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Le pays en lambeaux, les acteurs politiques se disputent pour prendre le pouvoir ou s’y maintenir au lendemain du 7 février 2024

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La date du 7 février 2024 approche et anime le débat politique actuel quant à l’éventuel  successeur du Premier ministre Ariel Henry au pouvoir ou pas. Si pour certains acteurs politiques il sera difficile pour M. Henry et ses alliés de continuer à diriger le pays au lendemain de cette date sous motif qu’en signant l’accord politique du 21 décembre 2022 le neurochirurgien avait « signé sa démission», pour d’autres, ce n’est pas le cas.

Les récentes sorties de la Présidente du Haut Conseil de Transition ( HCT) Mirlande Manigat, sur les ondes laissent présager un avenir incertain pour le Gouvernement en place de rester au pouvoir au lendemain du 7 février 2024. La constitutionnaliste affirme avoir constaté  des retards et ce, de manière considérable, dans le processus devant aboutir à l’élection d’un Président le 7 février 2024, conformément aux prescrits de l’accord du 21 décembre 2023. À en croire Mme Manigat, le Premier ministre Ariel Henry est responsable de cette situation.

« L’accord du 21 décembre publié dans Le Moniteur prévoit l’installation d’un nouveau président le 7 février 2024. Il est évident qu’aucune disposition n’a été prise pour créer un autre conseil électoral, organiser les élections et proclamer les résultats pour qu’un autre président puisse prendre la charge. Nous n’en sommes pas encore là », explique l’ancienne candidate à la présidence tout en soulignant que le pays risque de faire face à d’autres vides institutionnels si rien n’est fait pour respecter l’échéance du 7 février 2024. Outre cela, Mme  Manigat pense que la date du 7 février pourrait également sceller la fin du mandat du HCT dont l’une des missions était de faciliter le processus de dialogue entre les protagonistes de la crise.

Quel regard porte-t-on au sein de la classe politique sur les propos  de Mirlande Manigat ?

Tout en saluant la position de l’ancienne première dame Mirlande Manigat, le Dr Harrison Ernest n’est pas favorable à l’idée de trouver une entente avec le Premier ministre Ariel Henry. « Nous ne trouverons aucune entente avec Ariel Henry », a-t-il affirmé devant la presse le 6 novembre 2023, précisant que même Me André Michel, proche du pouvoir actuel, constate que « la mission du responsable de la Primature prendra fin le 7 février 2024 ».

Pour le Mouvement Point Final, la position de Mme Manigat est correcte. « La durée de la transition prolongée est de 14 mois qui prendra fin le 7 février 2024. C’est-à-dire que le Premier Ministre a déjà signé sa démission pour le 7 février 2024 et c’est ce qu’a compris Madame Mirlande Manigat qui a déclaré formellement que le mandat du responsable de la Primature prendra fin le 7 février 2024», explique Ulysse Jean Chenet, le coordonnateur du Mouvement Point Final à Le Quotidien News.

Toutefois, M. Chenet précise que les violons ne s’accordent plus entre les membres du HCT et ceux du gouvernement « parce qu’il y a une sorte de mépris et d’insatisfaction de la présidente du HCT Mirlande Manigat. Prenons, par exemple, la question du budget de fonctionnement du HCT; l’implication du HCT dans le choix des membres du CEP et le remaniement ministériel […]».

À la question pourquoi certains acteurs considèrent la sortie de Mirlande Manigat comme une sortie stratégique, le coordonnateur du Mouvement Point Final évoque l’incohérence de la constitutionnaliste. « Depuis un certain temps, Madame Manigat qui se dit être à la retraite et qui pourtant se considère comme réserve du pays, agit souvent comme opportuniste et activiste politique ». « C’est dommage », martèle-t-il.

Que dit l’accord du 21 décembre 2022 sur la date du 7 février 2024 ?

Publié dans le journal officiel Le Moniteur le 3 janvier 2023, l’accord intitulé « Consensus Nationale pour une Transition Inclusive et des Élections Transparentes » signé entre le pouvoir exécutif, le secteur économique, le secteur social et le secteur politique dispose en son article 20 que la fin de la transition est prévue pour le 7 février 2024. « […] Les signataires du présent Consensus conviennent que la période de transition englobera les nouvelles élections générales qui se tiendront en 2023 et l’entrée en fonction d’un Gouvernement nouvellement élu le 7 février 2023», peut-on y lire. Or, jusqu’à date, rien n’est encore fait par le neurochirurgien pour faciliter la mise en place des membres du Conseil Électoral Provisoire devant aboutir au lancement du processus électoral en Haïti.

D’un autre côté,  la Cheffe du Bureau Intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH), Maria Isabel Salvador, écarte toute possibilité de remplacer Ariel Henry par un autre pouvoir de transition. Selon la Cheffe du BINUH en Haïti, seule l’organisation d’élections démocratiques, transparentes et participatives peut aider Haïti à sortir d’une transition politique. « Mon opinion : Le seul chemin pour sortir d’une transition politique, ce sont des élections démocratiques, transparentes et participatives. On ne sort pas d’une transition par une nouvelle transition. Pour arriver à ces élections il faut d’abord garantir la sécurité », souligne-t-elle sur son compte X en précisant que ceux qui proposent une nouvelle transition ne font que s’éloigner des principes démocratiques, en voulant imposer leurs intérêts individuels en oubliant les intérêts de la population haïtienne. « Le peuple haïtien a le droit de voter, une fois que la situation sécuritaire est garantie », a-t-elle ajouté.

Toutefois, certains peuvent se demander comment un pouvoir qui n’est même pas capable de respecter un accord politique qu’il a signé avec ses partenaires peut inspirer confiance pour organiser des élections transparentes et inclusives dans un pays ?

Mirlande Manigat dément avoir reçu la liste des noms du CEP du gouvernement

Alors que les rumeurs font croire que le HCT aurait reçu de la Primature la liste des noms de personnalités pouvant figurer dans la liste des noms pour la formation du CEP, Mme Manigat pour sa part dément avoir reçu une telle liste venant de la Primature. « Je ne l’ai pas encore eue », affirme-t-elle de manière catégorique à l’agence d’information en ligne Gazette Haïti.

Le contexte actuel est-il favorable à l’organisation des élections ?

À en croire Ulysse Jean Chenet, le temps n’est pas à l’organisation des élections. Les élections ne sont pas l’urgence de l’heure et surtout, les élections sont toujours des vecteurs qui favorisent des crises dans le pays. « Il nous faut un gouvernement de consensus inclusif pour remplacer Ariel Henry au pouvoir et démanteler les gangs armés qui terrorisent la population haïtienne », martèle-t-il.

Des mises en garde

D’après M. Chenet, si on prend le risque d’organiser des élections dans le pays sans résoudre la crise politique, on ira tout droit vers une explosion sociale ou une guerre civile. « Il nous faut un consensus politique, à travers un grand congrès politique pour trouver un consensus largement large et mettre en place un Pacte de gouvernabilité d’abord, ensuite résoudre le problème de l’insécurité et l’organisation des élections viendra à la fin », a-t-il conclu.

Jackson Junior RINVIL

rjacksonjunior@yahoo.fr

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