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Kidnapping : qui est réellement fautif?

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Cela fait près de deux ans depuis que l’opposition accuse le pouvoir de planifier le kidnapping en Haïti. L’insécurité dans sa globalité résulte, selon les opposants, d’une minutieuse planification de l’exécutif en signe de diversion. Cette semaine, c’est le tour du régime au pouvoir de torpiller ses détracteurs en les imputant la responsabilité du pilotage de ce phénomène en nette croissance dans le pays.

Pour le mois d’avril écoulé, la cellule d’observation de la criminalité du Centre d’Appui et de Recherche en Droits Humains (CARDH) a conclu que le phénomène du kidnapping a augmenté de 300%, soit 91 cas pour le mois d’avril par rapport à 27 cas  recensés au mois de mars. Ce qui porte, pour les quatre premiers mois de l’année 2021, le nombre de victimes à 233 personnes. Il informe par ailleurs que 49 d’entre elles sont enregistrées depuis l’arrivée de Claude Joseph à la Primature comme Premier Ministre a.i. Le CARDH révèle que 43% des enlèvements sont réalisés à Port-au-Prince, 22% à Croix-des-Bouquets, 19% à Carrefour et 16% à Delmas tout en précisant une certaine connexion entre les gangs.

Ce rapport montre le degré de progression de ce fléau en Haïti. Pour l’opposition politique, c’est le pouvoir qui planifie ces actes criminels aux fins de terroriser la population et l’amener à la passivité.  » Kidnapping d’État, insécurité d’État, crime d’État », voilà comment les anti-Jovenel analysent la situation tout en liant les gangs au pouvoir. Des accusations jamais défendues par l’exécutif, qui font penser qu’il est réellement de mèche avec les civils armés qui opèrent en toute quiétude dans la capitale haïtienne notamment.

À la surprise de tous, l’exécutif contrattaque cette semaine en se dédouanant de toutes responsabilités dans le pourrissement de la situation. Contrairement aux accusations portées contre lui, faisant croire qu’il serait l’auteur intellectuel du kidnapping, le pouvoir renvoie la balle au camp adverse. Selon les deux principaux chefs de l’exécutif, l’opposition politique est mouillée jusqu’au cou dans cette affaire.

Dans son discours samedi dernier à l’occasion de l’inauguration du barrage de Marion, Jovenel Moise a fait des révélations fracassantes mais jusqu’ici non fondées. D’après le chef de l’État 80% des kidnappings sont politiques. Ce qui sous-entend que des acteurs politiques qui s’opposent à son pouvoir auraient choisi cette voie pour lui causer du tort. Une déclaration reprise, quatre jours après, par son chancelier faisant office de premier ministre ad intérim, Claude Joseph.

Dans la même veine, le ministre au double portefeuille, n’a pas utilisé un langage codé pour dire que le kidnapping à une double facette. D’une part, il a une dimension criminelle et de l’autre, une dimension politique. Ce phénomène qui fait froid au dos, est un outil utilisé par des politiques qui savent clairement qu’ils ne peuvent pas arriver au pouvoir par les urnes. À travers cette pratique, ils s’en prennent à toutes les catégories sociales au point de les soulever contre le pouvoir.  » Il y a des secteurs qui n’ont rien à voir avec leurs activités. Ils en enlèvent des membres quand même dans le but de voir ces derniers protester dans les rues et appeler du coup au départ de Jovenel Moise. Il y a une forte motivation politique derrière le kidnapping. Je le dis que ce phénomène est ciblé », déclare le chef du gouvernement.

Le PM déclare, par ailleurs, la guerre à l’insécurité. Il appelle à une synergie entre la population et la PNH. Il en a profité pour inviter la nation à divorcer avec sa pratique de barricader les routes pour protester contre les enlèvements. Cette tactique ne rend pas service à la police, dit-il.

Dans la foulée, il informe que toutes les mesures sont adoptées pour combattre ce mal. Ainsi, il précise avoir commandé de nouveaux matériels et équipements pour la PNH; l’augmentation future du budget de l’institution est envisagée ainsi que la réactivation du service d’intelligence de la PNH, entre autres. M. Joseph dit être au parfum des préoccupations populaires et s’engage à mettre hors d’état de nuire tous les fauteurs de trouble.

Olry Dubois

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