Le Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH) a interpellé, le 13 août 2025, le ministre des Travaux Publics, Transports et Communications, Raphaël Hosty, sur les vols commerciaux. L’organisation accuse Sunrise Airways, seule compagnie aérienne active en Haïti, de détenir un monopole favorisé par les autorités aéroportuaires, tandis que son dirigeant Pierre-Louis Philippe Bayard refuse toute ouverture à la concurrence.
Dans une lettre ouverte envoyée au ministre du MTPTC (Ministère des Travaux Publics, Transports et Communications), le RNDDH accuse Sunrise Airways de détenir un monopole en complicité avec les autorités aéroportuaires. Selon l’organisation, depuis 2024, « la Sunrise Airways détient le monopole des vols commerciaux en Haïti », résultat d’une volonté étatique d’attribuer le marché à une seule entreprise. Plusieurs transporteurs étrangers dénoncent leur impossibilité de desservir le pays. Pierre-Louis Philippe Bayard, fondateur de Sunrise, avait déclaré en juillet 2025 à Ayibopost être fermement opposé à l’ouverture du marché haïtien à une ligne aérienne en non-conformité avec la loi.
Le RNDDH rapporte de nombreuses plaintes de passagers concernant Sunrise Airways, dénonçant la « mauvaise qualité » du service. En cas de retard ou d’annulation, la compagnie ne fournit « aucune explication » ni assistance, laissant « c’est aux passagers de se débrouiller » pour réorganiser leur voyage. Les passagers critiquent la politique de bagages de Sunrise, qui impose 50 $ pour une deuxième valise et 2 $ par livre excédentaire. Le RNDDH dénonce une « manœuvre déplacée et malvenue d’extorquer l’argent des consommateurs », rendue possible par le monopole de la compagnie.
Le RNDDH critique aussi sévèrement l’Autorité Aéroportuaire Nationale (AAN). À l’aéroport du Cap-Haïtien, il souligne des conditions d’accueil indignes : « Aucune salle d’attente n’a été aménagée pour les passagers des vols domestiques », si bien que « c’est la pagaille dans l’espace réduit et dépourvu de sièges qui sert de salle d’attente » lors de retards fréquents. L’ONG pointe en outre des soupçons de corruption internes à l’AAN, en particulier liés à l’effacement de dettes de Sunrise par l’institution.
Par ailleurs, les vols de la compagnie IBC Airways qui devraient commencer mi-juillet, qui est encore dans l’impasse, illustrent la difficulté d’intégrer ce marché. Prévue pour juillet, sa liaison Cayes-Miami est restée bloquée faute d’autorisation (AAN). Malgré un vol test concluant, l’accord de l’OFNAC (Office national de l’aviation civile) et du régulateur américain, ainsi que la formation du personnel, la compagnie se heurte à un silence administratif. Selon son représentant Dimitri Fouchard, six correspondances adressées à l’AAN sont demeurées sans suite.
Face à cette situation, le RNDDH exhorte l’État haïtien à réguler le marché aérien et à ouvrir la concurrence. Il demande au ministre des Travaux publics de « prendre des mesures nécessaires afin de réguler le marché du transport commercial aérien et de l’ouvrir à d’autres lignes concurrentes ». Parallèlement, le RNDDH réclame des éclaircissements sur les dettes effacées de Sunrise, allant jusqu’à appeler à une enquête anti-corruption sur la gestion de l’AAN pendant le mandat de son directeur général.
La compagnie Sunrise nie formellement être responsable de ces blocages. Elle rappelle qu’elle n’a aucune autorité pour délivrer ou refuser des licences à d’autres transporteurs. Bayard a souligné que sa compagnie « ne peut ni autoriser, ni bloquer personne » dans l’aviation civile haïtienne, « la seule institution habilitée à prendre ces décisions n’est autre que l’OFNAC ». Selon Sunrise, les critiques de monopole sont donc infondées, l’octroi des droits de vol relevant exclusivement de l’OFNAC, affilié à l’OACI (Organisation internationale de l’aviation civile internationale).
Soulignons que le jeudi 14 août 2025, l’aéroport Antoine Simon des Cayes a accueilli son premier vol cargo de la compagnie IBC Airways en provenance de la Floride (USA).
Marie-Alla Clerville