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Le pouvoir d’achat des Haïtiens diminue considérablement

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Plusieurs semaines se sont écoulées depuis que la pénurie de carburant s’est déclarée en Haïti, rendant de plus en plus difficile le fonctionnement du pays. Les prix des produits de première nécessité sont revus à la hausse durant cette période de manière excessive, au grand désarroi des acheteurs et des vendeurs.

Banques, entreprises commerciales et financières, écoles, universités, tous les secteurs sont sur le point  de s’effondrer à cause du manque de carburant qui secoue l’équilibre du pays. Un équilibre déjà précaireavant la crise. Entre les véhicules roulant en nombre réduit, des institutions qui sont obligées de fonctionner trois jours par semaine, des écoles et universités qui fonctionnent de manière hybride (cours en ligne et en présentiel), le pays fonctionne au ralenti. Pourtant, la crise ne semble pas toucher à sa fin. Parallèlement au prix des transports qui grimpent de façon exponentielle, les produits alimentaires sont vendus au double et au triple de leurs prix d’avant cette pénurie. Pire, ils commencent à se faire rares.

« Je suis obligée d’augmenter le prix de la bière, et cela réduit le nombre de mes clients », témoigne Guerda, qui détient un bar. Elle déclare acheter la caisse de bière à 2100 gourdes alors qu’avant, elle lui en coûtait 1400 gourdes. Aussi, pour éviter la perte, elle vend l’unité à 125 gourdes au lieu des 75 gourdes qu’elle exigeait avant. « Beaucoup ne comprennent pas la situation alors que c’est elle qui m’oblige à augmenter mes prix puisque sur le marché, les prix des produits sont déconcertants », déplore-t-elle. 

De son côté, Laure, qui vend à Carrefour, se plaint aussi cette augmentation des prix. Riz, huile, les prix grimpent de manière imprévisible. « Le gros sac de riz est passé de 2250 gourdes à 2600 gourdes », affirme-t-elle. Les prix de vente du petit sac de riz, du bidon et de la ‘’boquite’’ d’huile ont, eux aussi, subi des augmentations. Toutefois, en plus de tout cela, Laure doit trouver les moyens de faire survivre son commerce malgré l’insécurité. « Je suis dans l’impossible de me rendre au centre-ville pour acheter en gros, je n’ai presque plus de commerce », explique-t-elle tristement. La situation régnant à Martissant met en jeu la pérennité de son commerce alors qu’elle en a besoin pour s’occuper de ses enfants. 

Si les prix augmentent facilement sur le marché, si la moindre crise affecte les coûts, le salaire des employés, quant à lui, ne bouge pas aussi facilement. Aussi, il devient difficile pour beaucoup de s’adapter à la situation. « En plus des coûts de transport qui sont parfois trois fois plus élevés, nous devons encore subir la hausse des prix quand il faut acheter les produits au marché », déplore une enseignante dont l’établissement où elle dispense ses cours ne fonctionne pas de manière hybride. 

Le pétrole étant un produit transversal,  la pénurie a des répercussions sur la vie quotidienne dans n’importe quel pays. Haïti n’échappe pas à cette règle. Aussi, la moindre variation des prix des produits pétroliers affecte le coût de la vie, en particulier les produits de première nécessité. C’est ainsi que Joe Guerrier, étudiant mémorant en Sciences Économiques à l’Université Notre-Dame d’Haïti (UNDH) présente la situation. Il ajoute aussi que le prix de transport représentant un coût direct pour le vendeur, s’il augmente, le prix de revient augmente lui aussi ; par conséquent, les vendeurs aussi se retrouvent à ajuster leurs prix en fonction du prix de revient des marchandises.

Il importe de souligner que plus de 4 millions d’Haïtiens se trouvent en situation d’insécurité alimentaire. La situation de ces derniers risque de s’aggraver dans les prochains mois en raison de la hausse du carburant sur le marché informel. 

Ketsia Sara DESPEIGNES

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