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La décote de la gourde par rapport au dollar US provoque l’instabilité des prix des produits sur le marché local

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Au cours de ces derniers jours la dépréciation de la gourde par rapport au dollar américain a fait augmenter les prix de certains produits sur le marché. En effet, la décote de la monnaie face à la devise américaine a causé d’incertitude à la fois pour les vendeurs, qui sont obligés d’anticiper des pertes, et les acheteurs qui ont besoin de plus d’argent.

Comme l’avaient fait remarquer plusieurs économistes haïtiens, la gourde se déprécie vis-à-vis du billet vert à un rythme effarant après avoir passé quelques brèves semaines à s’apprécier. En effet, sur le marché, les vendeurs sont à l’affut de la moindre augmentation pour ajuster leurs prix afin d’éviter les pertes. Les acheteurs de leur côté ont des difficultés à acheter parce qu’ils pensent trouver un produit à un certain prix alors que ce dernier a déjà été augmenté sur le marché.

À la suite d’une petite enquête menée auprès de quelques vendeurs de produits alimentaires du marché Salomon, nous avons pu constater que le prix du sac de riz a subi une augmentation de 4,34% et celui du maïs de 6,84% en moins de 2 semaines. Toutefois, selon certains de ces vendeurs, les produits alimentaires ayant subi la plus grande augmentation sont le lait, le sucre et l’huile. En effet, le prix du sucre a augmenté de 17,85%, celui du lait Alaska de 21,52%, celui de l’huile de 29,41%.

« Tout va de mal en pire, parfois tu viens avec une somme que dont tu penses qu’elle va pouvoir suffire et c’est à peine si elle peut couvrir la moitié de la liste d’achats que tu as en main », déplore un acheteur. Tout près de lui, une marchande vient s’informer sur le prix d’un produit avant de s’en aller, découragée par le prix. « C’est une situation inconfortable pour nous, parfois les prix augmentent alors que nous avons déjà vendu le stock, alors nous sommes obligés d’ajouter ce qui manque puisque nous ne pouvons pas laisser tomber le commerce », se plaint une vendeuse.

Un commerçant nous explique mieux la situation: « La hausse des prix ne nous dérange pas s’il nous reste des produits et que nous pouvons ajuster les prix et ainsi éviter la perte, au contraire, cela nous arrange parfois ». Selon lui, cela cause problème quand la hausse survient alors que le stock de marchandises a déjà été vendu et les commerçants sont obligés, comme l’avait déjà affirmé la vendeuse, de compléter la somme avec leur propre argent. Il y a encore la baisse des prix : « Lorsque la gourde s’apprécie et que les prix commencent à baisser alors que nous venions tout juste d’acheter de la marchandise, cela nous arrange moins que la hausse des prix ».

Et tandis que la Banque de la République d’Haïti (BRH) affiche un taux de 70,84 gourdes pour un dollar, ce dernier est à plus de 80 gourdes sur le marché informel. Cela complique un peu les choses, selon un vendeur : « C’est à ce taux que nous achetons, les prix ne seraient peut-être pas aussi élevés à l’heure qu’il est, si nous fonctionnions au même taux que la BRH ».

Des suppositions, des propositions qui s’enchaînent. Des économistes qui proposent. Pendant ce temps, les prix continuent à grimper sur le marché et chaque vendeur arrange son prix de la manière qui l’arrange le mieux, crée ses propres moyens pour éviter les pertes puisqu’il n’y a aucune structure formelle efficace, pouvant réguler le marché.

Il faut rappeler qu’en conférence de presse récemment, le gouverneur de la Banque centrale, Jean Baden Dubois, a parlé d’un ensemble de mesures pouvant stabiliser le taux de change. À cette fin, M. Dubois annonce l’injection de 150 millions de dollars américains sur le marché des changes en vue de soutenir l’offre disponible. Que peut-on espérer dans les prochains jours ?

Ketsia Sara Despeignes

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