joue. Une guerre entre des criminels qui veulent imposer la violence comme ordre social et une population désarmée qui lutte pour préserver la dignité humaine et la liberté. La riposte doit être ferme et résolue », déclare Laurent Saint‑Cyr à l’ONU. « Chaque jour, des vies innocentes s’éteignent sous les balles, le feu, la peur. Des quartiers entiers disparaissent, forçant plus d’un million de personnes à l’exil intérieur et réduisant à néant souvenirs, investissements, infrastructures », a décrit M. Saint-Cyr.
« Des milliers de jeunes sont condamnés au désespoir, des centaines de filles et de femmes violées portent à jamais dans leur chair et dans leur âme les stigmates de la violence (…). Les hôpitaux sont vandalisés, incendiés ou contraints de fermer leurs portes. Les médecins fuient, des vies sont sacrifiées faute de soins », a‑t‑il révélé.
Voilà le visage d’Haïti aujourd’hui, explique‑t‑il : un pays en guerre, un… contemporain, une tragédie humaine aux portes de l’Amérique, à seulement quatre heures de vol d’ici.
Un message aux pays amis d’Haïti
Lors de son allocution, le coordonnateur du CPT a souligné l’apport inestimable de la diaspora haïtienne à travers le monde et le sort souvent difficile qui lui est réservé. « Qu’ils vivent en Amérique, en Europe, en Afrique ou ailleurs, les millions d’Haïtiens à l’étranger contribuent au développement d’Haïti », a‑t‑il souligné.
Alors que le pays traverse une crise multidimensionnelle aiguë, M. Saint‑Cyr appelle à la patience et à la compréhension des partenaires et amis d’Haïti, afin que les ressortissants haïtiens soient toujours traités avec respect et dignité. Car derrière chaque migrant, explique‑t‑il, il y a un visage, une famille, une histoire et une contribution au pays d’accueil. « Haïti réaffirme son attachement au dialogue et à la coopération bilatérale, dans l’esprit du bon voisinage et du respect mutuel, afin d’identifier des solutions équilibrées et durables aux problèmes de l’île.La circulation sûre et régulière des biens et des personnes, notamment par voie aérienne, est essentielle à un avenir partagé et à une prospérité commune », a‑t‑il fait savoir.
À en croire M. Saint‑Cyr, Haïti n’est pas une nation de résignés. « Nous sommes un grand peuple. Un peuple solidaire. Des femmes et des hommes qui se sont sacrifiés pour leur patrie et pour l’humanité. Haïti n’est pas un territoire livré aux criminels armés, mais une nation debout, composée de familles dignes et résilientes, qui, chaque jour, malgré les pires épreuves, luttent pour un avenir meilleur. Je rends hommage à mes compatriotes, qui sont, sans conteste, parmi les peuples les plus résilients de la terre. Ils méritent mieux. Leur redonner espoir est ma seule mission. C’est pourquoi, en ce moment, je vous appelle à vous tenir aux côtés d’Haïti. Nous devons bâtir la paix en Haïti », a‑t‑il conclu.
Jackson Junior RINVIL
rjacksonjunior@yahoo.fr