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La Cour de l’histoire nous rendra tous selon notre mérite!

Tout à commencer par des individus armés qui opéraient clandestinement. La troisième circonscription de Port-au-Prince était le foyer fertile qui hébergeait ces gens qui ne représentaient, jusque-là,  pas un danger réel et imminent pour la nation. Personne n’osait penser que ces groupes en phase embryonnaire allaient se muter si rapidement et si facilement pour se transformer en une sorte de peste noire pour la nation.

Entre impunité et enjeux politiques, ces groupes ont vite évolué pour devenir des structures importantes et puissantes. De 2020 à nos jours, ils se sont spectaculairement transformés passant de clans clandestins à un corps armé superpuissant qui fait trembler même l’État haïtien, détenteur du monopole de la violence. Ils sont passés de groupes rivaux qui s’entredéchiraient en quête de plus de territoires à une coalition terrifiante qui impose sa loi. Cet éclatement de ces groupes armés a fait l’effet d’une bombe. Il produit une onde terrifiante sur le pays. Elle s’étend de zones en zones comme la nuit chasse discrètement le jour et vice versa. La troisième circonscription, foyer initial, s’élargie pour étendre son pouvoir non seulement sur la capitale haïtienne et ses environs mais aussi sur nombreuses villes de province importantes.

Où que vous soyez, il n’est qu’une question de temps. Si la capitale politique et économique qui  centralisait l’autorité de l’État a pu si facilement capituler, qu’en est-il des autres régions qui ne peuvent même pas curer un canal sans l’appui de l’État central ? Quel est l’avenir du reste des départements de l’Ouest, de l’Artibonite et des autres coupés de Port-au-Prince depuis plusieurs années ? Que peuvent-ils espérer si presque toutes les institutions de l’État sont obligées de fuir leurs sièges  au centre-ville pour se relocaliser dans d’autres zones ? Combien de temps ces relocalisations vont-elles durer si nous considérons le rythme de progression des gangs ? Petit à petit, on s’achemine vers le chaos total.

De toute évidence, les groupes armés font boule de neige et ne se fixent aucune limite. Pourtant, à la stupéfaction de tous, des hommes et des femmes, malgré que l’État continue de marcher à reculons face aux actions des gangs, se confortent dans leur position privilégiée aux frais de la nation. Nous sommes malheureusement en train d’écrire une nouvelle page d’histoire, ce, de la plus mauvaise des manières.

Sans gêne et avec une désinvolture sans précédent, nous piétinons tout ce que nos ancêtres avaient construit avec leur sang. Nous avons choisit de froisser et de déchirer les pages de prouesses qu’avaient écrit nos aïeux. L’histoire va retenir de nous notre lâcheté. De l’époque où des hommes au pouvoir ont bestialement abandonné leur peuple. Des années où la Police et l’armée n’ont pu montrer le nombre de fois où elles ont mené une opération réussie pour contrer la violence en Haïti. Elle retiendra aussi que la communauté internationale a passivement soutenu un exécutif monocéphale dirigé par un Premier Ministre. Elle notera aussi sa participation à l’instauration d’un gouvernement collégial de neuf membres presque inutile. L’histoire prendra également en compte le fait qu’elle a largement soutenu une mission militaire sans bilan jusqu’ici.  Quoi qu’il advienne, nous serons tous, tôt ou tard, sur le banc des accusés et, le jugement de la Cour nous rendra blanc ou noir.

Daniel SÉVÈRE

danielsevere1984@gmail.com

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