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« Il faut penser à la santé mentale des écoliers », affirme le professeur Vijonet Déméro

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À l’heure actuelle, la situation socio-politique et économique en Haïti est alarmante. La population fait des efforts surhumains pour ne pas sombrer. Les activités commerciales sont handicapées et les conséquences de cette crise multidimensionnelle sont très néfastes. Alors que les activités scolaires dans le pays sont totalement paralysées, le professeur et psychologue Vijonet Déméro dit craindre les retombées négatives de cette crise sur la santé mentale des jeunes écoliers haïtiens.

En Haïti, aujourd’hui encore, la notion de bien-être généralisé reste une utopie. La population haïtienne souffre  quotidiennement et est mentalement épuisée, surtout du côté des plus jeunes. La situation de crise et de conflit entraîne une atmosphère de stress et l’incertitude sur la réouverture des classes cette année n’est pas sans conséquences sur la santé mentale des écoliers. D’ailleurs, en ces temps difficiles, il est  recommandé que les parents y prêtent attention.

« De plus, le 10 octobre on célèbre la journée mondiale de la santé mentale. Dans ce contexte, il est primordial de soulever cette question en ce qui concerne les Haïtiens, surtout chez les jeunes qui sont les plus vulnérables sur ce point », rappelle celui qui est aussi théologien. « Il faut impérativement penser à la santé mentale de nos jeunes écoliers et universitaires, durant ces jours où leur avenir est de plus en plus incertain. En effet, les problèmes d’ordre socio-politique bloquent leur épanouissement et affectent leur développement sur de nombreux points », indique M. Déméro.

Selon l’éducateur et psychologue, la pauvreté, les crises politiques, sociales et économiques, les problèmes familiaux et le kidnapping sont les principales causes des maladies mentales chez les jeunes écoliers en Haïti. « Cette population juvénile frustrée et insatisfaite que nous avons aujourd’hui, est la résultante des nombreuses crises interminables auxquelles elle fait face quotidiennement. La jeunesse haïtienne est fatiguée. Depuis des années, les jeunes essaient par tous les moyens de s’en sortir, mais leurs efforts sont vains », estime le professeur.

Cependant, il n’y a pas que la crise socio-politique et économique qui affecte mentalement les jeunes Haïtiens. Il faut souligner que, d’un autre côté, le dysfonctionnement des activités scolaires, depuis près de cinq années, peut également constituer un élément déclencheur des troubles mentaux rencontrés chez les jeunes.  Paradoxalement, le professeur Vijonet Déméro a souligné que le système éducatif haïtien lui-même est générateur de stress et que les multiples failles qui l’handicapent empêchent largement les écoliers et étudiants d’exploiter tout leur potentiel intellectuel. La structure de l’éducation en Haïti et les problèmes au niveau didactique ont tendance à entraîner la pauvreté. D’ailleurs, l’éducation haïtienne se fait dans la pauvreté et dans de viles conditions.

Malheureusement, depuis quelques années, les résultats scolaires le prouvent. Chaque année, la régression est de plus en plus criante. Déjà avec les problèmes sociaux et économiques, peu d’enfants ont l’opportunité de fréquenter des écoles à l’âge normal. Parmi la minorité qui a la chance de le faire, peu passent le cap de l’école primaire et secondaire. Et parmi ces derniers, très peu entrent à l’université et bouclent leur cursus. Beaucoup de facteurs peuvent entrer en jeu pour empêcher les jeunes Haïtiens de réussir leur parcours scolaire.

L’apprentissage en Haïti est déjà très difficile. D’autant plus que l’atmosphère n’est jamais propice pour cela. Toutefois, même si les conditions didactiques ne sont pas favorables à l’apprentissage, cela ne veut pas dire que les écoliers ne peuvent pas apprendre. Selon le travailleur social, l’éducation haïtienne ne peut plus continuer sur cette lancée. Elle doit obligatoirement prendre en compte la santé mentale de ses principaux acteurs, à savoir les enseignants et les élèves et mettre en place des conditions favorables à l’apprentissage, si elle veut obtenir des résultats positifs.

« Les parents et le personnel éducatif doivent se mettre ensemble avec bien-sûr le support du Ministère de la Santé Publique et de la Population, du Ministère de l’Éducation Nationale et de la Formation Professionnelle et du Ministère des Affaires Sociales et du Travail  pour mettre en place une structure d’aide psychologique au profit des enfants dans les écoles. Ainsi, les enfants bénéficieront d’un support régulier des travailleurs sociaux, d’accompagnement psychosocial et de séances d’accompagnement pour pouvoir garder l’équilibre », conseille M. Déméro.

« Les enfants sont vulnérables et ont besoin de supports minutieux pour traverser toutes ces crises qui entravent leurs performances à l’école. Si l’école reprend dans ces conditions et qu’aucun accompagnement psychologique n’est fait pour amortir les chocs, on faudra s’attendre à beaucoup d’échecs cette année », conclut le doctorant en psychologie et en éducation.

Penser à la santé mentale des plus jeunes dans cette situation de crise est primordial. Les jeunes enfants et adolescents ont grandement besoin de support moral en ces temps sombres. Le pays croupit sous un nuage noir. L’avenir est voilé et totalement incertain. Les jeunes se demandent quand ils reprendront le chemin de l’école. L’une des plus précieuses institutions d’une société. Paradoxalement, plus d’un se demandent est-ce que l’école peut reprendre encore une fois dans les mêmes conditions? Est-ce que mentalement les écoliers sont disposés à reprendre les cours et à subir les épreuves officielles? Encore des questions qui demeurent sans réponse!

Leyla Bath-Schéba Pierre Louis

pleyla78@gmail.com

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