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Le grand malaise

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Entre le Palais national et la communauté internationale ce n’est plus la même harmonie que d’ordinaire. La décision de la Chambre du trésor américain et la dernière réaction du Core Group sur le décret portant création et fonctionnement de l’agence nationale d’intelligence (ANI) conjugué à la réaction du Secrétaire du conseil des ministres n’ont laissé aucun doute. L’iceberg est en train de fondre.

À moins de deux mois d’une fin de mandat controversé, la communauté internationale, sévèrement critiquée par l’opposition pour son soutien à l’exécutif, commence à prendre des décisions prêtant à équivoque. Le Core Group qui a enjoint, une semaine à l’avance, l’exécutif à accélérer le processus électoral en Haïti lève timidement le pied de l’accélérateur critiquant pour une fois une mesure prise par le chef de la nation.

On dirait qu’un virage est en train de se produire. Jovenel Moïse semble trop abuser de la complicité de cette communauté, qui a une incidence importante dans la gestion politique haïtienne. Se prononçant sur des dossiers délicats qui risquent de compliquer la situation du chef de l’État en proie à une résistance politique coriace de l’opposition, ces prises de position peuvent être assimilées à un possible abandon du navire. Une stratégie qui vise à se racheter avant la catastrophe pour émerger à nouveau quand les flots seront apaisés.

On a beau critiquer l’opposition qui prie le blanc chapelet en mains pour enlever son soutien à Jovenel Moïse. C’est de bonne guerre d’ailleurs. Tout comme on a assez laminé l’exécutif prêt à tout pour s’assurer de l’appui des pays dits amis d’Haïti. Mais à ce carrefour où nous sommes semblerait-il, le bâton change de bout. L’exécutif qui profitait de cette relation, il y a quatre ans déjà, semble ignorer comment fonctionne cette relation en essayant de recadrer les patrons.

Faire semblant de ne pas reconnaitre cette relation maître/esclave qu’évoque l’exécutif est une faute grave. Cette ingérence dénoncée sans relâche par l’opposition n’était que des conseils, pas des leçons ? Et c’est, peut-être, la raison pour laquelle le régime en place n’a jamais levé le petit doigt pour rappeler aux blancs qu’ils allaient trop loin.

Pousser vers une élection malgré la conjoncture n’était donc que des conseils. Rappeler que le chef de l’État s’octroie le pouvoir du Parlement est une immixtion. Se désolidariser du décret sur l’ANI, la communauté internationale est devenue automatiquement maître et Haïti, esclave. L’enjeux, est dorénavant important. La communauté internationale fait bouger les pions. L’opposition se frotte les mains.

Une leçon politique s’offre à nous sans que nous nous en apercevions. En politique, les intérêts passent avant le fanatisme. Les accords sont toujours conjoncturels. Le peu qu’on puisse dire, c’est qu’on sent le malaise.

Changement de décor à l’horizon, ce n’est pas ce qui est le plus important. On s’achemine vers un 7 février 2021 de plus en plus imprévisible. On commence à ressentir l’effet de la transition Biden/Trump. En réalité ce n’est qu’un changement poste pour poste juste pour rendre la machine plus efficace. Quant à nous, en Haïti, nous devons savoir que nous sommes que des spectateurs.

En changeant de position face au pouvoir, la politique des pays étrangers restera inchangée à notre égard. Donc, un dépassement de nous-mêmes est incontournable. Il y a urgence dans la demeure que des deux camps politiques et révoquent leur traditionnelle rengaine “Ôte-toi de là pour que je m’y mette ». Bref, saluer un virage politique de l’international ou fustiger son comportement ne contribuera à rien si on ne change pas de culture politique.

Daniel Sévère 

danielsevere1984@gmail.com

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