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Haïti-Environnement:quand la pénurie de carburant affecte l’environnement

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Beaucoup de secteurs du pays sont affectés par le manque de carburant. Absorbés par la crise, les citoyens comme les Autorités ne pensent même pas au paysage environnemental du pays qui dépérit. Pourtant, c’est aussi une victime de la situation qui voit augmenter la consommation des bouteilles en plastique et des sachets d’eau. La pollution s’accroît à un rythme effréné sans que personne ne s’en rende compte.

« Je consomme environs six bouteilles en plastique d’eau par jour », affirme Cassie, qui vit dans un appartement avec une autre camarade. Cette situation n’est pas seulement celle de Cassie. Elle est aussi celle de beaucoup de gens dans la capitale et ses environs qui commencent à souffrir du manque d’eau potable. En effet, la pénurie de carburant, affecte aussi les camions distributeurs d’eau potable qui ne peuvent pas desservir les abonnés. Une pénurie d’eau s’installe dans certains endroits de Port-au-Prince, avec le manque de carburant. 

Assoiffée, la population se tourne vers les vendeurs d’eau potable en sachets et en bidons, même si leurs prix évoluent de façon accélérée et incontrôlée. Aussi, la consommation de ces produits a augmenté ces derniers jours, ajoutant ses conséquences aux maux de l’environnement.

 « Chez moi, nous utilisions en moyenne 50 gourdes pour acheter de l’eau à boire », témoigne Fida qui a dû attendre plusieurs jours dans ces conditions avant qu’un camion finisse par alimenter la zone en eau potable. Ainsi, cette famille ajoutait à elle seule chaque jour 15 sachets en plastique sur le tas de déchets qui existait déjà. 

Pourtant, ce n’est plus un secret que ces produits prennent plusieurs centaines d’années avant de se dégrader dans l’environnement, ce qui ne cesse pas d’inquiéter les organismes dévoués à la cause de l’environnement haïtien. Se souciant de cela, le Groupe d’Action Francophone pour l’Environnement (GAFE) avait lancé une pétition en 2017, pour exiger à de l’État l’interdiction de produire, importer, commercialiser et utiliser des produits en styrofoam et en polystyrène dans le pays conformément à l’arrêté ministériel du 10 juillet 2013. Seulement, aucune structure n’a été créée et aucune mesure contraignante n’a été envisagée afin de rendre cette loi effective. 

Aussi, le pays continu à crouler sous le poids de ces produits que nous retrouvons un peu partout : par terre dans les rues, dans nos ravines, dans nos égouts et la mer. Avec la pénurie d’eau, consécutive au manque de carburant, résoudre le problème devient une question plus complexe. Aussi, Rochebrun Jonathan, le coordonnateur et responsable du développement de Réseau Vert, recommande en ce moment de crise le traitement de l’eau par des procédés plus simples comme le filtrage ou l’utilisation des produits comme Aquatab, afin de limiter la pollution par les matières plastiques. 

Selon Réseau Vert, ce moyen, en plus d’être bénéfique pour l’environnement, pourrait se révéler plus économique pour les ménages dont l’accès à l’eau potable est réduit. C’est exactement ce que fait Jocelyn et sa famille à Gressier. « Ne trouvant pas d’eau à acheter, nous filtrons l’eau du bassin. J’ai été étonné de constater qu’elle  est parfaitement buvable », témoigne le père de famille. 

La COP 26! 

Au milieu de toutes ces irresponsabilités, tout ce désordre et dans ce contexte particulièrement inquiétant, Haïti participe à la 26ème conférence sur le changement climatique (COP 26) qui se déroule à Glasgow en Écosse. Cette conférence, qui a débuté le 1er novembre 2021 et qui doit prendre fin ce 12 novembre 2021, fait partie des nombreux rendez-vous internationaux auxquels participe le pays pour manifester ensuite la même indifférence ou pour voter des lois qui ne font qu’allonger la liste de celles qui sont restées sans effets. 

Ainsi, le coordonnateur de Réseau Vert se montre incrédule quant à la participation du pays à cette conférence. Selon lui, que ce soit dans le Plan d’Adaptation Nationale (PMA) ou le Plan de Lutte Contre le Changement Climatique, nous sommes une entité qui ne cesse de présenter des perspectives, mais quand il s’agit de résultats, ils se font quasiment invisibles. « Si nous ne pouvons résoudre nos problèmes primaires, comment pouvons-nous espérer résoudre les plus graves et ceux du futur ? », déplore-t-il. 

Il serait bon de souligner que, parallèlement à ce problème, d’autres défis plus complexes sont à résoudre comme la Forêt des pins qui se meurt Cela concerne autant l’environnement qui ne cesse d’être pollué, que la santé des habitants du pays. 

Ketsia Sara Despeignes 

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