sam. Oct 5th, 2024

Le Quotidien News

L'actualité en continue

La liberté de la presse est une lutte permanente, selon Jacques Sampeur

4 min read

La liberté d’expression en Haïti est menacée depuis un certain temps. Déjà 7 journalistes tués en Haïti durant les dix derniers mois.  De nombreux médias et associations de journalistes dénoncent ces actes de répression à l’encontre du quatrième pouvoir. Dans ce contexte,  Jacques Sampeur affirme que, pour que la presse puisse travailler librement, il faut un État de droit et que la justice ait une seule voix!

Cette année, le nombre de journalistes qui ont été assassinés ou agressés est alarmant. Wilguens Loussaint, Amady John Wesley, Maximilien Lazard, Tayson Latigue, Frantzsen Charles, Tess Gary et Romelson Vilsaint, sont les noms des 7 journalistes tués durant l’année 2022 dans le cadre de l’exercice de leur métier. Outre les cas d’assassinats, beaucoup de journalistes ont été victimes de séquestrations, d’agressions et de tentatives d’assassinat, durant cette année. Les journalistes locaux subissent toutes sortes d’atrocités alors qu’ils ne font que leur travail, c’est-à-dire mener des investigations, informer la population en toute objectivité et dénoncer tous les complots qui risquent de compromettre l’avenir de la nation.

D’ailleurs, récemment, deux journalistes haïtiens ont été victimes dans l’exercice de leur fonction.  Le 25 octobre, le journaliste Roberson Alphonse a été victime d’une tentative d’assassinat à Delmas 40 B, à laquelle il a survécu de justesse. Le 30 octobre, le journaliste Romelson Vilsaint a été lâchement assassiné dans les locaux du commissariat de Delmas 33,  alors qu’il  protestait en compagnie d’un groupe de journalistes, contre l’arrestation de leur confrère Robest Dimanche. Plusieurs associations haïtiennes qui militent pour le respect des droits humains et des droits des agents de presse se sont exprimées sur cette série de meurtres et d’agressions qui visent les journalistes. 

Ainsi, l’Association des Journalistes Haïtiens (AJH), via un communiqué publié le 30 octobre,  appelle la Police Nationale d’Haïti (PNH) à éradiquer toutes formes de brutalités et d’abus contre les journalistes. L’AJH condamne tous les actes de violence à l’encontre des journalistes et exige que  l’inspection générale de la PNH trouve l’assassin de Romelson Vilsaint. « Il s’agit d’une attaque en règle contre les journalistes dans le cadre de l’exercice de leur profession », déplore l’AJH. L’Association conclut que la sécurité des médias et la libre circulation des journalistes sont essentielles pour la jouissance de la liberté de la presse et du droit à l’information!

Exercer le métier d’attaché de presse en Haïti est une lourde responsabilité. Déjà que dans ce milieu, les failles qui existent dans les structures qui devraient garantir la protection et la sécurité des journalistes et les enjeux du métier sont très importantes. De plus, il existe une forte corruption dans les entrailles du monde médiatique haïtien. De ce fait, s’exprimer librement,  même si la République d’Haïti est placée sous le principe de la démocratie, peut s’avérer très dangereux. Ces derniers mois, beaucoup de journalistes haïtiens ont perdu la vie ou leur liberté dans le pays. La liberté de la presse est à présent loin derrière Haïti.

Selon Jacques Sampeur, Directeur Général de Radio Télé Antilles International, la question de la liberté de la presse est une conquête et une lutte permanente. « À travers l’histoire, il y a eu une bataille des journalistes et des médias pour l’acquisition de la liberté de la presse, durant la période dictatoriale. Il y a des médias qui n’existent plus, des journalistes exilés, d’autres assassinés dans le cadre de cette bataille. Nous leur devons cette liberté », affirme M. Sampeur. « Ainsi, parler de liberté de la presse est un sujet permanent, les journalistes doivent y travailler jour et nuit. Car, cela dépend du pouvoir en place et de l’État, si ce dernier respecte la liberté d’opinion, alors la presse peut être considérée comme un pouvoir », soutient M. Sampeur.

Selon ses dires, dans une société où règnent la délinquance et l’impunité, il est évident que la presse est persécutée. « Car le rôle de la presse est de dénoncer, d’informer et de pointer du doigt, alors évidemment cela dérange », souligne M. Sampeur. « Dans cette situation de conflit armé, la police et la justice doivent travailler ensemble pour protéger et servir les citoyens haïtiens. Par ailleurs, même si la police et la justice doivent assurer la sécurité des journalistes, je conseille toujours la prudence à ces derniers. Un journaliste doit savoir se protéger car rien ne vaut une vie. La presse doit prendre des mesures de protection », conseille M. Sampeur.

Pour reprendre l’appellation de quatrième pouvoir, la presse doit se battre. La liberté ne se donne pas, elle se conquiert. Pour reprendre les mots de Jacques Sampeur, la question de la presse comme quatrième pouvoir est très relative, car cela dépend de l’État. Si le Gouvernement ne respecte pas la liberté de la presse et si la police tire à bout portant sur les journalistes, la presse doit se battre pour reprendre son pouvoir.

Leyla Bath-Schéba Pierre Louis 

pleyla78@gmail.com

Laisser un commentaire