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La sourde oreille ! 

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Le temps semble figé en Haïti, du moins, pour les hommes au pouvoir qui se croient encore au lendemain de leur investiture. Qui prennent encore le temps, semble-t-il, de changer leurs costumes, de visiter leurs nouvelles maisons. De faire transiter leurs affaires vers le nouvel espace affermé au frais de la princesse. La fameuse deuxième résidence ! Il n’est pas même encore l’heure de venir au bureau. Encore moins de prendre connaissance des travaux, d’ouvrir ceux qui sont en attente. Si dans notre calendrier, on est déjà à 30 mois depuis l’investiture de ce Gouvernement de transition, tel n’est pas l’avis de ceux qui sont au pouvoir présentement. C’est la totale léthargie. 

Pendant qu’ils dorment tranquillement sur leur oreiller, ils sont en train de rater tous les objectifs qu’ils s’étaient fixés soit pour parvenir à la réalisation d’élections honnêtes et crédibles, libres et démocratiques dans le pays, soit pour aboutir à l’éradication du banditisme qui ne cesse de rendre la vie de la population haïtienne invivable. En ce qui concerne le premier objectif, le processus n’a jamais commencé. Aucun Conseil Électoral Provisoire (CEP) n’a été encore convoqué.  S’agissant du second objectif, le pouvoir semble vouloir laisser les gangs s’entraîner davantage pour éviter, quand viendra le tour de les affronter, que l’adversaire paraisse insignifiant ou trop facile à mâter. Le Gouvernement est en train de nous tourner en dérision en laissant passer le temps, sans rien accomplir de concret, sinon, multiplier les voyages à l’étranger, faire le plaidoyer pour la venue d’une force étrangère dans le pays et parapher deux accords politiques controversés. 

Dans moins de 60 jours, l’année 2024 fera son entrée. Celle de 2023 baptisée «  année électorale » prendra fin.  Tout est en mutation en Haïti, sauf l’amélioration de la vie de la population. Le sommeil de ce pouvoir s’apparente à une situation de coma. Les autorités n’ont pas conscience que le monde tourne autour d’eux. Qu’on n’est plus en 2021.  Le 7 février 2024 qui devait servir au Gouvernement d’échéance pour l’investiture d’une autre équipe élue constitutionnellement ne sera pas respectée. On s’achemine vers une aggravation de la crise qui a déjà tué, dispersé et mis dans la misère totale quantité de gens. Qui a déjà plongé dans l’insécurité alimentaire plus de 4 millions de personnes, qui est à l’origine de l’enlèvement de plusieurs centaines d’autres.

Depuis la signature du second accord il y a 11 mois (l’accord du 21 décembre 2022), pour certains, le Premier Ministre tarde à faire appliquer toutes les exigences de ce compromis. À l’exception du Haut Conseil de Transition (HCT) qu’il a mobilisé difficilement et, vraisemblablement, qui n’a pas les coudées franches pour agir, toutes les autres structures prévues n’ont jamais vu le jour. Ils restent à l’état de projets. De plus, aucune des tentatives de discussion entamées n’a abouti. Pas même celle engagée par la CARICOM. Étant depuis plus de deux ans au pouvoir, Ariel Henry continue de miser sur les sanctions internationales, la promesse de l’ONU, la prolifération des gangs, la migration massive de la population pour rester au pouvoir le plus de temps possible sans être inquiété.

Le Gouvernement n’a pas profité de cette longue période de répit qui lui a été offerte par les politiciens « jusqu’auboutistes ». Il n’a pas su faire bon usage de l’appui qu’il reçoit de la communauté internationale. Près d’un an après l’adoption de l’accord du 21 décembre, on est encore à la case de départ. Qu’est-ce qui adviendra après le 7 février 2004 ? Va-t-on constater la caducité de ce compromis et mettre en place un autre ? Ou bien, allons-nous assister le Gouvernement qui veut le beurre et l’argent du beurre ? 2024 ne rassure pas. Nous sommes dans l’œil du cyclone. Il y a urgence dans la demeure. Mais c’est dommage que le pouvoir n’ait rien vu ni su. Autrement dit, c’est malheureux que l’Exécutif fasse semblant de ne rien voir, ni savoir.

Daniel SÉVÈRE 

danielsevere1984@gmail.com

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