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Le Gouvernement haïtien vient de formuler sa demande officielle pour l’envoi en Haïti d’une force militaire spécialisée en quantité suffisante en vue de reprendre le contrôle de la situation. Cette décision prise en Conseil des Ministres dans l’après-midi du 6 octobre 2022, inscrite au numéro 29 du journal officiel Le Moniteur, fait suite à la pression de la communauté internationale exigeant une trêve en urgence pour le déblocage du terminal Varreux. Elle est intervenue vingt-quatre heures de temps après que le Premier Ministre, Ariel Henry en avait fait la mention dans son adresse à la nation, le 5 octobre en cours. À huit jours aussi de la déclaration du chancelier haïtien devant le Conseil de sécurité des Nations Unies assurant que tout est globalement sous contrôle.

Bravo ! Pour  la onzième fois en 29 ans, des militaires étrangers vont devoir fouler le sol national. Aidés par les politiciens haïtiens, ils vont venir mettre de l’ordre à notre place. Une décision qui apporte déception, frustration et colère pour certains. Joie et réconfort pour d’autres. De toute évidence, on doit dorénavant apprendre à vivre avec. C’est la conséquence de nos choix politiques. De notre fanatisme. De notre mesquinerie. De notre servilité, etc.

Dans un intervalle si rétréci, nous avons réalisé l’exploit qu’aucun autre pays de la région n’a pu concrétiser. Une intervention militaire tous les 30 mois en moyenne. Quel paradoxe pour un pays qui se dit indépendant ! Pour une nation souveraine !

Pari gagné pour les politiciens haïtiens. Quinze mois de démagogies. D’interminables querelles politiques. Quinze mois à prêcher le « ôte-toi delà pour que je m’y mette ». À jouer les clowns. Ils peuvent finalement s’en réjouir. Se régaler. Savourer le fruit de leur travail sans remord ni regret. Fêter d’avoir conduit le pays dans cet enfer et d’avoir appelé sans gêne la communauté internationale à l’aide. L’histoire retiendra les noms de ceux qui ont favorisé cette nouvelle situation. Qui n’ont pas pu s’entendre autour d’un projet de transition. Ariel Henry, bien sûr, mais tous les autres aussi.

Selon la Résolution gouvernementale publiée dans Le Moniteur, cette force armée aura, entre autres missions, celle de stopper sur toute l’étendue du territoire la crise humanitaire alimentée par les gangs armés. Elle doit rétablir un climat sécuritaire pour favoriser la distribution du carburant et de l’eau. Aider à rétablir le fonctionnement normal des hôpitaux, la reprise des activités économiques et la libre circulation des personnes et des biens, mais aussi la reprise des activités scolaires et académiques. Cette Résolution, pense plus d’un, est la politique du gros bâton de l’Exécutif pour casser la mobilisation populaire et maintenir les nouveaux tarifs du carburant.

De toute évidence, la décision est déjà prise. C’est une occasion de plus pour nous questionner. Pour examiner notre part de responsabilité dans tout ça. Pour décider comment renaître de nos cendres. Cette situation ne peut être profitable à personne. Même pas aux membres de ce Gouvernement qui a formulé la demande. L’essentiel c’est de se préparer pour ne pas inviter à nouveau la communauté internationale à nous venir en aide, une fois que les troupes seront  parties. Il n’y a pas de quoi pavoiser. Indignez-vous de préférence.

Daniel SÉVÈRE

danielsevere1984@gmail.com

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