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Kenscoff, le paradigme de l’écotourisme

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Kenscoff est une localité connue et appréciée pour son climat et ses cultures maraîchères. Dotée de certains atouts touristiques, elle offre une forme d’attractivité centrée sur l’écotourisme, même si ce dernier est peu développé. Entre villages et réserves écologiques, espaces verdoyants et montagnes pour les randonnées, Kenscoff semble avoir la capacité de générer ses propres revenus sans attendre d’autres interventions même si l’écotourisme demande plus que de simples installations attractives.

L’écotourisme est défini comme un modèle de développement alternatif au service de la préservation des milieux naturels protégés, un outil de lutte contre la pauvreté, un instrument du développement durable au cœur de nouveaux modèles de gouvernance, etc. (World Tourism Organization, 2003 et 1992). Il ouvre un cadre conceptuel original qui permet d’envisager des démarches renouvelées de développement à partir des revenus issus de consommations touristiques susceptibles de soutenir des initiatives de développement local qui s’inscrivent dans un projet global de développement durable. Kenscoff, tout en étant l’une des villes en Haïti à pouvoir présenter cette forme de tourisme, est pourtant victime d’une gentrification qui pourrait porter atteinte à son identité originelle.

En 1797, un Anglais répondant au nom de Kerenskoff avait été  encerclé par Pétion dans les hauteurs de Pétion-Ville. Après quelques heures de combat, il fut arrêté et déporté sous les ordres du général haïtien. C’est la déformation du nom de cet étranger qui aurait valu à cette région le nom de Kenscoff si l’on se réfère  au « Plan de Développement de la Commune de Kenscoff ». Cependant, selon Sémexan Rouzier, le nom de Kenscoff viendrait d’un aventurier polonais braconnier, répondant au nom de Kerenskoff. Il aurait hanté la région, tant et si bien que l’armée dut le poursuivre et le mettre hors d’état de nuire durant la guerre de l’Indépendance.

La commune de Kenscoff est située à 12 km de Pétion-Ville et à 24 km de Port-au-Prince, dans le département de l’Ouest, en Haïti. Elle occupe une superficie de 208.23 kilomètres carrés. Elle est limitée au nord par Pétion-Ville, au sud par Belle-Anse et Marigot, à l’ouest par Carrefour et Jacmel et à l’est par Croix-des-Bouquets. Située au versant nord du massif de la Selle, entre 600 mètres (Morne Calvaire aux environs de Pétion-Ville) et à plus de 2.000 mètres d’altitude (Morne La Visite), la commune de Kenscoff est la plus pentue et la plus montagnarde du département de l’Ouest. Par son relief et sa situation géographique, la zone de Kenscoff fait partie de l’unité morphologique du Massif de la Selle qui culmine au Pic la Selle à 2.680 m d’altitude et qui constitue la partie orientale de la Presqu’île du Sud. Le climat est de type montagnard. Il y fait très frais en décembre et doux au mois de juin. La température moyenne varie entre 15 °C en février et 18,6 °C en septembre, avec un gradient de température de 0,75 °C par 100 m.

La rivière Momance prend sa source sur la commune de Kenscoff. Il en est de même pour la rivière Froide qui se jette dans la baie de Port-au-Prince, à Carrefour ; la rivière Grise prend naissance sur les hauteurs du Massif de la Selle en se jetant non loin de Jammeau dans la baie de Port-au-Prince. Elle reçoit les eaux de plusieurs sources, dont la source Cresson de Kenscoff.

La commune fête son Saint-Patron, Saint-Nicolas, le 6 décembre. Mais ce n’est pas cette fête qui fait venir la foule dans la localité mais plutôt les dates historiques et la semaine de Pâques. De ce fait, le tourisme devrait constituer une manne pour la commune dans la mesure où les visiteurs, nationaux et étrangers s’y rendent pour profiter de l’air frais et des paysages. Plusieurs structures touristiques de qualité et renommées attirent les visiteurs. Parmi elles, il y a les espaces écologiques tels que le Montcel à Belot qui, avec sa culture de fraises et de légumes frais, offre des services hôteliers et une restauration totalement bio, Village en Montagne à Fermathe, le Florville à Kenscoff, la Wynne Farm qui propose des activités d’éducation à l’environnement et le Refuge.

Il faut mentionner la Mission Baptiste de Fermathe et Soisson la Montagne que Kenscoff partage avec Pétion-Ville où sont réunis les artistes peintres du mouvement Saint-Soleil.  Au début des années 1970, deux artistes haïtiens confirmés, Maud Robart et Jean-Claude Garoute, donnèrent de quoi peindre à leurs voisins. Ces paysans, ces artisans, qui n’avaient jamais vu un seul tableau formèrent une sorte de communauté qu’ils allaient baptiser Saint-Soleil. André Malraux se rendit d’ailleurs auprès de ces peintres et consigna ses impressions dans son troisième tome de « La Métamorphose des Dieux » intitulé « L’Intemporel », réédité en 1976.

Toutefois, le déboisement que connaît Kenscoff depuis quelques temps à cause de la construction de nombreuses maisons sur les hauteurs remet en question la forme de tourisme qui y était promu. Lors des fortes pluies, les eaux se déversent vers la capitale et causent parfois de graves dégâts. La commune continue d’approvisionner Pétion-Ville en cultures maraîchères, mais l’écotourisme risque de se transformer en tourisme de masse à cause de l’insécurité réduisant les sorties au niveau de Port-au-Prince. La localité de Kenscoff doit repenser son tourisme à partir de ce qu’elle a aujourd’hui à offrir.

Références : GAFE, PLAN DE DÉVELOPPEMENT LOCAL DE LA COMMUNE DE KENSCOFF, 2008 – 2015

Geneviève Fleury

Genevievef359@gmail.com

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