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L’absence de la PNH dans les sections communales lors des élections, quelles conséquences ?

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La réalisation des élections dans un système démocratique marche de pair avec une planification en termes de sécurité pour les votants. Car chaque individu en âge de voter doit pouvoir choisir librement son représentant.

Cela étant, la Police Nationale d’Haïti (PNH) a l’habitude de briller par son absence dans certains milieux ruraux lors de la surveillance des élections. « L’absence de la PNH dans certaines sections communales lors de la réalisation des élections entraîne des irrégularités », estime Me Darbenzky Michaelange GILBERT lors d’une interview accordée au Journal Le Quotidien News ce mercredi 20 juillet 2022.

Les élections en Haïti sont souvent entachées  d’irrégularités. Des cas de fraudes électorales. À titre d’exemple, les élections présidentielles de 2015, baptisées pour certains, « eleksyon yon sèl grenn soulye ». Ces cas de fraudes électorales, peuvent être encore plus flagrants et nombreux en absence des forces de l’ordre, comme c’est souvent le cas dans le milieu rural lors de la réalisation des élections.

« L’absence de la PNH dans certaines sections communales va entraîner certainement des irrégularités ; des cas de bourrages d’urnes», explique le Directeur Exécutif de l’Ordre des Défenseurs des Droits Humains (ORDEDH), Me Darbenzky Michaelange GILBERT qui souligne par ailleurs que la loi du 29 novembre 1994 portant création d’une force de police civile n’aborde pas directement la question relative à l’organisation des élections. « La PNH est une entité se trouvant sous la tutelle du Ministère de la Justice et de la Sécurité Publique. Celui-ci, au moment des élections, se contente de créer une ou des commissions en vue d’élaborer une stratégie de sécurité pour le bon déroulement du processus électoral », ajoute-t-il.

Cependant, il y a toujours un ensemble de secteurs qui se sont toujours impliqués dans le processus électoral en Haïti. Parmi ces derniers, on trouve les partis politiques, les organisations de la société civile qui, quant à elles, participent comme des observateurs, selon Me GILBERT. « En dépit du fait qu’il est possible que la PNH soit un peu absente, les partis politiques, à travers leurs mandataires, ont le droit de regard sur le déroulement du processus électoral», dit Me GILBERT. « Dans les milieux ruraux, c’est aux élus locaux et à la population que revient la tâche de mettre tout en œuvre pour garantir la sécurité des votants», ajoute l’homme de loi tout en mentionnant que la PNH a un problème d’effectif qui, sans doute, l’empêche d’être à l’œuvre sur tout le territoire national.

La question des élections et le contexte actuel

L’un des objectifs déclarés de l’actuel  gouvernement haïtien est celui-ci : ‘’Réaliser des élections dans le pays’’. Pour pouvoir organiser librement des élections, il faut améliorer la situation sécuritaire, il faut que des observateurs soient mis en place par les organisations des Droits de l’Homme, a fait savoir le Directeur Exécutif de l’ORDEDH.

Par ailleurs, le sang coule à flots à  Port-au-Prince (assassinats). La population croupit dans la misère. Elle respire, en dépit de l’absence de certains besoins vitaux  et des services de base. Une petite accalmie a été observée dans les  affrontements  armés à Cité Soleil et pour ce faire, ce ne sont pas les autorités étatiques qui se sont intervenues.

« Les nouvelles hostilités entre la coalition G9 an fanmi e alie (famille et alliés) et celle de GPÈP lancées dans la nuit du 7 juillet 2022 ont fait environ 150 morts, dont 70 dans le camp des gangs et 300 blessés », selon un bilan partiel du Centre d’Analyse et de Recherche en Droit de l’Homme ( CARDH)  datant du 19 juillet 2022, précisant que «des milliers de personnes sont coincées dans leur maison, sans eau portable, sans nourriture, sans soins médicaux… ce qui a engendré une crise humanitaire ».

« La coalition G9 a été formée officiellement en juin 2020. L’idée principale est de contrôler les quartiers populaires, d’empêcher la population desdits quartiers de se soulever contre le pouvoir en place et de contrôler le vote aux prochaines élections, rapporte l’organisation de droits humains. La coalition GPEP a été formée pour se protéger contre le G9. En effet, tous les gangs n’ont pas la même histoire, la même sensibilité politique […] Plusieurs attaques ont été faites contre les zones contrôlées par le GPEP : Haut-Bel-Air, Brooklyn (Cité Soleil)».

Dans ce document, le CARDH a aussi souligné par ailleurs la passivité de la PNH. « La police reste passive en raison, probablement, de la configuration de la zone et du manque de moyens matériels et humains. Le Gouvernement ne s’exprime pas. La Mission des Nations unies en Haïti dénonce, malgré un mandat détenu portant sur le renforcement institutionnel, la stabilité politique, l’État de droit, la démocratie et les droits humainsdepuis 18 ans…Personne n’est responsable », conclut ce rapport.

Jackson Junior Rinvil

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