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Le règne du chaos!

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La suprématie des gangs en Haïti se confirme de jour en jour. Leurs exactions font monter la peur. Ils deviennent, pour l’heure, des groupes non maîtrisables. L’absence d’intervention de la Police nationale, prise entre impuissance et complaisance, augmente le scepticisme populaire.

La population est terrifiée. Les gens sont comme des réfugiés à l’intérieur même de leur pays. Les gangs mieux outillés que la police apparemment, pourchassent sans répit les paisibles citoyens. Pire, ils les massacrent, pillent leurs affaires et incendient leurs abris de fortune.

Les quartiers dépopularisés augmentent. L’État est plus que jamais soumis au défi . Tout a commencé à La Saline, s’est propagé avec Bel’Air et  s’aggrave avec Martissant et le Bas de Delmas. Même après les évènements de 2004, le quartier de Cité Soleil en ébullition n’avait pas vécu une migration pareille.

À La Saline, au bas de Delmas, à Cité Soleil en 2004 notamment, au Bel’Air, au niveau du village de Dieu, la dépopulation était partielle. À Martissant, aujourd’hui c’est le désert. Même le sous-commissariat qui s’y trouve  a été mis à sac. Dans la foulée, la PNH, l’exécutif et la présidence, comme pour tourner en dérision le peuple, annoncent incessamment des mesures de redressement.

Ce qu’il faut remarquer ces derniers jours, c’est que les bandits ne se dissimulent plus. Ils opèrent à visage découvert, s’exhibant dans des vidéos, revendiquent les forfaits et menaçant tous les secteurs. Le groupe G9 par exemple annonce des jours sombres pour le secteur bancaire, entre autres. Parallèlement, des gens d’une audace incomparable prétendent diriger on ne sait quoi. Un pays délabré, contrôlé en grande partie par des civils armés, dont les patrons seraient méconnus, dit-on.

Les conséquences de ce dérèglement et de cette tolérance coupable commencent à se faire sentir. Le pays est morcelé,  les gangs armés étendent leurs tentacules jusque dans des zones traditionnellement considérées comme des zones bourgeoises. Ils brandissent leurs armes aussi sur le secteur économique (boujwa yo). La situation sent mauvais. Personne n’est dorénavant à l’abri.  Sauf les dirigeants bien escortés et en sécurité qui croient échapper à l’enfer. Aucune inquiétude pour les hommes au pouvoir. Le pays, est-il  toujours « open for business », Monsieur l’État? Ou doit-on laisser le pays suivre son cours au rythme du slogan  » kite peyim mache »?

Vraisemblablement, seul le coronavirus n’est pas sous le contrôle des gangs qui tuent et désarment des policiers. Qui prennent d’assaut les commissariats de police, qui contrôlent de plus en plus de vastes territoires. Face à ce laxisme,  faut-il penser que l’État prépare le terrain à une éventuelle intervention étrangère sur le territoire nationale? Qu’en est-il du rapport de la mission de l’OEA en Haïti qui coïncidait avec cette chasse à l’homme à Martissant?

Bref, plusieurs centaines de gens contraints de quitter leurs maisons évoluent dans la promiscuité et la misère au Centre sportif de Carrefour. D’autres ayant fui la zone avec un ami, ont regagné leurs provinces, constituant une charge de plus pour leurs proches qui peinent à gérer leur propre quotidien. On signale dans plusieurs sections communales dont celles de Léogâne une forte présence d’inconnus armés venant troubler la paix des habitants. Dans un contexte pareil, ce que nous risquons à cause de l’irresponsabilité des hommes politiques est très peu prévisible.

Daniel Sévère

danielsevere1984@gmail.com

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