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Journée nationale des Enseignants : À la rencontre d’Yves Roblin, un professeur comme il faut !

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Avec son sens du sérieux et animé par un esprit scientifique, Yves Roblin œuvre depuis plus de trente ans dans l’enseignement en Haïti, et aujourd’hui, il s’engage beaucoup plus en s’adonnant à la recherche et l’écriture.

Le mardi 17 mai 2022, le pays a célébré sa journée nationale des enseignants. Cette journée a été l’occasion pour le Ministère de l’Éducation Nationale et de la Formation Professionnelle (MENFP) d’honorer les professeurs dans les différentes régions du pays. C’est dans un contexte de grande crise généralisée que les professeurs et élèves évoluent depuis plusieurs années dans le pays. L’instabilité politique, la crise de sécurité avec la prolifération des gangs armés, l’insécurité alimentaire qui touche près de la moitié de la population, sont quelques-uns parmi les maux qui affectent le secteur éducatif haïtien. 

Lors d’une interview accordée au journal Le Quotidien News, le professeur Roblin, défenseur de l’idée de la nécessité de prendre en compte l’utilisation des données statistiques pour une meilleure gouvernance scolaire, rappelle que le système éducatif haïtien compte aujourd’hui plus de 4 millions d’élèves et plus de 122000 enseignants qui travaillent pour la plupart dans des conditions précaires parce que les écoles n’arrivent pas à offrir un environnement adéquat. Selon lui, les institutions scolaires ne sont pas en mesure de proposer un cadre de travail approprié, tant au niveau de la formation qu’au niveau de l’environnement qui n’est pas propice à l’apprentissage. « Au-delà de la question de l’espace, il y a aussi celle de la formation. La formation des enseignants en Haïti laisse à désirer. En ce qui concerne les enseignants au niveau des classes fondamentales, de la première à la sixième année, on a fini par remarquer que seulement 35% des enseignants sont qualifiés. En plus, le manque de manuels scolaires adéquats empêche les élèves d’apprendre », a-t-il souligné.

Un long parcours d’enseignant

« Je suis le professeur Yves Roblin, ex-boursier de l’État haïtien dans le cadre des coopérations d’Haïti avec l’UNESCO à Paris, avec une formation en planification et gestion de l’éducation et une formation de base en Sciences Sociales à l’Ecole Normale Supérieure », a-t-il indiqué pour se présenter.  Selon  notre interlocuteur qui est normalien en Histoire et Géographie, il a enseigné au niveau du secondaire dans diverses institutions publiques et privées pendant plus de vingt ans. « Je suis un ancien professeur d’histoire et de géographie. J’enseignais dans les classes du 3e secondaire à la philo qui correspond aujourd’hui aux classes du Nouveau Secondaire. J’ai enseigné au Collège Jean Price Mars et au Lycée Alexandre Pétion pendant plus d’une dizaine d’années », a-t-il confié au journal.

Après l’enseignement à l’école classique, le  professeur Yves Roblin a été nommé au MENFP comme inspecteur, puis directeur technique du MENFP avant d’être muté entant que directeur de la planification et de la coopération externe. Plus tard, il sera boursier de l’État haïtien pour plusieurs formations tant sur le continent européen qu’en Afrique, tout en assistant à de multiples assises internationales sur l’éducation. Aujourd’hui, il est professeur à l’Université Quisqueya (UniQ) à Port-au-Prince où il enseigne la planification de l’éducation, la législation scolaire et le système éducatif en termes de structures. Aussi, il s’adonne désormais à la recherche et à l’écriture comme en témoigne son dernier ouvrage en date, « Covid-19 et les outils de planification du secteur d’éducation en Haïti ».

Pour le professeur Roblin, il ne suffit pas de simplement se limiter au strict enseignement du syllabus, il faut également faire de la salle de classe un espace d’éducation citoyenne. « Dans mes cours, on retrouve la théorie et la pratique sous une forme combinée, et mon enseignement est toujours d’ inspiré par une éthique professionnelle et chrétienne », a-t-il fait remarquer. « Je laisse toujours un espace dans mes cours, poursuit-il, pour parler à mes étudiants de citoyenneté, de l’école haïtienne, de l’université, et de comment ce secteur peine à proposer des outils au pays surtout en ce qui a trait à la stabilité, à la modernité ou de croissance ».

Selon lui, une telle entreprise est très importante car ce sont des diplômés qui dirigent le pays, et l’administration publique se caractérise par une mauvaise gestion. « Ce sont des diplômés qui accèdent aux postes de responsabilité, mais jusqu’à présent ils n’ont rien donné. Le pays s’enlise et a toujours connu des crises récurrentes. Lorsqu’ils accèdent à des postes de responsabilité, ils transforment l’administration en une caverne où les gens s’impliquent à longueur de journée dans des opérations marginales »,regrette le professeur. 

Clovesky André-Gérald Pierre       

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