Jacques Roumain, le génie des « Gouverneurs de la rosée » !
4 min readHomme politique, enseignant, et amant de littérature, Jacques Roumain est l’un des plus grands écrivains qu’a connus Haïti. Auteur du recueil « Bois d’ébène » et du classique « Gouverneurs de la Rosée », ce géant de la littérature haïtienne nous a laissé un important patrimoine. Et comme il l’a dit lui-même : « La vie est un fil qui ne se casse, qui ne se perd jamais…Parce que chaque nègre durant son existence y fait un nœud, c’est le travail qu’il a accompli.. », et c’est ce nœud-là qui rend Jacques Roumain immortel !
Né le 4 juin, sur le sol de la capitale haïtienne, Jacques Roumain a effectué ses études primaires et une bonne partie de ses études secondaires à l’institut Saint-Louis de Gonzague, avant de voyager vers l’Europe. Après l’achèvement de ses études en Suisse, il émigre en Allemagne, en France, en Angleterre et en Espagne où il effectue des études en agronomie avant de retourner vers sa terre natale.
Petit-fils de l’ancien Président de la République, Tancrède Auguste, Jacques Roumain a grandi au sein d’une famille très cultivée et très active dans la sphère politique haïtienne. Dans ses veines coulaient déjà le sang d’un homme politique. Ainsi, il s’implique dans la vie politique haïtienne dès son retour d’Europe. Il est au cœur de la lutte contre l’occupation américaine d’Haïti et fonde en 1934 le Parti Communiste haïtien qui ne dura que deux ans. Jacques Roumain fut contraint plusieurs fois à l’exil et arrêté en raison de son implication dans la politique.
Outre son penchant pour la politique, Jacques Roumain était un grand amoureux de littérature. Figurant parmi les plus grands écrivains de la cinquième période de la littérature haïtienne : l’indigénisme, alors, Jacques roumain ainsi que la plupart des créateurs artistiques de l’époque, s’inspirait des valeurs appartenant à la vie et à la culture nationale pour la production de leurs œuvres. Il fait partie des écrivains qui ont fondé la « Revue Indigène » dans laquelle il publie des poèmes, des nouvelles et des traductions.
Il publie alors « La proie et l’ombre », une nouvelle, « La montagne ensorcelée », un roman et « Les fantoches », un autre roman. Emprisonné en 1929 puis en 1934, il est obligé de quitter Haïti. Il s’installe à Paris où il suit un cursus en ethnologie à la Sorbonne et en paléontologie. N’abandonnant sa plume sous aucun prétexte, il continue de faire fleurir son encre dans les colonnes de diverses revues françaises. Traversant l’océan pacifique pour se rendre aux États-Unis, il poursuit ses activités littéraires et scientifiques.
De retour au pays, il fonde le Bureau d’Ethnologie de la République d’Haïti et publie en 1942 le résultat de ses recherches par rapport à la campagne antisuperstitieuse et sa Contribution à l’étude de l’ethno-botanique précolombienne des grandes Antilles. Puis, il enseigne l’archéologie précolombienne et l’anthropologie préhistorique à l’Institut d’Ethnologie et publie un livre intitulé « Le tambour Assoto ».
Comment parler de ce géant de la littérature haïtienne sans évoquer « Gouverneurs de la Rosée » ? Un des classiques de la littérature haïtienne ! À travers ce roman que l’on qualifie couramment de « Roman Paysan », principalement à cause des évocations réalistes de la vie paysanne, de l’odeur de la campagne et de l’ambiance surnaturelle du vaudou qui font la singularité de ce roman, Jacques Roumain prône le vivre-ensemble, les valeurs fraternelles, le « konbit », le « men anpil chay pa lou ». Ce roman nous rappelle nos racines africaines et notre identité haïtienne, tout en nous faisant rêver à travers cette idylle entre Manuel et Anaïse qui constitue l’âme vivante même de ce classique.
Autant son influence dans le domaine littéraire et culturel haïtien fut grande, autant sa vie fut de très courte durée. Mort à seulement 37 ans de cirrhose et de malaria, sur la terre qu’il a passé sa vie à aimer et à chérir, le 18 août 1944. Jacques Roumain, nous a laissé un riche héritage culturel, à travers ses œuvres. Les valeurs qu’il a prônées dans les pages de « Gouverneurs de la Rosée » sont encore d’actualité et aujourd’hui, plus que jamais, nous avons besoin de l’âme des « Gouverneurs de la Rosée ».
Leyla Bath-Schéba Pierre Louis
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