Haïti : Vers une sixième année de croissance négative ?
3 min readL’économie haïtienne est à l’agonie. Les indicateurs macroéconomiques sont presque tous dans le rouge. Le niveau de la production de richesse a chuté considérablement dans le pays. De plus, les troubles sociaux et politiques continuent de rendre plus précaire la situation économique. L’année 2022-2023 a été la cinquième année consécutive où le taux de croissance économique est négatif. Pour l’économiste, Thomas Lalime, le pays risque d’avoir une 6e année consécutive si rien n’est fait pour remonter la pente.
Durant les cinq dernières années qui se sont écoulées, nous avons des taux de croissance économique négatifs en Haïti. L’année 2022-2023 est la 5e année consécutive où le taux de croissance économique est négatif en Haïti, explique l’économiste Thomas Lalime. « Ce qui veut dire qu’il y a eu une diminution considérable dans la création de la richesse dans le pays durant ces dernières années », a-t-il ajouté.
Le parallèle entre deux périodes
La dernière fois que le pays a connu une situation similaire remonte à la période du coup d’État contre le Président Jean Bertrand Aristide le 30 septembre 1991 où le pays avait enregistré trois années consécutives de croissance économique négative, rappelle M. Lalime. « Nous avons attendu jusqu’en 2008 sous l’administration du Président René Préval pour rattraper le niveau de Produit Intérieur Brut que nous avions avant le coup d’État du 30 septembre 1991. Or, aujourd’hui, si rien n’est fait pour redresser la barre, on peut avoir une 6e année consécutive de croissance économique négative. Et on va prendre beaucoup plus de temps pour avoir des croissances économiques positives dans le pays », a-t-il soutenu. Par ailleurs, selon l’économiste, la détérioration du climat sécuritaire du pays a aussi des conséquences sur la vie économique du pays.
Que faut-il faire pour améliorer la situation économique du pays ?
Selon l’économiste, la création de la richesse dans le pays passe par le travail. Cependant, pour pouvoir mettre les gens au travail, il faut créer un climat des affaires favorisant la création des entreprises. « La seule façon pour permettre aux gens de travailler aujourd’hui, c’est de créer un climat sécuritaire stable dans le pays », a-t-il précisé en soulignant qu’aujourd’hui le pays n’a presque rien en termes d’infrastructures routières, d’écoles et d’hôpitaux. « On a la possibilité de commencer à mettre en place des chantiers afin de mettre les gens au travail, de créer des emplois et aussi de mettre le pays sur la voie du développement. Pour ce faire, il faut avoir des dirigeants responsables dans le pays et des hommes qu’il faut à la place qu’il faut », a-t-il affirmé.
On ne peut pas créer des emplois dans le chaos. C’est une erreur de penser qu’on pourrait reconstruire après avoir tout détruit, affirme M. Lalime. « Quelqu’un qui a la volonté de construire ne peut être en aucune manière un partisan de la destruction », pense M. Lalime.
Selon l’économiste, aucun projet de développement ne peut être possible dans le pays si le citoyen n’est pas conscient qu’il ne peut pas voter n’importe quelle personne à la tête du pays. « Si on ne choisit pas des gens compétents et qualifiés qui sont aussi des visionnaires, on ne pourra pas faire d’Haïti un pays prospère », a-t-il martelé.
Les données de la Banque Mondiale sur le cas d’Haïti
Selon la Banque Mondiale, le développement économique et social du pays continue d’être entravé par l’instabilité politique, l’augmentation de la violence, un niveau d’insécurité sans précédent et une fragilité exacerbée. « Au milieu de la crise politique et institutionnelle persistante, de la forte vulnérabilité aux risques naturels, associée à des gangs violents qui se disputent le contrôle des circonscriptions commerciales et électorales, l’économie s’est contractée pendant quatre années consécutives de 1,7 % en 2019, 3,3 % en 2020 et 1,8 % en 2021 et 1,7 % en 2022 », a fait remarquer la Banque Mondiale dans une présentation sur Haïti.
Jackson Junior RINVIL