Haïti : une déclaration conjointe de certains acteurs politiques pour une sortie de crise
3 min readSi la crise politique en Haïti persiste encore par faute d’un compromis entre les acteurs, les accords et groupes politiques ne cessent de se constituer, et les propositions de sortie de crise se multiplient. Ce mardi 25 octobre, divers représentants d’accords ainsi que d’autres entités politiques ont signé une déclaration conjointe afin – disent-ils – de parvenir à un compromis historique.
Les Partis PHTK, Rasanble, Ayiti An Aksyon, RDNP, UNIR, l’Accord Unitaire d’Haïti, le groupe PEN, le Groupe de concertation politique sont autant de structures qui ont signé cette « Déclaration conjointe de représentants d’accords et d’entités politiques » le 25 octobre dernier. Pour ce nouveau groupe, l’objectif est de mettre fin à la crise. « Nous, signataires de la présente déclaration, représentants d’Accords et d’Entités politiques de divers horizons, réunis à l’extraordinaire, avons convenu de conjuguer nos efforts pour juguler de façon durable et consensuelle, cette longue crise qui met en péril les fondements mêmes de la République et fait planer, une fois de plus, de lourdes menaces sur notre Souveraineté nationale », peut-on lire dans le document publié.
Selon eux, la situation actuelle est devenue critique, et ils se disent préoccupés. « Nous sommes vivement préoccupés par la dégradation accélérée de la situation générale du pays et par les souffrances que cela impose à une population privée des services essentiels à son existence, à son bien-être et à son émancipation », lit-on dans la déclaration. « Nous voulons œuvrer, dans un élan patriotique, avec le souci de privilégier les intérêts supérieurs de la Nation, en dehors de toutes considérations partisanes et de tout esprit de sauvegarder des intérêts particuliers ou des droits indûment acquis », ont-ils ajouté.
Pour les signataires de cette déclaration conjointe, la situation est urgente, et il importe de trouver les conditions d’organisation des élections dans les 18 mois à venir. « Nous déclarons l’urgence nationale et nous nous rendons disponibles « illico » et sans discontinuité, pour rechercher ensemble l’indispensable compromis historique, capable de garantir : la protection des vies et la libre circulation des personnes et des biens ; la reprise totale des activités, la stabilité et l’effectivité de la gouvernance intérimaire ; l’amélioration des conditions de vie des couches défavorisées ; la création des conditions pour l’organisation des élections démocratiques dans un délai ne dépassant pas 18 mois », ont-ils indiqué.
Déjà des désaccords au nouvel accord
Bien qu’ayant rassemblé de nombreux acteurs, d’autres se positionnent déjà contre ce nouveau compromis qui, disent-ils, n’est que l’œuvre du PHTK pour assurer sa continuité au pouvoir. Pour l’ex-Sénateur et Premier Ministre désigné par l’accord de Montana, pas question de rejoindre cette déclaration. « Je maintiens : Pas de cohabitation avec les dilapidateurs de fonds, pas de cohabitation avec des criminels. Justice pour les victimes des massacres commis par le régime en place », a-t-il déclaré dans un tweet le 26 octobre. « Je reste attaché à l’accord de Montana signé le 30 août 2021 qui représente le plus large consensus jamais trouvé en Haïti. Vive une transition de rupture, non à la corruption et à l’impunité », avait-il ajouté.
D’un autre côté, l’ex-Sénateur Jean-Charles Moïse, dans des propos recueillis par Le Nouvelliste, y voit une opposition en réponse au Conseil de Transition du Peuple Souverain « KTPS », constitué peu avant. « Cette démarche précipitée intervient après la formation de notre Conseil de transition. C’est un accord « Kè sote ». Notre proposition fait peur aux Ambassades, au Gouvernement, aux leaders politiques, etc. Les alliances sont certes une bonne chose pour la démocratie. Mais cette nouvelle coalition prouve que chacun choisit son camp. Ils ont refusé une alliance avec le peuple et se sont positionnés aux côtés d’un gouvernement décrié », avait-il déclaré lors d’une conférence de presse le jeudi 27 octobre.
Clovesky André-Gérald PIERRE