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Lakou Lovana : un patrimoine au cœur de Quartier-Morin

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Le terme lakou désigne une communauté humaine établie dans un cadre spatial particulier à la vie rurale axée sur des liens de parenté et sous l’autorité incontestée du plus âgé, d’où le patriarcat selon Paul Moral. Avec la montée du vaudou après l’indépendance d’Haïti, le lakou a pris de l’ampleur et plusieurs anciennes habitations sont devenues des ‘’lakou dedye w’’ à un esprit du lieu. Le lakou Lovana en est un exemple.

Sur une surface de 61,53 km2, se trouve une vaste habitation avec un paysage verdoyant de cacaoyers et de caféiers sous l’ombre des mombins pruniers. Situé entre le Cap et Limonade, Quartier-Morin est irriguée par la Grande Rivière et ses confluents. L’enclave d’une réserve d’eau appelée Bassin Lovana traverse un Lakou du même nom, en hommage à l’esprit vodou qui y habite. C’est un espace mythique ayant le même renom que les bassins Saint-Jacques de la Plaine du Nord ou Sainte-Philomise au bord de mer de Limonade. Ce culte rituel date de la période coloniale et se déroule dans cette ancienne habitation sucrière chaque mardi et vendredi, ainsi que les 26, 27 septembre ou Lovana fait l’objet des plus célèbres pèlerinages.

Lovana, poisson “nan d’lo” porte une boucle d’oreille. On lui attribue beaucoup de pouvoirs et elle vit dans les bassins de Duplaa. Le lakou à qui elle est dédiée, fait partie de l’ensemble des sites christophiens des habitations de Duplaa. A l’entrée d’une modeste demeure, à la façade ouest de la place, se trouve la pierre tombale de Charles Morin, fondateur de Quartier-Morin. Cette habitation a été la propriété du Baron Martin-Simon de Duplaa, d’origine  béarnaise, président du Parlement  de  Navarre à Pau. Cette  habitation fut la première à faire pousser les cannes à sucre en 1699, précédée par un essai antérieur dans la plaine de Léogâne. L’historiographe de la période coloniale, Moreau de St-Mery, a vanté la richesse et la beauté  de cette habitation.

La population s’est approprié des ruines de l’ouvrage hydraulique. Elle est constituée de levées, de prises, de canalisations et de bassins datant de la colonie française. Les arbres reposoirs et les figuiers qui enserrent les murailles entre leurs racines se ressourcent dans l’eau, source de vie et vecteur d’énergie, permettant la communication avec les loas, les morts, les ancêtres et le retour mythique à “l’Afrik Guinin”. Les ouvertures arquées menant aux bassins et aqueducs sont décrites comme les sept portes d’entrée menant aux souterrains du Roi Christophe, reliés au Palais de Milot et à La Citadelle Laferrière.

Le 26 septembre, date correspondant à la fête de Pierre Toussaint, Saint patron de la zone, selon la tradition de l’Église catholique, cette habitation devient alors un espace cultuel du vodou, baignant dans le syncrétisme. Le culte à l’esprit Lovana attire plus de visiteurs ou pèlerins que tous les autres sites à caractère religieux du département. En plus de sa dimension sacrée, ce site a une portée historique et est devenu un lieu de rencontre et de loisir.

Références :

PATRIMOINE NATUREL ET CULTUREL DU NORD ET DU NORD’EST, Jeanine L.  Millet | 2012, Ciat, Haïti

Geneviève Fleury

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