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Zikiki, un artiste engagé pour l’éducation de la jeunesse !

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Issu d’une famille d’artistes, Duckens St-Eloi dit Zikiki a grandi dans un environnement riche en pratiques artistiques et culturelles. Auteur, compositeur, batteur et chanteur engagé et authentique, Zikiki a la une voix sans fioritures, porte haut et fort un message consciencieux dans la lutte contre la dépravation juvénile. Il nous rappelle l’ouverture nécessaire au monde de la culture pour éduquer les jeunes qui se perdent au fil des jours.

DuckensSt-Eloi est né le 30 octobre 1981 à Port-au-Prince d’une famille d’artistes, fils de Lionel St-Eloi, artiste peintre. Il est musicien et professeur de musique dans  FAMARTCAF, un regroupement de familles d’artistes de Carrefour-Feuilles. Il est arrangeur du groupe Yizra’el, joueur de batteries de la bande et est lead vocal accompagné de la voix féminine Mirla. Il explique :

« L’art (peinture, musique, sculpture, dessin, bande dessinée, cinéma) est une activité qui met de la couleur dans la vie pour la rendre merveilleuse. Si je n’étais pas un artiste, je serais fou. Bien que je sois un fou qui tire sa force de sa folie, sans la musique directement, je perdrai l’essence même de ma vie par rapport à tout ce qui pourrait exister d’autre ». 

Durant sa carrière d’artiste, Zikiki a sorti plusieurs morceaux à caractère social. Son style de musique axée exclusivement sur le reggae est plutôt porteur de messages. Une musique rythmée par une batterie hypnotique, des nappes de percussions, une basse obsessionnelle, des chœurs et les deux voix entraînantes des leads vocaux. Un reggae jouissif et percutant plein de bonne humeur qui trouve son rythme de croisière sur scène.

Ils ont sorti un album en 2015 intitulé «  resistans ». Le morceau « Konesans se kle » était une première musique pour la jeunesse écolière qui tombait en dépravation, emportée par la folie de l’évolution des pratiques hors normes. « Timoun yo» un tube révolutionnaire contre la domesticité infantile tiré de l’histoire de « Sentaniz » du « lodyansè » Maurice Sixto.

« En tant qu’artiste, je crois que le goût est fait de mille dégoûts. Il y en a qui m’aiment et d’autres qui ne m’apprécient pas mais qui secouent la tête sur mes chansons. Même Jésus n’a pas échappé à cette réalité. Pour ceux qui croient en moi, ils me voient comme un père, un frère ou un guide. Beaucoup de jeunes ont appris de moi, de mes expériences et de mes créations et j’en suis fier », explique-t-il au journal

Le batteur vedette du groupe Yizra’el veut se servir de ses capacités artistiques comme des outils pour aider les jeunes à apprendre comment manier un instrument ou un outil artistique pour éviter de tomber dans la délinquance juvénile dès lors qu’ils seront occupés à créer et à innover pour une cause, celle de l’art.

« Si tous les artistes se servaient de cette forme de partage pour agir ou utilisaient leur don pour former une sorte de pépinière avec les jeunes d’aujourd’hui qui doivent devenir des personnes responsables demain, la société serait meilleure »,  dit le chanteur au journal.

Avec des compositions engagées, centrées sur la réalité actuelle, aussi cruelle et délaissée qu’elle soit, Zikiki se fait le messager des sans voix. Il leur apporte le réconfort dans ses textes, fidèle à ses convictions et prêt à défendre le peu d’humanité qui reste parmi les hommes.

« Ce qui me motive, quand je chante la réalité du style  » Rasin », je chante ma culture, je ne fais pas de musique futile, pour faire croire en quelque chose que je n’ai pas, je ne vends pas le mensonge, je vis ma réalité, je joue le style reggae qui prône le réel », se défend l’artiste.

S’attendant à ce que son message puisse être véhiculé à travers le monde, que tous et chacun aient la chance d’écouter les messages qu’il partage, il produit une musique consciente, sans aucune vulgarité, ni incitation au sexe et à la dépravation, il dit être un guide qui se doit de partager tout ce qui peut être utile à la société. Cependant, face à la réduction de toute activité de loisir dans ce pays, l’artiste souffre. Ce qui l’encourage, ce sont les jeunes qui ont soif d’apprendre qui veulent partager des expériences, vivre de leur talent en l’améliorant. « Il  y a un bénéfice à tout cela. L’entourage, les personnes qui me côtoient apprennent beaucoup plus de moi et ne représentent aucun danger pour moi »,  se réjouit le compositeur.

Somme toute, le type de musique que produit Zikiki et son groupe Yizra’el est une musique consciente qui n’est pas trop primée en Haïti. Il n’y a pas un marché ouvert pour ce type de musique. Pour lui, lorsqu’un artiste essaie de parler d’éducation, d’éthique, de bon fonctionnement des services obligatoires, il le paie au prix fort. Il n’y a, en ce sens, aucune possibilité de vivre de sa musique. En tant que professionnel et comme professeur de musique dans des écoles du pays, Zikiki essaie de tenir la barre mais il dit vouloir vivre de sa musique puisqu’il est artiste. Tout comme un directeur général ou un ingénieur, quelle que soit la personne qui investit une somme, il doit voir le résultat. Ce qui n’est pas son cas en tant qu’artiste.

Zikiki prévient les amoureux de la musique que c’est un monde chargé de surprises, un beau monde avec une face cachée. Il y a des pics, des griffes ouvertes qui vous attendent. Il conseille d’éviter l’oisiveté, d’avoir les pieds sur terre pour vivre sa vie, de ne pas chercher la futilité. Si vous avez peur de souffrir,  dit-il, vous franchirez des limites, vous violerez des principes. Ayez beaucoup de discipline et cherchez un instrument à pratiquer, conseille-t-il, tout en indiquant que c’est la meilleure des choses.

Geneviève Fleury

Genevievef359@gmail.com

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