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Il n’y a pas que la justice!

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Tous les yeux sont rivés depuis bientôt deux semaines sur la justice haïtienne. Cette justice qui est mise face à sa responsabilité notamment par  l’Unité de Lutte Contre la corruption (ULCC). Cette justice qui est la chasse gardée des hommes forts de ce pays. Ce système de justice qui est vilipendé et réduit à sa plus simple expression. Affaiblie comme tous les autres institutions régaliennes de l’État, la justice a du pain sur la planche.

L’ULCC a juste mis un coup d’accélérateur en communiquant ce que l’on sait déjà avec moins de certitude bien sûr. Il n’y a rien d’étonnant dans ce qu’elle publie mais, la vérité fait toujours mal surtout quand il s’agit de vol, de détournement de fonds, d’abus de confiance ou de tout autre acte de corruption. En effet, Haïti est très mal classé sur la liste des pays les plus corrompus de la planète. Ce rapport d’enquête n’est peut-être que la pointe émergée de l’iceberg. Un signal indiquant l’entrée de la caverne. D’autres institutions doivent nécessairement faire l’objet d’enquêtes et, ce faisant, nous risquons réellement mais, pour de bon, de faire face à ce que l’on pourrait appeler une « surprise ».

Demander de mettre l’action publique en mouvement contre ces gens politiquement puissants dans ce pays c’en est une, faire le suivi convenablement, en est une autre. Et, compte tenu du niveau du système judiciaire à présent avec des grèves à répétitions, des décisions judiciaires subjectives et monnayées, des tribunaux en piteux état, des juges partiaux et les pressions qui viennent de partout, peut-on espérer quelque chose de ce scandale de trop qui vient de faire surface? Comment pouvons-nous avoir confiance en considérant tous les dossiers qui disparaissent ou qui sont en souffrance dans les tiroirs des tribunaux ? Si l’on se réfère aux scandales qu’avait provoqués récemment la non certification de certains juges pour abus de fonction, à l’absence d’intégrité morale entre autres, n’avons-nous pas assez éléments pour être pessimistes ? Jovenel Moïse l’avait dit sans ambages. En tant que garant de la bonne marche des institutions et ayant prêté serment pour respecter et faire respecter la Constitution, il avait été contraint de nommer plus d’une cinquantaine de juges corrompus dans le système.

Se plaindre ne va apporter aucune solution à l’agonie du système de justice haïtien. Il faut dorénavant essayer de regarder le verre à moitié plein. Tout est urgent sur le bureau des juges et dans les cartables des doyens. Plus les jours ne passent, plus les dossiers s’empilent. Les enquêtes demeurent ouvertes sans pour autant avancer. Les prisons regorgent de gens en détention préventive prolongée. Les enquêtes sur plusieurs journalistes assassinés n’aboutissent pas même pas celle concernant  Jean Léopold Dominique. Le dossier du fonds PetroCaribe est toujours dans l’impasse, celui relatif à l’assassinat de Jovenel Moïse également. Les massacres civils, l’assassinat du Bâtonnier Monferrier Dorval, etc. Viennent maintenant ceux transmis à la justice par l’ULCC. Qu’en est-il des personnes mises en accusation par le Canada, les États-Unis et bientôt l’ONU ?

De toute évidence, quoi qu’on puisse dire, il y a une certaine avancée qui fait trembler les corrompus haïtiens. En attendant que la justice se manifeste, les gifles de la communauté internationale et de l’ULCC assourdissent certes ceux qui se pensaient au-dessus de la loi. Mais nous attendons des jugements, des condamnations si nécessaire. Apprécions ces efforts déjà consentis. Il n’y a pas que l’ULCC. À chacun de jouer son rôle.

Daniel SÉVÈRE

danielsevere1984@gmail.com   

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