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La femme de César ne doit pas être soupçonnée!

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Haïti fait face depuis quelques années à un drôle de réalité : des hommes d’État sont soupçonnés à tort et à travers. Les Présidents Jean Bertrand Aristide et Jovenel Moïse ont été constamment mis sur la sellette. À présent, c’est le cas d’Ariel Henry qui défraie la chronique. Avec, bien sûr un grand nombre de particularités.

En effet, aucun des deux Présidents précités n’a subi de reproches pour un crime si odieux. Pour un acte de haute trahison de cette ampleur. Aucun d’eux n’a non plus été éclaboussé à ce niveau par les médias internationaux (et pas des moindres). Ils ont connu de fortes oppositions par rapport à ces faits reprochés. Cependant, ils jouissaient encore d’une légitimité populaire. En conséquence, l’un est parti pour l’exil, l’autre a été assassiné chez lui dans des circonstances non encore élucidées.

Le grand déficit de l’État haïtien durant ces 20 dernières années est le manque de transparence à tous les  niveaux. Cette opacité cumulée avec la culture de l’impunité jette un discrédit indélébile sur certaines de nos institutions nobles, dont la Présidence et la Primature. Pour l’instant, tout est en ruines.

Autrefois, l’accusation la plus courante qu’on portait contre un homme d’État était le trafic illicite de stupéfiants. De nos jours, on les accuse de massacres de civils, d’assassinat du Chef de l’État. Que de mauvais précédents pour la nation.

Si l’on est un pays libre et démocratique, il est inconcevable que l’on envoie ce genre de messages au monde entier. Utiliser le pouvoir pour se protéger des mauvais vents et faire obstacle à la justice, est un message qui ne correspond pas aux valeurs d’une communauté de gens civilisés. La population a droit de connaître la vérité sur ce crime odieux. C’est un impératif pour chaque citoyen, indépendamment de son statut social ou de sa chapelle politique, de mettre tout son poids dans la balance pour que lumière soit faite sur cet assassinat.

Dans un État de droit, la population a besoin d’avoir confiance en ses dirigeants. La transparence doit être partout et en tout. La justice doit être rendue à tous, sans préjugé. Mis sur le banc des accusés par un organisme de défense des droits humains, par plusieurs médias internationaux et, ce, avec fracas, le Chef de la Primature a  le devoir de dissiper les doutes.

On est descendu trop bas dans la mesquinerie. Trop de négligences, trop de soupçons. Diriger c’est aussi prendre les mesures qui s’imposent. Il n’est pas logique qu’à tout bout de champ, on cambriole le greffe du Tribunal de Première Instance de Port-au-Prince en emportant des dossiers importants et qu’aucune sanction n’ait jamais été infligée. C’est inadmissible qu’on ne puisse pas trouver un juge pour instruire convenablement le dossier relatif à l’assassinat du Président. Il est inimaginable (moyennant qu’il prouve le contraire) qu’un juge d’instruction entrain de traiter un dossier livre ses informations à un particulier, alors que l’instruction est secrète. Tant de choses à corriger.

Si l’État n’inspire pas confiance à sa population, comment l’ordre et la discipline vont-ils pouvoir régner? Si le Premier Citoyen de la nation a réellement participé à l’assassinat du Président qui l’a nommé Premier Ministre, comment croire à ses discours selon lesquels il va organiser des élections honnêtes dans le pays ? Entretemps, nous devons accepter le fait que nous crachons sur tout ce qui nous caractérise comme peuple et, par ricochet, comme être humain. La femme de César doit toujours être au-dessus de tout soupçon.

Daniel SÉVÈRE

danielsevere1984@gmail.com

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