Insécurité : Pas moins de 14 fusillades enregistrées à Port-au-Prince et ses environs du 14 mai au 14 juillet
4 min readAprès une baisse du nombre d’enlèvements et d’homicides depuis fin avril, les activités des gangs armés sont reparties à la hausse. Du 1er mai au 12 juillet 2023, pas moins de 40 enlèvements et 75 assassinats ont été enregistrés par le Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH). Du 14 mai au 14 juillet 2023, pas moins de 14 fusillades ont eu lieu à Port-au-Prince et dans les zones avoisinantes.
La machine infernale a redémarré à travers tout le pays. Malgré les efforts de la Police Nationale d’Haïti (PNH) et la vigilance de la population, les gangs armés ont recommencé à terroriser le pays, et aujourd’hui, les cas de fusillades se multiplient de façon exponentielle. Alors que la PNH continue d’appréhender de nombreux présumés criminels au quotidien, les gangs armés n’entendent pas chômer, l’activité criminelle continue de faire des victimes au sein de la population civile. Face à cette situation, le Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH) se dit « particulièrement préoccupé par l’inertie des autorités », et dresse un rapport sur les enlèvements et assassinats commis depuis le 1er mai 2023.
En effet, les victimes se comptent par dizaines pour ces trois derniers mois. « Du 1er mai au 12 juillet 2023, au moins quarante (40) personnes ont été enlevées, soixante-quinze (75) personnes ont été assassinées et plusieurs autres ont échappé à une tentative d’assassinat », a fait savoir le RNDDH dans son rapport « Recrudescence des actes attentatoires aux vies et aux biens : Le RNDDH presse les autorités à agir ».
La Croix-des-Bouquets sous le coup des fusillades
Du 14 mai au 14 juillet 2023, pas moins de 14 fusillades ont eu lieu à Port-au-Prince et dans les zones avoisinantes. À la Croix-des-Bouquets, le 14 mai 2023, au moins 9 chauffeurs de taxi-moto ont été tués lors d’une attaque armée à Bon Repos par des individus circulant à bord d’un véhicule aux vitres teintées. Encore, le 1er juin 2023, dans la localité de Rosemberg, à la Croix-des-Bouquets, une autre fusillade par des malfrats circulant à bord d’un véhicule sans plaque d’immatriculation a causé la mort de 5 individus de sexe masculin. Selon le RNDDH, les riverains ont indiqué que quatre des victimes étaient des fauteurs de troubles locaux. Le 27 juin, c’est encore à la Croix-des-Bouquets, dans la zone de Lilavois, que des individus lourdement armés ont abattu 8 autres personnes, encore présentées comme étant des fauteurs de troubles, « des informateurs de bandits armés ». Et dans l’après-midi du 1er juillet, encore à Lilavois, un commerçant, Davidson, a été exécuté alors qu’il vaquait à ses occupations.
Deux jours plus tard, à Lilavois, des individus ont ouvert le feu en public, faisant au moins quatre morts. Et le même jour, dans la même zone, une autre fusillade a causé la mort de cinq personnes se rendant à un enterrement, dont trois membres de la famille du défunt ainsi que deux croque-morts. Le 5 juillet, à Bon Repos, zone avoisinante de Lilavois, deux fusillades dans des stations de taxi-moto ont conduit à la mort de 7 motards. Le lendemain matin, à Lilavois, un jeune homme a été exécuté par des agents de la Police Nationale, et dans l’après-midi, un autre motocycliste a été lui aussi assassiné. À Tabarre, commune limitrophe de la Croix-des-Bouquets, à Pétion-Ville, à Carrefour et à Carrefour-Feuilles, d’autres fusillades ont également eu lieu au cours de cette période, causant la mort de plusieurs personnes.
Face à cette recrudescence de l’activité criminelle dans le pays, le RNDDH dit condamner avec la plus grande véhémence « l’inertie de l’institution policière » et « rappelle qu’à la tête du Conseil Supérieur de la Police Nationale totalement effacé et rendu dysfonctionnel par les autorités étatiques, se trouve le Premier Ministre de facto Ariel Henry qui y occupe deux (2) sièges ». Le RNDDH pointe également du doigt des agents de la PNH, soutenus par la population, qui se livreraient à une chasse organisée dans laquelle « des personnes indexées par délit de faciès » sont exécutées, accusées de faire office d’antennes pour les gangs locaux, dans le cadre de ce qu’ils appellent un « processus de nettoyage ». L’organisation de défense des droits humains appelle les agents de la PNH à mettre fin aux exécutions sommaires, rappelant que « le délit de faciès est un acte discriminatoire qui consiste à juger une personne en raison de son physique ou de son apparence ».
Clovesky André-Gérald PIERRE